La forte hausse des cas de COVID-19 exerce une pression importante sur le réseau de la santé, d’autant plus que le nombre de travailleurs de la santé infectés a connu une forte hausse.
Les autorités de santé publique étaient sur le pied d’alerte hier lors d’une conférence de presse sur la situation épidémiologique de Montréal. C’est qu’en plus d’avoir constaté une augmentation marquée des cas depuis deux semaines, la métropole a déclaré jeudi un sommet de près de 650 cas quotidiens, dont 48 ont été rapportés dans Ahuntsic-Cartierville.
Une situation inquiétante
« C’est une situation qui est préoccupante », souligne la directrice de la santé publique de Montréal, la docteure Mylène Drouin.
Avec un taux de positivité moyen de 7 % à Montréal et un taux de reproduction du virus à 1,37, elle dit s’attendre à ce que les cas continuent d’augmenter dans les prochains jours.
Selon des informations fournies au Journaldesvoisins.com par la Direction régionale de la santé publique (DRSP) de Montréal, le taux de positivité dans l’arrondissement est monté à 7,7 % la semaine dernière.
Soulignant que « certains quartiers sont plus chauds », dont Bordeaux-Cartierville, la directrice de la santé publique s’inquiète par ailleurs d’observer « une tendance à la hausse à peu près dans l’ensemble des quartiers montréalais ».
L’augmentation se fait par ailleurs sentir dans tous les groupes d’âge, à l’exception notable du groupe d’âges de 65 à 84 ans, mais les taux d’incidence sont beaucoup plus élevés chez les enfants d’âge scolaire et les 85 ans et plus.
« C’est clair qu’on va voir plus d’éclosions », prédit la docteure Drouin qui appelle les Montréalais à redoubler d’efforts pour réduire leurs contacts, notamment en évitant les déplacements non essentiels.
Malgré une importante progression des éclosions en milieu scolaire, en services de garde et dans les milieux de travail, la santé publique se dit satisfaite de voir que la plupart de ces éclosions demeurent de petite envergure.
« Là où c’est le plus préoccupant, c’est vraiment le nombre d’éclosions dans les milieux de soins et, plus spécifiquement, dans les milieux de soins et de vie [pour] aînés », indique la docteure Drouin qui souligne que la moitié des éclosions en CHLSD et en RPA sont des éclosions de grande taille.
C’est le cas notamment au CHSLD St-Joseph-de-la-Providence qui comptait 13 cas actifs en date du 9 décembre.
Hausse des hospitalisations
Les éclosions en milieu de soins surviennent alors que les hospitalisations sont en hausse dans le réseau.
« C’est une augmentation extrêmement importante depuis les dernières semaines », souligne Sonia Bélanger, PDG du Centre intégré de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal et représentante du centre de commandement de la santé à Montréal.
Le nombre d’hospitalisations liées à la COVID a franchi la barre de 200 cas à la fin novembre et approche rapidement du cap de 300 cas.
Cette tendance à la hausse s’observe aussi localement, le nombre d’hospitalisations à l’unité COVID de l’hôpital Sacré-Cœur étant passé de 15 à 24 entre la mi-novembre et le 9 décembre, soit une augmentation de 60 % depuis quatre semaines.
« C’est une croissance qui s’accélère quotidiennement », souligne Sonia Bélanger qui se dit préoccupée de la pression supplémentaire que cette hausse exerce sur le réseau à l’approche du temps des Fêtes.
Délestage en vue
Pour faire face à une augmentation appréhendée des hospitalisations dans les jours et les semaines à venir, qui risquent de dépasser rapidement la capacité actuelle de 350 lits pour des patients atteints de la COVID, le réseau de la santé entend procéder à un délestage.
« Chaque établissement réorganise actuellement ses plateaux techniques, notamment ses blocs opératoires », indique la représentante du centre de commandement montréalais qui évoque, notamment, le report de chirurgies non urgentes.
Le CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal confirme procéder à un délestage des activités de chirurgie, mais n’est pas en mesure d’indiquer précisément combien de patients verront leurs rendez-vous reportés.
« Il est impossible de déterminer le nombre de personnes qui seraient touchées, car notre plan prévoit plusieurs scénarios différents qui seraient appliqués selon l’évolution de la situation épidémiologique. Le délestage variera graduellement selon les besoins », fait savoir Séléna Champagne, porte-parole du CIUSSS du Nord. « Une rencontre quotidienne permet d’identifier quels cas doivent être priorisés et quels cas moins urgents peuvent être reportés », précise-t-elle.
Sonia Bélanger précise que le délestage ne concerne pas les salles d’urgence qui continuent à fonctionner normalement, c’est-à-dire à plein régime. Selon Index Santé, l’urgence de l’hôpital Fleury affichait un taux d’occupation très élevé (122 %), celle de Sacré-Cœur un taux élevé (89 %) vendredi avant-midi. Seuls l’hôpital Jean-Talon et le Pavillon Albert-Prévost affichaient des taux normaux aux urgences, soit de 77 % et 54 % respectivement.
Des centaines de travailleurs de la santé infectés
Bien que ce niveau d’activité élevé dans les salles d’urgence soit assez courant à cette période de l’année, le réseau est d’autant plus fragile qu’il doit traiter un nombre croissant de cas de COVID.
« À cela s’ajoute le fait que nous avons aussi de plus en plus d’employés dans le réseau de la santé qui sont touchés par la COVID-19 », fait valoir Sonia Bélanger.
Pas moins de 334 employés ont été diagnostiqué positifs cette semaine, une hausse de 100 cas par rapport à la semaine précédente.
Selon des données fournies par la DRSP au JDV, le nombre de travailleurs de la santé infectés par la COVID-19 à Ahuntsic-Cartierville a atteint 687, soit 33 de plus que la semaine dernière. Au 5 décembre, il y avait un total de 173 cas actifs parmi le personnel de la santé d’Ahuntsic-Cartierville, indique la DRSP.
Le CIUSSS n’a pas été en mesure de nous indiquer combien de cas sont liés aux multiples éclosions survenues récemment dans les établissements d’Ahuntsic-Cartierville.
« Dans un contexte de transmission communautaire, il est impossible de confirmer la source de contagion chez nos employés », indique Séléna Champagne qui précise que le CIUSSS compte plus de 12 500 employés.
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