Un coyote atteint de la galle sarcoptique a été aperçu en janvier et en février dernier dans les environs du parc Frédéric-Back. Si la Ville dit suivre le dossier, elle ne peut agir qu’en cas de comportements agressifs.
Par courriel, la Ville-centre affirme avoir reçu 200 signalements sur l’animal en question dans un secteur d’environ 25 km couvrant un territoire allant de l’autoroute métropolitaine jusqu’à la rivière des Prairies. Le coyote est reconnaissable grâce à sa queue dégarnie et sa démarche boiteuse.
« La Ville suit avec attention les signalements et les comportements de coyotes dans ce secteur. À l’heure actuelle, il n’y a pas eu de signalements de comportements agressifs », écrit Gabrielle Fontaine-Giroux, relationniste pour la Ville de Montréal.
Selon la Ville, le coyote en question serait atteint de la gale sarcoptique, une maladie parasitaire caractérisée par une perte de poils ainsi qu’une présence de plaies pouvant causer des infections bactériennes.
Joint par téléphone, un professeur titulaire en santé de la faune de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal confirme également le diagnostic. Il précise toutefois que la claudication n’est pas due à la maladie.
« La perte de poils autour de la queue, c’est quand même assez caractéristique de la gale sarcoptique […] Au Québec, on voit ça surtout chez les renards et les coyotes », indique Stéphane Lair.
Les symptômes de la galle sarcoptique peuvent parfois être mortels chez l’animal, souligne M. Lair.
« Les animaux vont avoir un déficit calorique parce qu’ils ne sont pas capables de s’alimenter pour maintenir leur température corporelle. Et ils vont perdre du poids », ajoute-t-il.
Selon lui, la transmission du pathogène d’un animal à l’autre agit comme un cycle naturel dans la densité d’une population.
« Il y a des maladies qui sont plus fréquentes quand la densité de la population est élevée», explique le professeur Lair. «À cause des mortalités, la population va diminuer et arriver sous un seuil où le parasite se transmet moins bien »,
Éviter les contacts directs
La galle sarcoptique se transmet chez les chiens et les humains par contacts directs avec l’animal touché. Selon Stéphane Lair, des traitements vétérinaires peuvent facilement éliminer les mites, qui ne survivent pas à l’extérieur de leur hôte.
« Un chien qui va inspecter un terrier peut aussi être infecté sans être en contact avec l’animal, rajoute-t-il.Mais habituellement, c’est par contact direct. Il ne faut pas laisser les chiens se promener tout seuls. »
Pour les humains, les symptômes sont moins sévères et disparaissent d’ici quelques jours. Selon Mme Fontaine-Giroux, tenir son chien en laisse éliminerait le risque de contamination.
« La galle sarcoptique d’origine animale n’entraîne que de très légers symptômes sous forme de démangeaisons et l’apparition de petits boutons aux zones de contact avec l’animal contaminé, le plus souvent aux avant-bras », déclare-t-elle.
Ne pas (trop) intervenir
En se basant sur les autres pratiques nord-américaines ainsi que sur des connaissances sur le coyote, la Ville s’est donné un Plan de gestion pour favoriser la coexistence avec les coyotes en milieu urbain, jugés essentiels pour l’écosystème .
Ainsi, seuls les comportements agressifs ou problématiques justifient des interventions plus directes (capture et euthanasie)
« Dans le cadre de ces interventions, le Ministère de la Faune, des Forêts et des Parcs est responsable de la disposition des coyotes capturés, il a notamment la responsabilité d’évaluer leur état de santé », indique Mme Fontaine-Giroux.
Bien qu’un coyote agressif atteint de la même maladie avait été euthanasié en mai dernier, il est impossible d’établir un lien entre la galle sarcoptique et une plus grande agressivité selon le professeur Lair.
« C’est sûr qu’un animal qui est affamé peut approcher les gens un peu plus et sera peut être plus aventurier, mais il ne sera pas nécessairement agressif », affirme-t-il.
D’après Stéphane Lair, la galle n’est pas une menace sérieuse actuellement pour la population de coyotes de l’île de Montréal.
« On intervient quand la maladie est associée à une diminution de la biodiversité. Quand il n’y a pas de problème de conservation, il n’y a pas de raison d’intervenir»,souligne-t-il.
Stéphane Lair, pense également qu’il faut d’abord s’inquiéter du sort de la population entière plutôt que s’apitoyer sur la mort d’un seul individu.
« Ça fait partie de la nature, mentionne-t-il. Souvent, on a une vision très romantique des animaux sauvages. La vie d’un animal sauvage, ce n’est pas du tout romantique. Ce n’est pas comme dans les films. »
Les citoyens peuvent signaler leurs observations à la ligne info-coyote (438 872-COYO [2696] ) ou sur le site de la Ville de Montréal établi à cette fin.
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