Personnes à vélo sur Henri-Bourassa pollution
Des personnes à vélo sur Henri-Bourassa. Photo : Philippe Rachiele / JDV

Un lecteur inquiet pour sa santé après avoir pédalé sur le boulevard Henri-Bourassa, au cœur du trafic montréalais, s’est posé une question simple : faire du vélo au milieu des voitures et des camions à l’heure de pointe est-il dangereux pour la santé pulmonaire ?

Sur les grandes artères de Montréal, les cyclistes côtoient chaque jour des files ininterrompues de voitures, camions et autobus. Le boulevard Henri-Bourassa en est un bon exemple. Un lecteur a voulu savoir si pédaler à cet endroit, où une piste cyclable longe la route, pouvait nuire à sa santé.

«Pour ma part, je préfère de loin circuler sur la piste cyclable Gouin qui est à une minute de celle du REV sur Henri-Bourassa pour des considérations de santé, de quiétude et de sécurité», confie-t-il.

La question est légitime. Frédéric Bataille, porte-parole d’Ahuncycle, un groupe citoyen très actif dans la promotion du vélo dans l’arrondissement tempère les inquiétudes :

«Il y a de la pollution en ville, mais il n’y a pas beaucoup de différences entre une artère ou une rue locale. C’est plus important quand on suit de près un camion ou une automobile sans catalyseur.»

M. Bataille reconnaît qu’il n’est pas spécialiste.

«Le gain sur la santé, quand on fait du vélo, est plus grand que la pollution, que ce soit celle des gaz d’échappement ou des microparticules», rappelle-t-il toutefois.

Montréal, une ville pas si polluée ?
Heure de pointe Henri-Bourassa pollution.
Trafic sur le boulevard Henri-Bourassa à l’heure de pointe de l’après-midi. Photo: JDV/Benoît Dosseh.

Pour aller plus loin, le Journal des Voisins (JDV) a interrogé Alec Bass. Il est professeur adjoint à l’École de réadaptation de l’Université de Montréal et chercheur au Centre Jean-Jacques-Gauthier, à Ahuntsic, dépendant du CIUSSS du Nord-de-l’île-de-Montréal.

«On est très peu exposé à de la pollution à Montréal. En moyenne, on a une exposition qui est moins que la moitié de ce qui est considéré à risque par l’Organisation mondiale de la santé», dit-il en entrevue.

Selon lui, les vents favorables sur l’île et la faible concentration industrielle expliquent cette relative clémence atmosphérique.

«Cela fait que dans tous les cas, on n’a pas véritablement d’enjeu de santé si l’on se balade au milieu du trafic», note M. Bass.

Des zones plus polluées que d’autres
Trafic Henri-Bourassa pollution
Trafic sur le boulevard Henri-Bourassa à l’heure de pointe de l’après-midi. Photo: JDV/Benoît Dosseh.

Mais attention, tout n’est pas si simple. La pollution reste inégale selon les lieux et les moments de la journée.

«Si je suis à côté de la 40, il y a beaucoup de pollution. Ça va toucher le cycliste qui est là, mais ça va aussi toucher le piéton, ça va toucher les personnes qui travaillent», souligne Alec Bass.

«Une des différences entre le cycliste et le piéton, ou une personne dans une auto, c’est qu’il respire plus fort, parce qu’il fait un exercice physique. Il rentre plus d’air dans ses poumons», observe le spécialiste.

Le type de piste cyclable est un autre facteur à considérer. Une voie protégée réduit sensiblement l’exposition.

« Sur une voie cyclable qui est sur la rue, avec une rue partagée, où je suis vraiment à proximité des autos, je vais être exposé plus que si je suis sur une voie qui est séparée, même comme sur Saint-Denis. Le simple fait d’avoir une séparation augmente la distance entre le cycliste et l’auto.»

Ne pas sous-estimer le bruit

La pollution sonore joue elle aussi un rôle important sur le bien-être du cycliste.

«On sous-estime souvent le bruit, mais le fait d’être dans un environnement bruyant, cela fait pomper le cœur plus fort, parce que c’est stressant », explique M. Bass.

Quand notre cœur pompe plus fort nous respirons plus fort aussi ce qui peut donner une impression d’essoufflement qui n’est pas lié aux émanations.

«Même s’ils sont habitués, les cyclistes ne perçoivent pas nécessairement la cause de l’essoufflement, c’est juste une réponse physiologique. »

Plus de bénéfices que de risques

Malgré tout, l’impact global du vélo sur la santé reste largement positif. M. Bass a consulté plusieurs études menées aux Pays-Bas, pays où la culture cycliste est profondément ancrée.

«Quand tu prends ton vélo, tu es plus actif physiquement, et cela a des effets positifs sur la santé. Aux Pays-Bas, ils ont estimé que les personnes qui prenaient le vélo de façon régulière gagnaient entre 3 et 14 mois de vie. Presque un an de vie, associé au fait d’être plus actif. »

Ainsi, si la pollution est bien présente en ville, son impact sur les cyclistes demeure très inférieur aux bénéfices liés à l’activité physique.

Il vaut mieux néanmoins privilégier les pistes cyclables protégées, s’éloigner des grands axes quand c’est possible et éviter les heures de pointe.

Finalement, choisir entre vélo et voiture, même au milieu du trafic, ce serait choisir entre se rapprocher un peu plus de la longévité et s’éloigner un peu plus du stationnement.



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