Au cours d’une visite organisée le 26 avril, les partenaires du projet rue-école Saint-Benoît ont révélé les premiers résultats de la recherche menée sur cette opération s’inscrivant dans le programme Changer les règles du jeu. L’initiative fait déjà des émules ailleurs à Montréal!
Depuis plus d’un an, le vendredi soir entre 15 et 16 h, une portion de l’avenue du Mont-Cassin se métamorphose : la rue-école Saint-Benoît se transforme en terrain de jeux et de rencontres. Le concept de rue-école repose sur une mesure a priori simple : proscrire la circulation automobile dans une rue située aux abords immédiats d’une école pendant une durée de 15 à 90 minutes, aux horaires d’arrivée et de départ des écoliers.
Les différents partenaires de ce projet, à savoir la Ville, l’École de santé publique de l’Université de Montréal et le Centre d’écologie urbaine, ont ainsi dévoilé, le 26 avril, quelques statistiques sur les bienfaits du dispositif.
«Cette opération permet à la fois d’agrandir l’espace de jeu des enfants et, par ailleurs, de le sécuriser, se réjouit Catherine Pépin, agente de développement à la Division des sports et des loisirs de la mairie de Montréal. De plus, leurs parents en profitent pour se rencontrer et pour échanger.»
Rue-école : plusieurs partenaires
Bien entendu, cet espace propice aux jeux et aux rencontres n’a rien de spontané. D’une part, l’information relative à sa mise en place a largement été diffusée auprès des parents par le corps enseignant, entre autres. Des dépliants ont également été distribués aux riverains et aux automobilistes du secteur, en amont de l’opération. D’autre part, cette expérience découle d’un plan de recherche-intervention, développé conjointement par Katherine Frohlich, professeure titulaire au Département de médecine sociale et préventive de l’École de santé publique de l’Université de Montréal et par le Centre d’écologie urbaine. En outre, cette initiative a été rendue possible par l’implication des bénévoles sur le terrain qui sécurisent la zone.
«Après plusieurs mois de mise en œuvre, nous constatons plusieurs effets bénéfiques, notamment en termes de mobilité indépendante de la part des écoliers, révèle Katherine Frohlich. De plus, la rue-école «consolide la communauté des voisins et raffermit à la fois les liens entre les élèves quel que soit leur âge et aussi entre les résidents et la communauté pédagogique», insiste la chercheuse.
Denis Boivin, le directeur de l’école Saint-Benoît confirme l’enthousiasme général : «Même lorsque l’heure est passée, les élèves veulent rester dans la rue-école!»
Selon lui, les données sont probantes, car désormais une partie non négligeable des 350 élèves que compte l’école «arrive en trottinette les vendredis, ce qui influe positivement sur le sentiment de sécurité», assure-t-il. De fait, les résultats de la recherche en cours montrent que les enfants venant à l’école en voiture les jours de rue-école sont moins nombreux, soit une diminution de 10,7 % comparativement aux autres jours de la semaine.
«Je reçois des appels de directeurs d’autres établissements scolaires qui veulent vivre la même expérience», témoigne-t-il encore.
D’autres bienfaits sont évoqués, comme l’expression de la part des élèves d’un fort sentiment de liberté. Certains ont même expliqué venir plus tôt le matin pour jouer avant le début des cours.
Si le directeur considère, de son côté, que l’opération favorise la réussite scolaire, les résultats recueillis par la chercheuse ne le confirment pas à ce stade. Katherine Frohlich note, pour sa part, «plus d’autonomie», un effet sur la sociabilisation et sur la circulation automobile, «les élèves sont mieux intégrés» et «les enfants adorent être ici, ils se sentent libres».
Un projet qui fait des émules…
«Ce projet-action sera répliqué ailleurs, informe de son côté Nathalie Goulet, conseillère municipale du district d’Ahuntsic. Nous croyons à la sécurisation des abords des écoles et puis les enfants sont des citoyens à part entière. Ils doivent se sentir bien dans leur ville.»
L’élue atteste aussi que «la régularité de ce moment “magique” créé du lien social.» «Des organismes comme Pause Famille travaillant avec des personnes immigrantes interviennent sur ce site et viennent à la rencontre des parents», ajoute-t-elle.
En tout cas, cette rue-école semble déjà faire des émules ailleurs au Québec, mais semble-t-il à Montréal également, notamment dans l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, aux dires des bénévoles présents sur le site, vendredi dernier.
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