SCRI membres
Saleh Mohamed Younous, Santiago Palacio et Roxana Quicano, employés du SCRI devant l’entrée de leur nouvel immeuble. Photo: JDV / Amine Esseghir

Des logements pour immigrants vulnérables, mais aussi beaucoup de services. C’est la vocation du projet immobilier Miracle Lajeunesse du SCRI, récemment réalisé sur la rue Lajeunesse.

Une nouvelle friperie sur la rue Lajeunesse vient à peine d’ouvrir. Elle appartient au Service communautaire pour réfugiés et immigrants (SCRI).

«Nous vendons essentiellement des produits neufs», souligne Angelica Retamozo, qui travaille dans la boutique. Ce sont des fins de série, des stocks morts ou des articles dont les commerçants ne veulent plus. Ils sont cédés à des prix intéressants et font le bonheur de ceux qui en ont le plus besoin.

La friperie accueille tout le monde. Elle est aussi la dernière étape dans l’installation du SCRI dans ses nouveaux locaux.

Le projet entier s’appelle Miracle Lajeunesse. Situé au 8790, rue Lajeunesse, il offre d’abord douze studios pour personnes vulnérables, mais aussi des salles d’activités et de cours, des bureaux pour le SCRI et bien entendu une friperie.

Le SCRI s’appelait Centre Scalabrini pour réfugiés et immigrants et était abrité durant 15 ans dans un local attenant à l’église Santa-Rita, sur la rue Sauriol. Un avis d’éviction avait été émis en 2017 alors que les propriétaires — la communauté religieuse des Scalabriniens — voulaient construire des condos.

À cette époque, le SCRI offrait 10 logements pour femmes seules dans les lieux.

Puis, ce fut un long moment d’errance. L’organisme qui prête assistance aux personnes à risque d’itinérance se retrouvait lui même sans abri.

Des locaux et des sous-sols d’église loués avant que le projet sur la rue Lajeunesse ne voie le jour. La réalisation de ces logements est une solution structurante pour l’organisme.

À partir du moment où l’organisme commence à investir, il opte pour mettre de l’argent dans les activités au lieu de le mettre dans les locations. L’œuvre de l’organisme se poursuit malgré les embûches.

Processus difficile

Les travaux de transformation du vieil immeuble ont été lancés en septembre, l’année passée. Miracle Lajeunesse est d’abord un refuge pour femmes seules ou avec un enfant, elles occupent la moitié des logements.

Puis, ce sont des personnes seules immigrantes sur le point de se retrouver à vivre dans la rue qui en bénéficient. Un des studios est réservé à une personne handicapée autonome.

Avec un financement de départ de la Ville de Montréal de 3,4 M$, les coûts ont vite explosé. Il a fallu alors faire des acrobaties comptables pour pouvoir terminer le chantier.

Le SCRI décide d’aller chercher un prêt de 1,5 M$ auprès de Desjardins pour achever le travail.

Un prêt que l’organisme souhaite voir éponger par la Ville. Le processus est en cours.

SCRI Mediatrice Iradukunda
Mediatrice Iradukunda dans son logement de Miracle Lajeunesse. Photo : JDV / Amine Esseghir

Les douze logements que propose le SCRI sont une bouffée d’oxygène pour des gens qui auraient du mal à se trouver un toit sur le marché. Elles et ils bénéficient tous de loyers subventionnés. Leur résidence est un répit sur le chemin de leur stabilité.

Mediatrice Iradukunda qui est arrivée de son Burundi natal il y a six ans au Québec passait d’une colocation à une autre.

«C’était très cher et déstabilisant», se souvient-elle. Elle occupe depuis juillet son studio sur la Jeunesse, complètement équipé, propre et lumineux.

«Je suis très heureuse ici», confie-t-elle, en souriant.

Le SCRI rattrape ceux qui trébuchent et les aide à se relever. Le logement est essentiel dans un processus d’intégration.

Aider tout le monde

Le SCRI tend aussi une main secourable à ceux qui viennent d’ailleurs et veulent apprendre la langue du pays. La modestie de la grande salle réservée à l’enseignement cache en fait un énorme engagement. L’organisme offre des cours de français qu’il finance sur ses fonds propres depuis 25 ans.

«Un groupe, c’est 15 à 20 étudiants», avise Saleh Mohamed Younous, coordinateur pour la francisation. Il y a actuellement trois enseignants pour trois groupes. Les sessions de formation sont de 10 semaines à raison de 45 $ par session. Une modeste contribution demandée aux apprenants alors que l’organisme recrute les enseignants et les rémunère.

Le SCRI voudrait ajouter des cours d’informatique et d’anglais pour ceux qui en ont besoin.

Porter assistance aux immigrants et réfugiés, c’est aussi les aider à se mouvoir dans différentes sphères sociales ou de santé.

«Nous faisons des ateliers d’accompagnement en santé mentale. Il y a des gens qui viennent de se séparer, ils ont besoin de connaître leurs droits et briser leur isolement», énumère Roxana Quicano, coordinatrice des services, qui a pris les rênes de l’organisme récemment. Le SCRI aide en fait les gens à se déplacer dans le labyrinthe administratif.

«Nous faisons des interventions pour la CNESST ou l’aide sociale», ajoute Mme Quicano.

Et il faut aussi trouver des emplois à des personnes qui ne veulent que travailler. Il ne suffit pas de les aider à rédiger un curriculum vitae selon le modèle canadien ou québécois. Le SCRI a décidé aussi d’aller chercher des emplois en région signant des ententes avec des entreprises et soutenir les employés quand ils doivent déménager loin de Montréal. Tous ces services sont disponibles pour tous ceux qui en ont besoin.

Il reste que ce qui semble faire la vocation du SCRI, le logement, occupe beaucoup les esprits et les énergies. Un projet de logements collectifs, en collaboration avec Solon, est sur la table. Un bloc de 80 logements est aussi en projet sur le site de l’écoquartier Louvain.

SCRI, 8790, rue Lajeunesse. Friperie, 8782 rue Lajeunesse, à deux minutes de marche du métro Crémazie.

Ce reportage a été réalisé en novembre 2024 alors que Miguel Arevalo était directeur du SCRI. Il a quitté son poste depuis.



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