Au moment du retour des élèves sur les bancs d’école, début janvier, le gouvernement du Québec annonçait qu’il ne recommandait pas l’installation de purificateurs d’air dans les salles de classe. C’est une décision que la majorité des intervenants, dont le Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM), respecte et applique, mais qui en laisse d’autres sceptiques et mécontents. Le débat est important puisque la COVID-19 se transmet entre autres par aérosols, des particules fines en suspension dans l’air. Tour d’horizon pour Ahuntsic-Cartierville, notamment.
Recommandations du MSSS
Dans son rapport Ventilation et transmission de la COVID-19 en milieu scolaire et en milieu de soins, le groupe d’experts multidisciplinaires mandaté par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a émis plusieurs recommandations.
Il n’a pas recommandé l’installation de dispositifs de filtration mobiles (purificateurs d’air mobiles) dans les classes pour différentes raisons.
Premièrement, selon Marie-Louise Harvey, responsable des relations avec les médias pour le MSSS, l’efficacité des purificateurs d’air pour contrer la transmission de maladies par aérosols ne serait pas démontrée à ce jour.
Ensuite, leur efficacité serait réduite dans une grande pièce, comme une classe, où les sources de particules potentiellement infectieuses sont diffuses ou éloignées.
De plus, il y aurait un risque d’une utilisation inappropriée qui pourrait générer un flux d’air porteur d’aérosols.
Enfin, le bruit que les purificateurs produisent pourrait être nuisible à la concentration des élèves.
Le groupe d’experts mandaté par le MSSS recommande plutôt la mise en place d’une série d’autres mesures pour diminuer les risques de transmission, comme d’éviter, si possible, d’utiliser les locaux mal ventilés comme salles de classe.
« Si des locaux mal ventilés devaient être quand même utilisés, il faut y respecter les consignes sanitaires (ex : port du masque/couvre-visage, distanciation physique), diminuer significativement le nombre de personnes dans le local et enfin, évaluer la possibilité d’installer un appareil mobile d’extraction d’air ou un échangeur d’air pour augmenter l’apport d’air frais », explique Marie-Louise Harvey.
De manière générale, dans les locaux qui peuvent offrir une bonne aération naturelle, par l’ouverture de fenêtres et de portes, le groupe d’experts recommande d’ouvrir, si possible, les fenêtres et les portes 30 minutes avant le début des classes et 30 minutes après les classes, de mettre en place une routine pour s’assurer de la fermeture de toutes les fenêtres après l’aération quotidienne des classes, de laisser les portes des salles de classe ouvertes le plus souvent possible et de profiter des périodes entre les cours pour ouvrir les fenêtres au maximum et les portes pendant environ 5 minutes.
Plusieurs suivent les consignes
Suivant les consignes ministérielles, le Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) ne possède pas de purificateurs d’air dans ses écoles, indique Alain Perron, responsable des relations de presse au CSSDM. En principe, donc, les écoles publiques situées sur le territoire d’Ahuntsic-Cartierville ne disposent pas de purificateurs d’air. Sauf erreur.
Les mêmes recommandations s’appliquent aux écoles privées.
À Ahuntsic-Cartierville, le Collège Mont-Saint-Louis, par exemple, n’a pas fait l’achat de purificateurs d’air.
Tel que prescrit par le MSSS, le Collège aère ses classes de manière naturelle en ouvrant les fenêtres.
Des purificateurs à Regina Assumpta
Ce ne sont pas, par contre, toutes les écoles privées qui suivent les recommandations du gouvernement.
Durant le temps des Fêtes, le Collège Regina Assumpta, situé sur Sauriol dans Ahuntsic-Cartierville, a fait l’acquisition de purificateurs d’air portables qui ont été ajoutés dans 36 classes sur un nombre total de 62. Les 36 locaux identifiés sont situés dans la vieille partie du Collège (bâtiment original) où la ventilation n’est pas optimale.
Marie-France Coutu, responsable du secrétariat du Collège, précise que « ces purificateurs doivent être perçus uniquement comme une mesure complémentaire et ne se substituent pas aux autres mesures comme la distanciation, le port du masque et l’entrée d’air frais par l’ouverture d’une fenêtre dans la classe ».
Le Collège Regina Assumpta ne serait pas le seul établissement scolaire à utiliser des purificateurs d’air dans ses salles de classe.
LA CSEM maintient sa décision
Pour sa part, le conseil des commissaires de la Commission scolaire English-Montréal (CSEM) a approuvé un plan visant l’installation d’environ 800 purificateurs d’air dans tous ses bâtiments non dotés d’un système de ventilation mécanique. Malgré les informations communiquées par la Direction de la santé publique du Québec selon lesquelles l’installation de ventilateurs d’air portables dans les salles de classe n’est pas recommandée, la CSEM maintient sa décision de procéder à l’installation de cet équipement dans 30 de ses bâtiments.
Joe Ortona, le président de la CSEM, estime qu’il y a un manque de cohérence dans les recommandations du MSSS.
« Le gouvernement ne peut pas prétendre que les purificateurs d’air ne fonctionnent pas », affirme-t-il.
La CSEM maintient donc sa position et continue d’aller de l’avant avec l’installation des purificateurs d’air qui est maintenant presque finie.
« Le gouvernement s’est trompé beaucoup trop souvent durant la pandémie », affirme le président de la commission scolaire, faisant référence notamment à la consigne du début de la pandémie ne recommandant pas le port du masque, pour finalement changer de discours et le rendre obligatoire pour tous.
Joe Ortona croit donc que l’installation des purificateurs d’air est cruciale pour la santé et la sécurité des élèves et du personnel des écoles de la CSEM.
Le MSSS indique que si, exceptionnellement, une école souhaite installer des purificateurs, elle doit obligatoirement avoir l’autorisation d’experts en la matière membres d’un ordre professionnel.
Joe Ortona estime pour sa part qu’il est trop tard pour demander des autorisations, mais il assure que les purificateurs sont installés dans les règles de l’art dans les écoles de sa commission scolaire.
Avec des partis d’opposition et d’autres groupes d’experts, en plus de la CSEM, qui remettent en question les recommandations du gouvernement du Québec, la question des purificateurs d’air n’est finalement pas encore close.
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J’ai un beau-frère qui travaille dans le domaine de la ventilation depuis plus de 25 ans et qui émet lui-aussi des réserves sur l’efficacité des purificateurs d’air pour cette application.