(Photo : Philippe Rachiele, JDV)
La mairesse Émilie Thuillier prenant la parole lors de la cérémonie. (Photo: jdv P. Rachiele)

Un grand projet de construction d’un nouveau siège social  pour le Centre d’appui aux communautés immigrantes (CACI) dans Cartierville a pris son envol jeudi 16 août, avec une première pelletée de terre symbolique par les politiciens du territoire, les officiels de l’organisme, autres représentants et bailleur de fonds. Une représentante de la Congrégation des Sœurs de la Providence était également présente à cette cérémonie; cette congrégation a contribué à mettre sur pied le CACI à l’origine. Si tout va comme prévu, les quelque 35 employés de la boîte pourront y accueillir leurs clientèles dans une vingtaine de nouveaux locaux dès l’été prochain. Toutefois, la cérémonie préparée au quart de tour et à laquelle ont assisté employés et quelques curieux du voisinage a connu une fausse note. Récit.

Alors que les discours des ministres Mélanie Joly, Christine St-Pierre, et de la mairesse Émilie Thuillier prenaient fin et que tous les officiels se préparaient à se déplacer pour procéder à la pelletée de terre symbolique, une résidante de l’édifice d’à coté, Pauline Carignan, s’est pointée au micro et a lancé un pavé dans la mare:

«Je n’étais pas invitée… Mais je représente les 12 copropriétaires qui sont dans l’immeuble ici en arrière, qui n’ont pas été invités et qui n’ont pas été consultés. Ça fait depuis 20 ans qu’on est là et qu’on paye des taxes. Et on va se retrouver avec ça en pleine face, et avec moins de soleil!», a déclaré avec aplomb la résidante généralement connue pour ses positions raisonnables et ses commentaires pertinents qu’elle présente régulièrement aux élus du conseil d’arrondissement.

À droite, l’édifice qui sera démoli pour faire place au nouveau siège social du CACI, et à gauche, l’édifice à condominiums dont sont propriétaires 12 citoyens du secteur. (Photo: jdv P. Rachiele)

Pauline Carignan habite un condominium à un jet de pierre d’où le nouveau siège social du CACI sera construit, celui avec les balcons blancs que l’on aperçoit sur la photo. À l’heure actuelle, le local qui sera démoli pour laisser place au futur siège social est d’une hauteur d’environ un étage, soit environ trois de moins que l’édifice projeté par le CACI. Toutefois, l’arrondissement, par l’entremise de la conseillère du district de Bordeaux-Cartierville, Effie Giannou, a certifié par courriel à la résidante que tout était conforme dans la demande de permis du CACI pour la future construction.

Un projet mûrement réfléchi 

Le CACI existe depuis 25 ans et depuis 10 ans, la direction travaillait avec acharnement au projet de ce nouveau siège social, a affirmé la directrice générale du CACI, Anaït Aleksanian, en entrevue avec journaldesvoisins.com.

«Ce changement était rendu nécessaire, a poursuivi Mme Aleksanian, car nous sommes à l’étroit dans nos locaux actuels.»

En effet, les locaux actuels du CACI rue de Salaberry sont rendus trop exigus pour les besoins des nombreuses clientèles qui fréquentent l’OBNL, lequel joue un rôle majeur dans l’accueil aux immigrants du territoire depuis sa fondation, et encore plus au cours des dernières années.

Bien que le CACI soit propriétaire de ses locaux actuels, le temps était venu de voir plus grand.

«Nous nous sommes renseignés auprès d’un centre commercial du voisinage et le loyer nous aurait coûté aux environs de 500 000 $ annuellement», a signalé la directrice générale.

L’OBNL a donc décidé de monter un projet d’édifice dont il serait le propriétaire et s’est adressé à la Caisse d’économie solidaire Desjardins pour financer son hypothèque.

Chaleureux et accueillant

Les travaux sont sur le point de commencer…et il faut se préparer! La directrice générale du CACI, Anaït Aleksanian, se prépare à mettre son casque pour la cérémonie officielle. (Photo: jdv P. Rachiele)

Outre les discours des politiciens, Anaït Aleksanian avait mentionné durant son discours que le CACI voulait un immeuble à l’image de l’organisme, chaleureux et accueillant. Ce qu’elle a répété en entrevue au journaldesvoisins.com.

Car le CACI se doit d’être accueillant, lui qui reçoit chaque année 15 000 nouveaux arrivants dans ses locaux, que ce soit pour  leur accueil et leur intégration à la société québécoise, les démarches de francisation, l’aide à l’emploi, du soutien psychosocial, et de nombreux autres services.

