Soccer filles Braves d'Ahuntsic
De gauche à droite, Lili-Anne D’Amours, Emma Proulx et Justine Hébert sur le terrain de soccer du parc Gabriel-Lalemant. (Photo: François Robert-Durand, JDV)

Le chemin qui mène au soccer pour les filles ne passe pas forcément par les matchs regardés à la télévision. Il ne passe pas non plus par l’admiration des grandes vedettes, hommes, du football européen. En tous les cas pas au club de soccer les Braves, à Ahuntsic. Cependant, si elles jouent longtemps durant leur jeune âge, les jeunes filles ont tendance à se tourner vers autre chose à l’adolescence.

Soccer Braves d'Ahuntsic
Lili-Anne D’Amours sur le terrain de soccer du parc Gabriel-Lalemant. (Photo: François Robert-Durand, JDV)

À 16 ans, Lili-Anne cumule 10 ans de pratique du soccer. Dix ans qu’elle tape dans un ballon et elle fait partie de ces exceptions qui n’ont pas l’intention de s’arrêter.

«Je pense qu’au début c’est juste mes parents qui voulaient me faire essayer plein de sport, puis finalement j’ai choisi le soccer», explique-t-elle.

La gymnastique, la natation et le ski de fond ne l’ont pas convaincue.

Est-ce que le soccer c’est aussi pour les filles? La question peut-être posée, mais elle est aujourd’hui, bien évidemment, dépassée.

«Je pense que tout le monde peut pratiquer n’importe quel sport, quel que soit son genre», dit Lili-Anne.

Quand on est enfant, le soccer c’est d’abord une occasion de rencontres et de jeu. Cela ne devient des performances et de la compétition que bien plus tard.

Soccer Braves d'Ahuntsic
Emma Proulx sur le terrain de soccer du parc Gabriel-Lalemant. (Photo: François Robert-Durand, JDV)

«Au début, j’étais juste avec mes amies. C’est cela que j’aimais», reconnaît Emma.

Du haut de ses 12 ans, elle cumule 6 ans chez les Braves.

«Après, j’ai découvert que le soccer ce n’était pas juste être avec ses amis, c’était aussi un sport», indique celle qui a choisi le poste de gardien de but, goaler.

«Emma a commencé à se développer comme goaler en clinique de gardien de but. Elle est vraiment excellente sur le terrain et c’est un rôle aussi très particulier», souligne Vicki Marcoux, responsable du soccer féminin aux Braves d’Ahuntsic.

L’aspect de groupe, de travail collectif, semble accrocher les jeunes athlètes qui d’ailleurs expliquent très bien leur vision des choses.

Soccer Braves d'Ahuntsic
Justine Hébert sur le terrain de soccer du parc Gabriel-Lalemant. (Photo: François Robert-Durand, JDV)

«J’aime que ce soit un sport d’équipe, parce que quand on est seul [individuel], j’ai l’impression il y a plus de pression sur soi. Mais quand on est plusieurs, la pression est un peu [répartie] sur tout le monde. Disons que même si on fait des erreurs, on sera toujours soutenue», croit Justine.

Âgée de 12 ans, elle fréquente le club depuis 8 ans. L’esprit d’équipe et de camaraderie est une des valeurs que les Braves inculquent à tous leurs sportifs.

S’affirmer

«C’est quelque chose qu’on apprend beaucoup chez les Braves, convient la coach Vicki Marcoux. Les filles sont ensemble et on les encourage toujours à avoir des cris d’équipe. On a même des danses d’équipe, maintenant.»

Il y a aussi la course à l’excellence, mais qui ne servirait pas uniquement l’équipe quand elle doit affronter des adversaires.

«On essaie de les pousser à se dépasser. Je pense que c’est bon que les filles deviennent tough, qu’elles prennent leur place; ça leur donne plus de confiance en elles. Cela fait partie du soccer. Souvent sur le terrain, on va leur dire “première sur le ballon. Allez-y, vous devez vouloir le ballon plus qu’une autre”», observe Mme Marcoux.

Mais au-delà de la discipline, des entraînements et de l’effort nécessaires dans les sports, le personnel d’encadrement assure travailler à maintenir une ambiance toujours agréable.

«On veut du plaisir, on veut vraiment qu’il y ait du fun. C’est pour cela qu’on leur donne un cadre où on sait qu’elles vont être avec leurs amies», relève Mme Marcoux.

Pour entretenir les liens, les activités peuvent déborder en dehors du terrain de soccer dans des activités de groupe conviviales.

L’événement «Viens jouer avec moi au féminin» a célébré le soccer féminin destiné aux joueuses de 9 à 12 ans.
Organisé le 7 mai avec le soutien de la banque de Montréal (BMO), il a accueilli 80 jeunes joueuses au parc Saint-Benoît.
Il était animé par des membres de l’équipe de soccer senior Montréal City FC, affiliée au Club des Braves d’Ahuntsic depuis 2021. Au cours d’ateliers de soccer et de conditionnement physique à l’aide de jeu de lumière interactif, les participantes ont pu découvrir l’importance de la condition physique dans la pratique du soccer et de développer leurs capacités athlétiques.

Tout ce travail vise essentiellement à donner aux filles l’envie de jouer le plus longtemps possible. «Mon objectif, c’est de me dire, je veux les garder un an de plus», lâche Mme Marcoux.

Le club compte 150 jeunes filles inscrites, sur un total de 1300 membres. Il affiche complet dans les catégories les plus jeunes; toutefois l’âge charnière demeure 12 ans.

«Le taux de décrochage à cet âge-là est de 80 %. Des filles de 13 ans qui veulent faire du sport, pour moi, c’est vraiment précieux», confie Vicki Marcoux. Maintenir le niveau de compétition même si on a moins d’inscrites est un défi.

«Pour aider cette année, les responsables de la région [Association régionale Concordia] ont autorisé que les équipes récréatives locales à partir de 13 ans jouent à 7 contre 7 au lieu de 11 contre 11. On pourra jouer même s’il y a moins de joueuses», convient la coach.

Cette solution arithmétique a permis de garder des jeunes filles sur le terrain. La saison se poursuit jusqu’en août sur tous les terrains d’Ahuntsic.

Rétention

La couverture médiatique quasi inexistante pour le soccer féminin rend difficile la visibilité des figures et des modèles pour les jeunes joueuses.

Ensuite des disparités totalement injustes font que la bonne volonté des entraîneurs et de la direction d’un club comme les Braves paraît bien insuffisante pour garder la flamme et l’envie de se donner sur le terrain.

«Nos joueuses canadiennes, je pense qu’elles mènent de beaux combats en ce moment pour l’équité salariale; c’est ça qui fait en sorte que ça va peut-être encourager certaines jeunes à avoir une carrière dans le soccer», note Mme Marcoux.

Les joueuses de l’équipe nationale canadienne ont revendiqué devant Soccer Canada l’application du même mode de rémunération que pour les joueurs. Si la convention collective est acceptée, elles devraient obtenir gain de cause.



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