Attendu depuis plusieurs années, ce projet se concrétise et change entièrement la vision médicalisée de la naissance. Après tout, une personne enceinte n’est pas malade.
Le sol de couleur rose est immaculé et les murs blancs ajoutent de la lumière à l’ambiance radieuse qui accueille les visiteurs. Les lieux viennent d’être ouverts au public. C’est la Maison de naissance Marie-Paule-Lanthier, située non loin du parc Henri-Julien.
Quatre chambres sont mises à la disposition des personnes qui vont accoucher et de leur famille. Même si cette structure dépend du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Nord-de-l’Île-de-Montréal, ce ne sont pas des chambres d’hôpital.
Un grand lit occupe la chambre, de même qu’un ballon, un bain au milieu de la pièce, de grandes fenêtres qui ouvrent sur un parc et de la végétation. Le calme et le confort qui se dégagent donnent l’impression d’entrer dans une auberge de luxe en campagne.
« Personne ne le voit, mais dans cette chambre, il y a tout ce qu’il faut pour intervenir en cas d’urgence », indique Marie-Pierre Mainville, responsable du service de sages-femmes et elle-même sage-femme.
C’est ici qu’est né le 30 juillet Maurice, le premier bébé accueilli dans la Maison de naissance du nord de l’île.
L’établissement devait ouvrir en mars. Les premiers parents se sont inscrits en juin 2021. Cependant, les accouchements ont eu lieu à la Maison de naissance de Côte-des-Neiges.
Finalement, après plusieurs retards, l’ouverture effective s’est faite cette année en juin. La capacité de la Maison est de 400 personnes par an. La somme a été allouée pour le projet en 2015 et l’annonce officielle de sa création a eu lieu en 2018.
Changement de vision
Ce genre d’établissement, une création originale québécoise, change complètement la façon d’aborder l’accouchement dans une structure de santé. Ici, il n’y a que des sages-femmes, aucun médecin.
« On n’accouche personne ici. Ce sont les personnes qui accouchent », précise en riant Mme Mainville. Toutefois, le personnel est en contact avec le service de gynécologie et obstétrique de l’Hôpital du Sacré-Cœur-de-Montréal, ainsi qu’avec le service de pédiatrie de l’hôpital Sainte-Justine pour faire face à n’importe quelle complication.
La Maison de naissance est bien entendu ouverte à tous les résidants du nord de Montréal, sans aucune distinction pour toute femme qui accouche. La prise en charge prénatale par une sage-femme peut débuter dès la douzième semaine de grossesse ou commencer au plus tard à la 32 semaines de grossesse.
On y priorise les catégories de la population les plus vulnérables, notamment les nouveaux parents vivant avec un faible revenu, ou qui n’arrivent pas à subvenir à leurs besoins de base, ainsi que les personnes d’immigration récente.
« Nous avons tout ce qu’il faut pour permettre à la femme de vivre son travail et l’accompagner pour qu’elle puisse donner naissance avec son propre corps, assure Mme Mainville. Nous sommes là, à côté d’elle. Et ce qui fait la plus grosse différence, c’est que nous la connaissons. »
Quand une personne est acceptée à la Maison de naissance, elle sera suivie tout au long de sa grossesse, au moment de l’accouchement et six semaines après la naissance du bébé.
« C’est un suivi de grossesse à un rythme attendu. Cette portion ressemble beaucoup à un suivi médical. Donc une fois par mois, on va voir les femmes. Puis une fois toutes les deux semaines. Plus tard, à la fin de la grossesse, ce sera une fois par semaine », énumère Mme Mainville.
Baliser le chemin de la naissance
Le fait que l’on se consacre uniquement aux naissances en ce lieu permet d’aborder toute la partie psychosociale.
« C’est pour cela que les rendez-vous durent autour d’une heure. On a le temps de se demander comment ça va. Pour nous, c’est important de faire un suivi holistique et global et de permettre à la famille de s’exprimer sur son vécu de grossesse, de se préparer à l’accouchement et à ce changement qui s’en vient », relève la sage-femme.
Cette perception de la naissance fait aussi que l’on est loin de l’aspect médicalisé de l’accouchement.
« Les gens cherchent un accouchement physiologique, donc pas de soulagement pharmacologique de la douleur », signale la sage-femme. Ici, pas d’épidurale. Est-ce une régression? Pourquoi enfanter dans la douleur quand la science permet de faire autrement?, pourrait-on se demander.
« La douleur de l’accouchement est utile. Elle permet d’être dans les bonnes dispositions. C’est un rite de passage, cette douleur qui arrive durant les contractions. Elle permet d’être là où on devrait se trouver. Une personne qui a une péridurale, qui ne sent pas son réflexe de poussée, aura de la difficulté a prendre des positions qui vont permettre au bébé de faire son chemin. C’est plus facile de prendre des positions qui vont favoriser le bon déroulement du travail », détaille Mme Mainville.
Tout cela se prépare et s’explique, surtout donne la possibilité aux gens de choisir comment et où accoucher. La Maison de naissance offre une option de plus à l’accouchement à l’hôpital ou au domicile.
[NDRL : ce texte a été modifié pour clarifier à quel moment la prise en charge du suivi de grossesse peut être effectué par une sage-femme.]
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Bravo!
De toute les accompagnantes de Centre maternité Mère et monde!
Enfin! Bravo pour l’ouverture de ces services tant attendus dans le quartier.
Le texte, selon moi, porte à confusion en ce qui concerne les 32 semaines. Je crois que ça voulait dire que les sages-femmes peuvent débuter, jusqu’à 32 semaines, le suivi complet d’une femme enceinte, pour les soins prénatals, l’accouchement et les 6 semaines post-natales avec son bébé. Ce suivi inclut tous les soins et services nécessaires, incluant les informations requises pour prendre leur propres décisions.
Le texte n’est pas assez clair non plus, quand on mentionne la douleur de l’accouchement, que la présence continue d’une sage-femme connue permet aux femmes de le vivre avec plus de confiance, diminuant ainsi le stress qui augmenterait la douleur en d’autres circonstances.
Longue vie à la Maison de Naissance Marie-Paule Lanthier et à ses sages-femmes!
Maggy Moïse, sage-femme retraitée
Merci de votre commentaire. Le texte a été modifié pour clarifier la question de la prise en charge du suivi de grossesse.