« Je suis désolée de cette situation«, a-t-elle indiqué, se référant à l’intervention de Mme Carignan, résidante que le CACI connaît et estime. «Honnêtement, il s’agit d’une annonce symbolique et nous n’avons pas pensé inviter les voisins de cet édifice, pas plus que ceux d’un duplex situé à proximité. Nous n’avons d’ailleurs invité aucun résidant du voisinage», a-t-elle ajouté.

Le futur CACI

La directrice générale du CACI explique que l’OBNL a reçu moult courriels et appels de félicitations pour ce futur projet de construction de leur siège social, qui embellira à coup sûr le secteur, lui ont fait savoir plusieurs autres résidants du quartier.

Outre les bureaux et les locaux de classe, l’édifice de plusieurs étages, soit l’équivalent de cinq étages incluant un rez-de chaussée, sera multifonctionnel, avec un important vitrage pour laisser entrer la lumière, et un toit vert. Le bâtiment contiendra une halte-garderie, une cafétéria, un bistro culturel accessible à la communauté, ainsi qu’une salle de conférence pouvant recevoir plus de 400 personnes.

L’organisme Carrefour Blé qui soutient les immigrants désirant s’installer en région aura aussi ses bureaux sur place. L’immeuble pourra accueillir également d’autres organismes communautaires qui pourront emprunter les lieux de façon ponctuelle pour de brèves réunions, par exemple.

Sur le terrain, au quotidien, l’équipe des employés accueille les nouveaux arrivants en français, anglais, arabe, arménien, espagnol, créole, chinois, russe et en bien d’autres langues, nous apprend le site Web de l’OBNL.

Des voisins qui s’estiment oubliés

De son côté, Pauline Carignan est propriétaire depuis 1999 d’un des 12 condominiums dans l’édifice dont la clôture jouxtera à 10 pieds à peine l’arrière du nouvel édifice du CACI. Elle fera face à mur, dit-elle, depuis son condo qui,  est un bel endroit où elle comptait finir ses jours, a-t-elle ajouté en entrevue téléphonique avec journaldesvoisins.com.

«J’y ai mis du coeur et investi de l’argent pour rendre les lieux encore plus confortables et agréables», précise-t-elle.

Outre le fait que Pauline Carignan et certains des propriétaires des condos avoisinants estiment avoir été oubliés dans toute cette histoire, la résidante reproche également à l’organisme d’avoir procédé à cette première pelletée de terre durant les vacances d’été.

«Je n’en reviens pas, dit-elle. Comme proprio, on est mis devant le fait accompli. Comment se fait-il qu’on peut être dépouillé comme ça?», a-t-elle lancé, amère.

Pauline Carignan souhaite que les instigateurs du projet retournent à leur table à dessin, comme l’a fait la direction de l’Institut Pacifique sur le boulevard Gouin Est, en 2016, pour rendre plus acceptable son projet d’agrandissement aux citoyens du secteur du Sault-au-Récollet qui l’avaient contesté, jugeant que leur projet d’agrandissement était démesuré et peu conforme au tissu urbain du secteur.

Pour l’instant, toutefois, il ne semble pas cela soit dans les plans du CACI dont les efforts actuels de l’équipe visent, selon la directrice générale, à réduire les coûts de construction qui pourraient s’établir entre 8 M $ et 10 M$.

«J’aimerais que tout le monde soit content de notre initiative, a-t-elle dit, car nous avons aussi pensé ce projet pour l’ensemble de la communauté du territoire et nous avons travaillé très fort», a ajouté la directrice générale.

Pour en savoir plus sur le CACI, cliquez ici.

Maquette du futur siège social du CACI au 12049 boul. Laurentien coin Périnault (Courtoisie)

 

Quelques minutes avant la première pelletée de terre. De g. à dr.: Yves Gibeau, directeur général Caisse Desjardins de Bois-Franc-Bordeaux-Cartierville ; Bernard N’dour, président du conseil d’administration du Carrefour BLE ; Marwah Rizqy, fiscaliste, et candidate du Parti libéral du Québec dans la circonscription de St-Laurent ; Éric Gervais, sous-ministre adjoint du ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion et cofondateur du CACI; Émilie Thuillier, mairesse de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville ; Mélanie Joly, députée fédérale d’Ahuntsic ; Anaït Aleksanian, directrice générale du CACI (avec le casque); Christine St-Pierre, députée de la circonscription Acadie, et ministre des Relations internationales ; Effie Giannou, conseillère de ville, district de Bordeaux-Cartierville; Soeur Claire Houde, supérieure provinciale des Sœurs de la Providence ; André Gagnière, représentant du conseil d’administration du CACI. (Photo: jdv P. Rachiele)



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