Véronique Dubé tond un mouton pour récupérer la laine jetée par les éleveurs.
(Photo : courtoisie)

La plupart de la laine tondue au Québec finit au dépotoir. L’Ahuntsicoise Véronique Dubé veut la revaloriser pour l’utiliser comme fertilisant en agriculture urbaine.

«Je tonds des moutons depuis presque trois ans. Je me déplace chez des éleveurs basés un peu partout autour de Montréal. C’est une habileté particulière pour laquelle il y a une pénurie de main-d’œuvre», explique Véronique Dubé. Cette dernière s’est mise à récupérer la laine jetée par les éleveurs. 

La compétition des fibres synthétiques, la baisse des prix de la laine et la production de pays comme la Nouvelle-Zélande découragent la réutilisation de la laine d’ici pour la fabrication textile. D’autant plus que les éleveurs produisent de la viande de consommation, et que la laine de ces races de moutons se prête mal à cette production, car elle est piquante et qu’on ne peut la porter directement sur la peau.

De plus, il n’existe pas d’infrastructure de traitement de la laine basée chez nous. Une lacune qu’entend remédier Véronique Dubé avec Lanolie, son entreprise en démarrage.

Sociofinancement pour démarrer Lanolie

Son projet fait l’objet d’une campagne de sociofinancement sur La Ruche, lancée début février, et qui se terminera à la Saint-Patrick, le 17 mars [NDLR : fête nationale de l’Irlande, pays des moutons!]. L’objectif est de récolter 6000 $. S’il est atteint, Recyc-Québec ajoutera 3000 $.

L’entrepreneure puisera aussi dans ses économies pour financer l’achat de machines qui serviront à déchiqueter la laine et la compresser en granules. Il s’agit d’un projet de 18 000 $. Au moment d’écrire ces lignes, la campagne avait atteint 27 % de son objectif.

Lanolie offrira ses granules aux agriculteurs urbains. «On les met dans ou sur le sol et elles servent de fertilisant naturel et graduel, explique Mme Dubé. Car la laine brute contient plusieurs produits, comme la lanoline, le suin et du fumier. De plus, elle repousse les escargots et les limaces, qui représentent un gros problème en agriculture urbaine. Et la laine augmente la rétention d’eau et la porosité du sol.»

En outre, les granules de laine sont riches en azote. En comparaison, les fertilisants riches en azote brûlent souvent les plantes à cause de trop grandes concentrations au moment de l’épandage. Les granules de laine, elles, relâchent leur azote lentement, ce qui représente un avantage indéniable en leur faveur.

Autre avantage du projet : les éleveurs doivent payer pour se débarrasser de la laine. Véronique Dubé espère un jour leur offrir un incitatif financier, comme une réduction sur le prix de la tonte.

Elle vise à lancer la production pour la prochaine saison horticole, au printemps. Les produits seraient vendus dans les boutiques Zéro déchet et pendant les événements tenus par le réseau Cultiver Montréal, comme la Fête des semences, qui avait lieu début février.

Image de moutons tirée de la vidéo de la campagne de sociofinancement de l’entreprise Lanolie de Véronique Dubé. (Photo : tirée du site https://laruchequebec.com/fr/projet/lanolie-amendement-local-et-naturel-pour-le-jardin)



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