Alexandre D’Amour-Surprenant, un des anges gardiens de Cynthia Gilbert, intervenante en immigration au Carrefour d’aide aux nouveaux arrivants (CANA). (Photo : Marie-Hélène Paradis / JDV)

Il est difficile de trouver un logement à un prix modique. Alors, imaginez si vous arriviez d’un pays où rien ne fonctionne comme ici et qu’en plus vous ne parliez pas la langue. Ce qui nous paraît simple peut devenir un cauchemar pour les nouveaux arrivants.

Les demandeurs d’asile et les nouveaux arrivants en général vivent eux aussi le cauchemar de la pénurie de logements. Ils arrivent surtout de l’Afrique de l’Ouest, notamment du Ghana, du Nigeria, du Kenya, de la Tanzanie ou de la République démocratique du Congo. En arrivant, ils sont logés au PRAIDA (Programme régional d’accueil et d’intégration des demandeurs d’asile), au YMCA ou dans des hôtels. Ils doivent rapidement se trouver un logement qu’ils paieront avec l’allocation qu’ils reçoivent.

Cynthia Gilbert, intervenante en immigration auprès des demandeurs d’asile au Carrefour d’aide aux nouveaux arrivants (CANA) donne chaque semaine de l’information à un minimum de 30 nouveaux arrivants qui ont le statut de demandeurs d’asile. « Nous leur montrons comment fonctionne le système locatif au Québec, les lois et les responsabilités en tant que locataire, mais aussi celles du propriétaire. »

Séances d’information
Des séances d’information ont lieu régulièrement pour donner des indications aux demandeurs d’asile sur des sujets qui peuvent paraître anodins, afin qu’ils s’acclimatent doucement à la réalité du Québec. « J’inclus dans mes séances d’information des choses aussi simples que comment laver le plancher, car ici les maisons sont faites en bois tandis qu’en Afrique elles sont en ciment », raconte Cynthia Gilbert.

Les préjugés des propriétaires
Les préjugés sont encore très présents chez les propriétaires. Certains ont eu de mauvaises expériences, un appartement mal entretenu ou saccagé, ou ont entendu dire que la location à cette clientèle était problématique. L’enquête de crédit, non réalisable pour un nouvel arrivant, inquiète aussi les propriétaires tout comme le fait que les demandeurs d’asile n’ont pas encore de travail.

« J’essaie de faire des appels à des propriétaires pour les convaincre de rencontrer les gens, leur expliquer qu’ils sont encadrés. Je leur confirme que leur statut est légal, qu’ils ont la permission d’être ici. J’explique qui est la famille, qu’ils sont en attente de permis de travail et qu’ils disposent d’un revenu garanti du gouvernement pour payer le loyer. J’offre aussi une lettre que je signe et qui présente les locataires aux propriétaires. Ils sont rassurés ainsi. »

Les anges gardiens des demandeurs d’asile
Quelques propriétaires appellent le CANA quand ils ont un appartement libre. Cynthia les appelle ses anges gardiens. Des propriétaires donnent de l’information à leurs locataires afin qu’ils dénichent de la nourriture moins chère. Certains font le tour des épiceries et vont livrer les achats. D’autres aident à trouver des emplois, ou louent des chambres propres et bien aménagées à des personnes seules. « Certaines personnes ont le cœur sur la main. »

Alexandre D’Amour-Surprenant est l’un des « anges gardiens ». « J’ai vécu en Chine pendant mes études et je comprends la difficulté de vivre quand on est un étranger et que l’on doit s’adapter. » En plus de louer ses propres appartements, d’aider ses locataires à trouver du travail, il désigne d’autres propriétaires au CANA lorsqu’il n’a plus de logements à louer. Il a même prêté de l’argent pour que l’une de ses locataires puisse suivre une formation. Il a plusieurs belles histoires à raconter qui témoignent de la gentillesse et de la reconnaissance que manifestent les personnes qu’il aide.

Des solutions innovantes
Il est possible de minimiser les conséquences du manque de logements. Avec, par exemple, cette clinique de bénévoles bientôt mise en place pour aider à la recherche de logements. Selon l’intervenante du CANA, hormis la construction de logements et la sensibilisation, la création d’un fonds visant à couvrir les deux ou trois premiers mois de loyer serait aussi une bonne garantie pour les propriétaires et un soulagement pour les nouveaux arrivants.

Cet article est tiré du numéro d’été du Journal des voisins (version imprimée) dont le dossier principal est consacré au logement.



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4 Mois

Y a pas de logement pour les Québécois encore moins pour les demandeurs d’asile….

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