Las de ne pas être bien informés sur les actualités de leur quartier, Christiane Dupont et Philippe Rachiele ont pris l’initiative de lancer un journal hyperlocal en 2012. Douze ans plus tard, celui qui jonglait avec les rôles d’éditeur, de webmestre, de directeur des ventes, de trésorier, de graphiste, de photographe et de débusqueur de nouvelles prend sa retraite.
D’origine italienne par son grand-père paternel, Philippe Rachiele a grandi à Pierrefonds, «où il fallait prendre l’auto pour aller acheter une pinte de lait», évoque-t-il. Celui qui avait hâte d’avoir une voiture à 16 ans, «parce qu’on est loin de tout, en banlieue», est déménagé à Ahuntsic-Cartierville – qui prend femme prend pays, dans son cas! – avec Christiane Dupont. La famille y élève quatre enfants et le paternel découvre une vie de quartier «où tout se fait à pied».
Si Philippe revient souvent sur ce changement de paradigme – la marche et le vélo ayant pris le dessus sur la voiture –, c’est qu’il a à cœur de se garder en forme et en santé, mais pas seulement… Il se soucie aussi beaucoup de l’environnement et du transport actif.
Réseautage
Entre les écoles des enfants, les commerces de proximité et l’animation auprès du Mouvement scout pendant 22 ans, Philippe élargit son réseau de connaissances dans la paroisse autour de l’école et de l’église Saint-André-Apôtre. Le voisinage se lie et les langues se délient. Les histoires familiales et les enjeux de quartier se partagent.
Autre capital de sympathie, la famille Dupont-Rachiele a un jeune chien fringant, Juanito, qu’il faut promener souvent et longtemps. C’est l’occasion de bien des rencontres forfuites sur le trottoir ou dans les parcs, dans un vaste périmètre autour de la maison. «Quand on a un chien, les gens s’approchent et on se met à discuter», évoque-t-il. Il surnomme ses amis canins, Juanito, puis Pax, ses «renifleurs de nouvelles».
Un constat s’impose: ce n’est pas dans les médias locaux de l’époque – le Courrier d’Ahuntsic, le Courrier de Bordeaux-Cartierville et le Journal d’Ahuntsic – que les résidents du coin se tiennent au courant de l’actualité qui les concerne. «Avec plus de 80 % de publicités entourant quelques textes, ces journaux ressemblaient davantage à des circulaires qu’à des médias d’information», lance Philippe.
Feuille de chou deviendra grande
À force d’écrire des lettres ouvertes dans les médias existants, de poser des questions sur les enjeux hyperlocaux des citoyens et de discuter avec le voisinage, Philippe, semi-retraité, et Christiane, journaliste, décident de lancer leur propre journal. On n’est jamais mieux servi que par soi-même, n’est-ce pas?
«Durant mes études en commerce à Sir George Williams, campus qui est maintenant intégré à l’Université Concordia, j’étais éditeur photographique du Georgian, notre journal étudiant, se rappelle-t-il. J’ai réalisé que je pouvais encore être utile pour un média et pour ma communauté, en lançant un journal avec Christiane.»
Le nom de cette publication «maison» de quatre pages – deux grandes feuilles pliées en deux –, reflète sa mission de média de proximité: le Journal des voisins! Philippe en est l’éditeur et Christiane, la rédactrice en chef. Les chroniqueurs sont des membres de la famille et des ami(e)s.
En juin 2012, la famille et son entourage distribuent donc cette «feuille de chou» de nouvelles locales aux 3000 portes du quartier autour de l’église Saint-André-Apôtre. Douze ans plus tard, en 2024, le Journal est imprimé à 48 000 exemplaires et est distribué dans tout l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville!
Philippe a numérisé tous les numéros depuis le premier et les a déposés en ligne. En plus du journal papier, longtemps appelé le Mag, qui paraît aux deux mois (six fois par année), s’ajoute le site Journaldesvoisins.com, le pendant électronique des nouvelles presque au quotidien (six jours par semaine).
