Environ 150 représentants de plusieurs organismes communautaires et CPE qui sont des groupes locataires de la CSDM se sont rassemblés en fin de journée, mercredi, devant le siège social de la Commission scolaire de Montréal, sur Sherbrooke Est, en marge de la séance du conseil des commissaires de la CSDM.
Ces organismes voulaient dénoncer publiquement les nouvelles conditions de location que veut leur imposer la CSDM, dont des hausses de loyer qu’ils jugent inacceptables et qui, disent-ils, mettent en péril leurs activités, offertes aux personnes défavorisées dans différents quartier de Montréal. Certains d’entre eux faisant face à des augmentations de loyer de plusieurs milliers de dollars ont déjà annoncé qu’ils ne signeraient pas les nouveaux baux.
Menaces sur leur existence même
Autour de 90 groupes communautaires, associations et CPE sont concernés directement ou indirectement par la nouvelle politique de tarification de la CSDM. Dans Ahuntsic, Solidarité Ahuntsic qui a installé ses pénates depuis plusieurs années dans l’ancienne école Madame-de-la-Peltrie sur la rue Laverdure, près du boulevard Gouin, est comme d’autres organismes communautaires montréalais à la merci de la CSDM.
«Notre bail pour l’année qui vient n’est pas encore signé», a déclaré Azzedine Achour, directeur général de Solidarité Ahuntsic depuis 17 ans, économiste de formation, à journaldesvoisins.com.
Le bail de Solidarité Ahuntsic qui doit être renouvelé au 1er juillet 2017 pour l’année subit une hausse de 18 000$, selon M. Achour. Cette hausse sera absorbée à la fois par l’organisme et, en principe comme il l’a été depuis plusieurs années, par l’arrondissement. Toutefois, si l’arrondissement n’assume pas cette augmentation, Solidarité Ahuntsic se retrouverait en fort mauvaise posture et ce sont tous les utilisateurs actuels du centre communautaire et les nombreux citoyens qui sont desservis par le Centre qui en pâtiraient.
Aide de l’arrondissement
En ce moment, pour aider les organismes, l’arrondissement paie l’augmentation de 10% annuellement imposée par la CSDM. En outre, l’arrondissement défraie également le loyer du Centre local des intervenants (CLIC) de Bordeaux-Cartierville –le pendant de Solidarité Ahuntsic sur l’autre partie du territoire d’Ahuntsic-Cartierville– installé face au cégep Bois-de-Boulogne dans un bâtiment assez récent.
Comme le disait M. Achour dans une autre entrevue accordée à journaldesvoisins.com en février dernier:
« La meilleure des solutions serait que l’arrondissement acquière une bâtisse pour les organismes du quartier Ahuntsic. On souhaite pratiquement le même traitement qu’à Bordeaux-Cartierville, mais pas au même degré d’urgence », estime le directeur de Solidarité Ahuntsic.
M. Achour reconnaissait l’urgence d’intervenir dans Bordeaux-Cartierville ainsi que l’occasion exceptionnelle qui s’était présentée à l’arrondissement concernant l’acquisition de la propriété des Sœurs de la Providence. « Toutefois, on ne veut pas être oublié », soutenait-il.
Solidaire
Solidaire des organismes communautaires locataires de la CSDM, le conseil d’administration de Solidarité Ahuntsic, tout comme le Centre communautaire de la Petite Patrie, a donc voté ce mercredi une résolution appuyant les démarches des organismes communautaires montréalais qui refusent de signer le bail ou qui ont l’intention de ne pas le signer, n’ayant d’autre alternative.
La résolution votée par le conseil d’administration de Solidarité Ahuntsic et déposée au conseil des commissaires ce mercredi se lit comme suit:
«Nous sommes entièrement solidaires et nous appuyons les demandes des organismes qui refusent de signer leur bail tel quel. Nous demandons à la CSDM de négocier des baux qui respectent nos organismes et notre capacité de payer.»
Outre ce problème d’augmentation importante du loyer, Solidarité Ahuntsic, tout comme d’autres organismes communautaires, doit également faire face à une autre menace comme l’a expliqué journaldesvoisins.com dans un article publié en septembre dernier. : celle de la reprise éventuelle du bâtiment par la CSDM pour y installer une école, compte tenu des besoins importants de nouvelles places scolaires pour élèves de niveau primaire sur le territoire.
En effet, plusieurs de ces organismes sont installés dans d’anciennes écoles de la CSDM, souvent considérées comme bâtiments excédentaires et non-utilisées depuis un certain nombre d’années. C’est également le cas du Centre de ressources éducatives et communautaires pour adultes (CRÉCA) situé dans Ahuntsic.
Déresponsabilisation de Québec?
À l’heure actuelle, toutefois, la CSDM veut augmenter de façon substantielle le prix des loyers, pour combler son déficit accumulé, tel que l’a réclamé le gouvernement du Québec.
Pour la CSDM, qui fait des efforts en ce sens depuis deux ans, c’est une démarche visant à récupérer des montants de loyer plus substantiels, mais aux seules fins d’entretien des bâtiments. À l’heure actuelle, a déclaré la présidente de la CSDM, Catherine Harel Bourdon, le coût de l’entretien de ces bâtiments est supérieur au coût des loyers que la commission scolaire perçoit des organismes communautaires et des CPE. Mais pour plusieurs de ces organismes communautaires, après des années de vaches maigres, c’est signer leur disparition.
«Ces augmentations de loyer de la CSDM, au bout du compte, c’est une autre forme de coupe par Québec», déclare le directeur général de Solidarité Ahuntsic qui estime que les organismes communautaires ont déjà fait leur part.
Des services à la population
À lui seul, le Centre communautaire Ahuntsic accueille 20 organismes communautaires qui offrent des services à la population et collaborent entre eux pour organiser des activités d’entraide, des rencontres sociales pour briser l’isolement. En outre, les locaux sont également mis à la disposition de nombreux organismes, associations et travailleurs autonomes du territoire.
Les organismes communautaires montréalais font beaucoup de bien autour d’eux, pour peu qu’on leur en donne la possibilité, à divers niveaux: conforter les aînés et briser leur isolement, activités pour aider les personnes et familles aux prises avec des problèmes de santé mentale, développement des compétences parentales, amélioration des habitudes de nutrition, confection de paniers de denrées pour améliorer l’ordinaire de citoyens moins nantis, et le reste.
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