Précisons tout de suite; le titre indique seulement la période pendant laquelle j’ai eu le plaisir de lire cet ouvrage. Vous pouvez en profiter en toutes saisons. (ndlr: La première partie de cette capsule a été publiée ici, il y a quelques jours).

Nos Oiseaux – Éric Dupont et Mathilde Cinq-Mars – Éditions Marchand de feuilles – Quatrième trimestre 2020.

L’auteur, Éric Dupont, plonge dans ses souvenirs de l’enfance à l’âge adulte, pour nous présenter une série de courts textes sur une quarantaine d’oiseaux qu’il classe en huit groupes distincts. Successivement, nous voyons défiler Les disparus, Les mignons, Les magnifiques, Ceux que l’on mange, Les grandes voix, Les ténébreux, Les maritimes, et Les barbotteurs.

Voyons ce qu’il dit pour l’Oriole de Baltimore.

Ma fascination pour l’oriole vient d’une frustration d’enfant. En Gaspésie, j’observais des espèces rares dans le sud du Québec, comme le petit pingouin et d’autres oiseaux maritimes. Cependant, certains oiseaux hésitaient à s’aventurer si loin au nord et demeuraient plus communs dans le sud du Québec. Souvent, c’étaient des oiseaux très colorés comme l’oriole. Je trouvais que c’était injuste. Il parait qu’ils sont aujourd’hui plus nombreux en Gaspésie, où il neige moins qu’avant, et que de toute manière, ils étaient là aussi à l’époque. On me dit qu’il aurait fallu que je cherche un peu plus.

Et il continue à décrire l’oriole qui fait partie de son chapitre Les magnifiques.

Cette frustration, il n’est pas seul à l’avoir ressentie; je me souviens d’avoir longuement contemplé en début d’adolescence mon guide Peterson[i] et m’être demandé quand j’aurais la chance de pouvoir observer ces beaux volatiles colorés comme la Paruline à collier, le Jaseur boréal, le Grand-Duc, l’Avocette, et tant d’autres! Et tout comme pour l’auteur, ce « manque à gagner » était en partie autant dû à mon manque de persévérance et de sens de l’observation qu’à ma position géographique.

Mais revenons au livre. Chaque texte est magnifiquement illustré d’une aquarelle originale de Mathilde Cinq-Mars, ce qui fait de cet ouvrage un plaisir autant pour les yeux que pour l’esprit. Ces illustrations ont un petit côté ludique, car elles incorporent un ou plusieurs éléments empruntés du texte ou inspirés de celui-ci. Ces textes sont courts et le traitement de chaque sujet ne tient que sur une page, celle de gauche, et sur la page de droite on y trouve l’illustration pertinente.

Voici un autre exemple de cette prose :

Tu te promènes dans un petit boisé le soir. Soudainement, un chant descend de la cime des conifères. On dirait une flûte de verre. C’est un son pur comme un rayon de lune avec une pointe de nostalgie assumée.

Ça se laisse lire comme on déguste un morceau de chocolat; on est comblé, mais triste quand c’est fini.

Le ton employé varie selon l’espèce décrite; de narration historique pour Les disparus, il passe aux souvenirs d’enfance, à la joie de la découverte, et aussi parfois à un dialogue comme celui avec l’Urubu bien que dans ce cas il s’agit plutôt d’un quasi-monologue tant cet oiseau prend le dessus de la conversation.

Cet ouvrage vise les jeunes comme lectorat cible, mais, j’en suis la preuve, les moins jeunes y prendront aussi plaisir. C’est un excellent cadeau à offrir à un enfant à qui on voudrait insuffler un intérêt pour l’ornithologie et pour l’observation de la nature en général.

 

NDLR Cette capsule ornithologique a également été publiée dans le mag papier de février 2021.

[i] A Field Guide to the Birds – Roger Tory Peterson -The Riverside Press, Thirtieth Impression, January 1963.



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Alain Renaud
Alain Renaud
3 Années

Bravo Jean! Indépendamment de l’intérêt de cet article-ci, je ne savais pas que tu en avais déjà 65 autres 😉

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