Inaugurée à la mi-octobre, la murale met en valeur la diversité culturelle du quartier. On y voit des personnages qui dansent, qui s’enlacent ou qui partagent des repas, le tout enrobé dans des couleurs vives, sans oublier quelques éléments aquatiques, puisqu’il s’agit du mur de la piscine municipale.
«J’ai grandi ici, raconte Razan Tarifi, directrice artistique de la murale. Quand j’avais cinq ou six ans, ma mère m’emmenait à cette piscine; en sortant, on allait manger la manou’ché [galette libanaise].»
Sur ce petit tronçon de la rue Dudemaine, environ une quinzaine de commerces proposent des mets et services à saveur méditerranéenne, du Liban à la Palestine en passant par l’Arménie. À l’heure du midi, les jeunes des écoles secondaires Évangéline et La Dauversière déferlent sur la rue. Lorsqu’elle a joint le projet, il y a un an et demi, l’artiste visuelle voulait rendre hommage à ces moments de vie là : «Mon but, c’était de rester fidèle aux personnes que je voyais autour de moi et qui fréquentaient cet endroit.»
Un projet choral
Loin d’être l’œuvre d’une seule personne, le projet a été financé par le volet communautaire du programme d’art mural de la Ville de Montréal et s’appuie sur un processus de médiation communautaire. Un comité de 14 jeunes, âgés de 13 à 35 ans, a été créé pour travailler en étroite collaboration avec les commerçants locaux. Ils ont mené des sondages, rencontré les habitants et les propriétaires des commerces, et ont participé activement à toutes les étapes de création. Khammone Keo a aussi beaucoup contribué à la réalisation de ce projet, tant dans la conceptualisation numérique du dessin que dans la peinture du mur. «C’était important pour nous que ce projet vienne de la communauté elle-même, et non d’en haut», souligne Elie Abou-Jaoude, médiateur et coordinateur entre les jeunes, les artistes et la communauté. Il a lui-même grandi dans le quartier. Il est l’agent pivot de la table de Concertation Jeunesse de Bordeaux-Cartierville et chef d’orchestre du projet.
Mathéo, un jeune de 13 ans qui a suivi le projet depuis ses balbutiements jusqu’à son inauguration, garde un beau souvenir de l’expérience. Que ce soit en ce qui concerne le travail d’équipe ou la socialisation : «Je parle quatre langues, donc j’avais un avantage», explique-t-il, tout en confiant qu’il se faisait parfois offrir des jus ou des pâtisseries par les commerçants.
Les jeunes ont également acquis des compétences artistiques et sociales en collaborant avec des muralistes professionnels du collectif Tyxna. Le projet a permis de les sensibiliser à la création artistique, mais aussi de leur montrer comment une murale pouvait être un outil de revitalisation urbaine. «Ils ont vu tout le processus, depuis les premières esquisses jusqu’à la réalisation finale, et ont été valorisés pour leur travail. C’est quelque chose qu’ils pourront inscrire dans leur CV», ajoute Elie Abou-Jaoude.
Redynamiser le quartier
Initialement prévue pour orner le mur d’un commerce local, la murale a finalement trouvé sa place sur un édifice plus symbolique : la piscine municipale du parc Wilson-Marcelin. Elle a été inaugurée le 30 octobre dernier.
Devant celle-ci, une petite place permet d’accueillir des événements culturels. Le 25 mai dernier, le premier Festival Artistique jeunesse a d’ailleurs réuni la communauté autour de la culture et de la musique à quelques mètres de là. Les instigateurs du projet espèrent multiplier ce type d’initiative à l’avenir.
Déjà le Festival Artistique jeunesse 2.0 est programmé au printemps prochain. Pour revitaliser l’espace de la piscine, une programmation culturelle variée centrée sur les jeunes est prévue durant le printemps et l’été 2025, un peu comme à la Station Youville.
Cet article est tiré du numéro d’automne du Journal des voisins (version imprimée) dont le dossier principal est consacré à la sécurité à Ahunstic-Cartierville.
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