Le secteur de la future gare du REM Bois-Franc est un désastre du point de vue cycliste. Et ça ne changera pas de sitôt.
Alors qu’avance rapidement le chantier de la gare Bois-Franc du REM, il est trop tard pour espérer des changements quant à sa conception. Une fois le chantier terminé, il sera impossible de traverser la voie ferrée en pédalant en toute sécurité sur une voie cyclable en site propre (séparée du trafic motorisé).
Pire, le passage à niveau piétonnier et cycliste, qui permettait de traverser la voie ferrée à la hauteur du boul. Cousineau, a disparu. Et l’aménagement proposé par le REM, qui aboutissait sur un stationnement aménagé du côté de l’arrondissement de Saint-Laurent, a été jugé irrecevable du point de vue de la sécurité par la Ville de Montréal.
Le plan de la station prévoit un aménagement cyclable du côté de Cartierville, à partir du boulevard Keller, entre Marcel-Laurin et Cousineau, où aboutit la piste cyclable qui longe les voies jusqu’au boulevard Toupin (et éventuellement au parc-nature de Bois-de-Liesse.)
Pour les cyclistes qui arrivent de l’est et qui ne vont pas au REM, ils devront traverser sur le trottoir avec les piétons à Grenet ou Marcel-Laurin et rouler sur Henri-Bourassa. Trajet qui sera considéré comme trop ardu par plusieurs pour se rendre à l’épicerie IGA qui est située au sud de la gare.
Un vieux problème
Pour un cycliste, traverser la voie ferrée dans le secteur Marcel-Laurin et Grenet n’a jamais été de tout repos. La majorité utilise les trottoirs qui sont identifiés pour un partage entre les piétons et cyclistes, mais cela est embêtant pour les deux types d’usagers. L’administration du maire Denis Coderre avait lancé d’importants travaux de réfection pour améliorer cet environnement peu attrayant et dominé par le trafic motorisé de transit.
« C’est un endroit où les autorités ont clairement manqué le bateau, analyse Antoine Malo, porte-parole d’Ahuncyle, un groupe de défense du transport actif. On a refait les voies de Marcel-Laurin et de Laurentien-Lachapelle sans aucune consultation publique. Il y a eu zéro effort pour implanter une voie cyclable dans ce secteur névralgique. »
Pourtant, ce secteur est stratégique pour une personne qui pédale jusqu’à son travail. Il fait le lien entre Laval, Cartierville et Saint-Laurent. Quand le REM ouvrira, plusieurs de ses utilisateurs, Montréalais et banlieusards, se rendront à ses gares à vélo, y compris à Bois-Franc. La ligne orange du métro sera éventuellement prolongée jusqu’à cette gare. S’y rendre à vélo de manière sécuritaire tombe sous le sens.
« On n’a pas tenu compte des réalités du partage des voies publiques entre autos, piétons et cyclistes, reprend M. Malo. On a de très larges et beaux trottoirs, dans un site où il y avait assez de place pour aménager une voie cyclable. Dans une optique de réduction des GES et de transport durable, c’est raté. »
M. Malo espère qu’on percera éventuellement un tunnel cyclable dans les environs de la future gare du REM, qui demeurera une barrière à la pratique du vélo.
« Les gens vont continuer à se rabattre vers la voiture par manque de sentiment de sécurité, ajoute-t-il. Il est pourtant encore possible de modifier le site… »
Trop tard
« Le réaménagement de Marcel-Laurin/Lachapelle était entamé lorsque nous avons été élus, il y a quatre ans, explique Émilie Thuillier, mairesse de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville. C’était trop tard pour introduire une piste cyclable sécuritaire. Ce projet était piloté par la Ville-centre et non l’arrondissement. Cette situation illustre clairement qu’il faut savoir choisir ses élus si on veut faire avancer la cause d’une ville à échelle humaine. »
Un porte-parole du REM nous a expliqué qu’il n’était pas trop tard pour modifier les approches de la gare et y ajouter un tunnel cyclable. Une demande en bonne et due forme de tunnel cyclable a été transmise au REM par l’arrondissement de Saint-Laurent, mais pas par l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, a-t-il précisé.
« Montréal a demandé et insisté sur l’occasion unique de reconstruire le viaduc Marcel-Laurin, afin d’intégrer un lien cyclable nord-sud en site propre, convivial et sécuritaire, et poursuivre ainsi l’effort de réaménagement réalisé depuis déjà plusieurs années dans le secteur Laurentien-Lachapelle, un chantier majeur de réaménagement de la Ville de Montréal. Cette demande a été refusée par (le) REM », nous a écrit Marilyne Laroche Corbeil, porte-parole de la Ville de Montréal.
Mme Thuillier ajoute que quand on implante un réseau de transport en commun, on modifie l’urbanisme, surtout autour des gares, ce qui transforme les milieux de vie.
« On est en désaccord depuis le début quant à la gare Bois-Franc, dit-elle. Mais les gens derrière le REM ont beaucoup de pouvoir. Au moins, un peu plus loin, le REM passera en aérien à O’Brien, qui deviendra une rue comme les autres, avec une voie cyclable. »
Signalons qu’un tunnel cyclable est prévu à la gare du Ruisseau, 1,4 kilomètre à l’est.
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“Sous le viaduc de la rue Grenet, la signalisation permet aux cyclistes de rouler sur le trottoir avec les piétons” -> C’est faux. C’est une obligation de rouler sur le trottoir, et donc une interdiction de rouler dans la rue.
Merci d’avoir souligné cette inexactitude. La correction a été effectuée.