Toujours à l’affût
Christiane Dupont a pris sa retraite en juin 2022, bien qu’elle ait quand même continué à produire des reportages jusqu’en 2023, par exemple cet article sur la Centrale agricole paru en avril 2023. Philippe Rachiele, toujours à l’affût de sujets et surtout de réponses, contribue encore au Journal des voisins par ses questionnements, ses idées et ses photos.
Au moment de cette entrevue, il venait de nous transmettre des photos pour le moins inquiétantes… Il s’indignait à la vue des planches des palissades de la patinoire démontée quelques jours plus tôt, aux clous saillants bien en évidence, au parc-école Saint-André-Apôtre.
«Est-ce normal de laisser traîner des planches après leur démontage le vendredi et de ne pas les avoir encore ramassées le lundi? Avec la neige qui les a recouvertes durant la fin de semaine, c’est encore plus dangereux de se blesser sur les clous, moins visibles», déplore Philippe.
Il partage régulièrement ce type de préoccupation avec l’équipe du JDV, tout comme ses inquiétudes vis-à-vis de la pollution sonore (causée par les avions en descente vers l’aéroport de Dorval) et bien d’autres intérêts, très souvent liées au transport actif et à la sécurité routière. En plus de suggérer régulièrement des sujets, Philippe est la mémoire et l’archive ambulante de notre média. Il connaît sur le bout des doigts la teneur des articles parus depuis 2012. Pratique, si on veut savoir si on a déjà traité de tel ou tel sujet!
Retraite active
On s’en doute: Philippe, soixantaine avancée, fait plus jeune que son âge. Il n’a pas fini d’arpenter les rues de son quartier à pied et à vélo. Un de ses circuits de prédilection, en compagnie de son chien Pax, est de monter la rue Clark jusqu’au parc Nicolas-Viel, de longer la rivière des Prairies jusqu’au pavillon du Parcours Gouin, de descendre vers le parc Ahuntsic, puis de revenir vers la rue Clark par la rue Prieur. «On est chanceux d’avoir tous ces beaux coins de nature dans l’arrondissement», s’enthousiasme-t-il, évoquant aussi son plaisir à observer les oiseaux.
Amateur de randonnée pédestre – il a entre autres parcouru les Rocheuses canadiennes et américaines, ainsi que le Grand Canyon, hors des sentiers battus –, Philippe pratique aussi le patin, le vélo (son mode de transport de prédilection), le ski de fond et, à l’occasion, la raquette.
Christiane et Philippe ayant acheté un chalet dans le Bas-du-Fleuve, ils font la navette entre la ville et la campagne, réduisant leur présence dans Ahuntsic-Cartierville. «C’est avec un pincement de cœur que je serai moins présent au Journal», annonçait le nouveau retraité la veille de la fête surprise que les membres du conseil d’administration et les employés du Journal des voisins lui ont organisée, le jeudi 14 mars.
Philippe Rachiele sera toujours le bienvenu comme «membre honoraire» de l’équipe, fournissant idées de sujets, photos et conseils. Sa contribution continuera à enrichir le contenu des articles de ce média maintes fois primé depuis sa fondation en 2012.
PHOTOREPORTAGE de la fête surprise pour la retraite de Philippe Rachiele. Faites défiler les photos en cliquant sur la flèche pour voir la galerie d’images:
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Bonne retraite Philippe! Tu vas voir, c’est une belle époque dans notre vie et c’est autrement qu’on continue à s’engager dans notre coin!
Ce fut toujours un plaisir de vous côtoyer, toi et Christiane! Profitez des beaux jours qui arrivent.
Une retraite bien méritée pour ce couple engagé qui a tant donné pour notre arrondissement. Une bel exemple d’implication qui doit nous inspirer. Merci .
Très fière de prendre ton/votre relais pour porter ce projet encore plus loin et plus profondément à la fois.