Pour les musulmans pratiquants, le ramadan se termine dans quelques jours. Mois de jeûne du lever au coucher du soleil et de piété, il est aussi le mois d’un festival gastronomique durant lequel les gens se surpassent en cuisine, multipliant les plats les plus savoureux. Pour y arriver, il faut impérativement trouver les ingrédients pour réaliser ces recettes particulières.
Sur la rue Sauvé Est, non loin de l’avenue Papineau, c’est toujours avec le sourire que Hocine accueille ses clients. Sa boutique, le Marché BM, est une boucherie halal et une épicerie où se trouve tout ce qui se fait et se vend dans les pays du Maghreb.
Ce voyage de saveurs, d’odeurs et de couleurs emmène le client en Tunisie, en Algérie ou au Maroc, notamment durant le ramadan.
«Pour moi, quand je travaille dans mon magasin, je vis le ramadan de la même manière que chez moi en Tunisie», lance-t-il à la boutade.
Un mois et demi avant le début du ramadan, Hocine et son épouse commencent les préparatifs.
«Comme nous avons un petit magasin, nous n’avons pas assez d’espace pour stocker une grande quantité de produits», souligne-t-il. Toutefois, il est rare de ne pas trouver son bonheur sur les étagères de sa boutique.
«Depuis quatre ans, nous avons essayé plusieurs types de diouls [feuilles de bricks], mais celles de Tunisie sont les meilleures, assure-t-il. On en a ramené d’Algérie, du Maroc et même de Chine.»
On trouve chez lui aussi du frik, ces grains de blé dur récolté avant sa maturité et torréfié, qu’on ajoute dans les soupes. Il tient aussi toute sorte de pains traditionnels.
C’est le genre de produits typiques, largement demandés durant le ramadan, qui fait la particularité de ce commerce.
Il en va ainsi des dattes, la fameuse deglet nour d’Algérie. On en trouve des fraîches, chez Hocine. «Les habitants d’une maison sans dattes sont affamés», dit-il en arabe classique.
Autre produit très demandé, les viandes. Outre l’aspect halal, c’est aussi la qualité et les coupes qui sont recherchées.
«Les quantités de viandes sont plus importantes durant le ramadan, notamment l’agneau pour la chorba [soupe de légumes et de pois chiches typique du ramadan]», déclare-t-il.
Il propose aussi les produits manufacturés dans les pays d’Afrique du Nord, notamment les boissons gazeuses typiques.
Hocine dit apprécier de rencontrer beaucoup de gens avec la même culture et les mêmes habitudes culinaires. C’est ce qui a motivé son choix de s’installer dans le quartier.
Ahuntsic-Cartierville accueille une vingtaine de milliers de citoyens originaires d’Algérie, de Tunisie, du Maroc, de Syrie ou du Liban parmi ses 135 000 habitants. Selon le profil sociodémographique de l’arrondissement, 14 % des résidants se déclaraient musulmans en 2014.
Rencontres
Rassembler cette partie de la population et la faire connaître aux élus, c’est ce que le Centre communautaire laurentien et la mosquée Al Rawdah à Cartierville tentent de faire chaque ramadan.
Des iftars collectifs sont organisés. Il s’agit des repas pris tous les soirs au coucher du soleil. Lors de celui du 9 avril, la mairesse de l’arrondissement Emilie Thuillier a notamment publié des photos des plats proposés sur sa page Facebook.
Cette fois-là c’était de la cuisine des pays du Levant, commandée chez un traiteur.
«Nous avons organisé d’autres Iftars avec un menu marocain: harira, tajine, pastilla, etc.», précise Samer Elniz, directeur du centre communautaire.
Le ramadan offre l’occasion d’une rencontre autour d’un festin. Musulmans et non-musulmans sont invités à partager un repas.
«Pour les dix derniers jours de Ramadan, les iftars sont en majorité des dons des membres de la communauté. Donc nous avons des menus variés et diversifiés. Un mélange de plusieurs cultures», relève-t-il.
Une fête pour finir
Pour Meriem qui vient d’Algérie, au-delà des aspects religieux, la dimension gastronomique du ramadan, c’est ce qui rend le moment unique. Toutefois, cela se vit en groupes restreints.
«Il faut travailler la journée. Les enfants sont à l’école selon les horaires réguliers. Il y a peu de changement socialement. Le ramadan, nous le vivons avec la famille proche, les enfants ou les amis. De temps en temps, on les invite en fin de semaine», raconte-t-elle.
Cette mère de deux garçons et une fille avait du mal à charger ses marchandises dans sa voiture sur le stationnement du marché Adonis sur la rue Sauvé Ouest.
«J’ai surtout pris ce dont j’ai besoin pour faire des gâteaux», confie-t-elle.
Effectivement, à quelques jours de l’Aïd-El-Fitr, fête de la fin du ramadan, fruits secs, amandes et autres noix, miel ainsi que beurre rance qui entrent dans la préparation des gâteaux sont très recherchés.
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