L’arrondissement Ahuntsic-Cartierville est sur le point de mettre en branle de nouvelles mesures, avec de nouvelles cibles, afin de favoriser la construction de logements abordables et de logements sociaux sur son territoire.
En fait, la nouvelle équipe au pouvoir (Projet Montréal) appliquera en quelque sorte les engagements qu’elle a pris pendant la campagne électorale de l’automne dernier dans le cadre de la Stratégie d’inclusion de logements abordables dans les nouveaux projets résidentiels.
Tous les projets de cinq logements ou plus sont visés par la nouvelle politique qui sera officiellement annoncée et adoptée lundi soir au conseil d’arrondissement.
Stratégie d’inclusion
Maintenant, (légalement, dès le 9 avril), a fait savoir la mairesse de l’arrondissement Émilie Thuillier, «la stratégie locale s’appliquera à plus de projets et permettra d’obtenir plus de logements sociaux et abordables».
« On va notamment exiger des contributions financières pour des projets dérogatoires de cinq logements et plus. Nous exigerons au moins 20% de logements sociaux et 20% de logements abordables (contre 15% dans chaque cas présentement) dans les projets dérogatoires de 50 logements et plus (au lieu de 100).
Pour les «petits» projets, soit entre 5 et 49 unités (où l’on ne peut appliquer la politique du 20-20 pour des raisons financières), une contribution financière de 20% sera exigée.
Dans les cas de cette contribution financière justement, les sommes vont aller gonfler le Fonds dit «d’inclusion» qui se chiffre, dans Ahuntsic-Cartierville, à 654 000 $, comme nous l’annoncions à la mi-mars.
Rappelons que la métropole québécoise s’est dotée en 2005 d’une Stratégie d’inclusion de logements abordables en l’appliquant à des projets résidentiels nécessitant une dérogation à la réglementation sur l’usage, la densité ou la hauteur.
Question de transparence, l’arrondissement va présenter un bilan de l’opération à chaque année, ce qui devrait entre autres faire plaisir aux résidants, de même qu’aux tables de concertation et partenaires qui s’occupent ou suivent de près les dossiers de l’habitation.
« Les nouvelles règles qui seront adoptées lundi soir, a indiqué la mairesse, montrent notre volonté ferme d’accélérer le développement de logements sociaux et abordables dans notre arrondissement ».
Émilie Thuillier ne craint pas, avec ces nouvelles mesures, de voir des promoteurs reporter leurs projets. Ou encore assister à une flambée des prix des unités d’habitations dans le privé.
« Cela va inciter les promoteurs à mieux définir, mieux penser leurs projets pour l’ensemble de la population au lieu de penser profit », a-t-elle indiqué.
Réactions
Ces modifications vont-elles satisfaire les groupes de pression de l’arrondissement, dont Solidarité Ahuntsic et le Comité logement Ahuntsic-Cartierville (CLAC) ? Ces groupes exigent plus de grands logements abordables pour les familles et plus de logements sociaux, alors que la demande augmente sans cesse, y compris dans Ahuntsic-Cartierville.
Selon Rémy Robitaille, agent de développement et de communications à Solidarité Ahuntsic, il s’agit d’un bon pas en avant, toutefois pour la partie dérogatoire seulement, avec un ajout de cinq pour cent par rapport à la politique précédente.
«On accueille favorablement l’annonce faite par les élus, mais il reste du travail à faire auprès de la Ville-centre pour que tous les projets de logements puissent faire partie de cette stratégie d’inclusion», a déclaré Rémy Robitaille en entrevue avec journaldesvoisins.com.
Pour Solidarité Ahuntsic, comme il existe peu de terrains à Montréal, la Ville devrait se constituer une réserve foncière de terrains qui ne sont pas développés à l’heure actuelle.
«Pour ça, il faudrait une visée conjointe de l’arrondissement et de la Ville», poursuit M. Robitaille, ajoutant: «Les élus le savent. Ça fait longtemps qu’on discute de la révision pour la politique de l’inclusion de logements sociaux et abordables au Chantier Habitation, chez Solidarité Ahuntsic».
De son côté, Karina Montambeault, porte-parole du Comité logement Ahuntsic-Cartierville (CLAC), considère aussi qu’il s’agit là d’un pas dans la bonne direction, ajoutant toutefois que cette bonification de la stratégie d’inclusion de logements sociaux et abordables devrait s’appliquer aux terrains de promoteurs privés seulement.
«Nous on considère que cette modification ne devrait pas s’appliquer aux terrains publics, car prévoir 20% de logements sociaux et abordables sur des terrains publics, ce n’est pas suffisant», précise Mme Montambault.
Il faudra voir maintenant concrètement combien de logis «modestes» pourront sortir de terre alors que Projet Montréal veut 12 000 logements sociaux en quatre ans.
Cette politique audacieuse tombe à point nommé alors que l’on tente de faire démarrer des projets structurants en matière d’habitation sociale, à commencer par le site Louvain (entre les rues Saint-Hubert et Christophe-Colomb), l’un des derniers grands terrains bien localisés dans le nord de la ville, situé entre le métro Sauvé et le Complexe environnemental Saint-Michel.
Ahuntsic-Cartierville deviendra le sixième arrondissement à mettre à place une stratégie locale, après Le Sud-Ouest, Le Plateau-Mont-Royal, Rosemont–La Petite-Patrie, Mercier–Hochelaga-Maisonneuve et Verdun.
Au bureau de Mme Thuillier, on signale que la nouvelle stratégie sera éventuellement révisée quand la Ville de Montréal adoptera un nouveau règlement sur le logement social et abordable.
Avec la collaboration de Christiane Dupont
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