Précisons tout de suite; le titre indique seulement la période pendant laquelle j’ai eu le plaisir de lire cet ouvrage. Vous pouvez en profiter en toutes saisons.
L’œil américain, Histoires naturelles du Nouveau Monde – Pierre Morency – Éditions du Boréal – septembre 2020, réédition de la première parution de 1989.
Avoir « l’œil américain » n’est-ce pas apercevoir ce qui se passe aussi bien à droite qu’à gauche sans détourner la tête, et ce qui se passe derrière nous quand nous regardons devant?
Ce texte imprimé sur la jaquette arrière du livre nous introduit bien au sens du titre et de l’œuvre de Pierre Morency. L’auteur explique que cette expression vient des vieux pays où l’imaginaire et l’engouement de la vie proche de la nature des Amérindiens est venue de la lecture des romans de Fenimore Cooper [i]. Cette proximité des autochtones avec leur environnement leur aurait permis de développer cette faculté d’avoir « des yeux et des oreilles tout le tour de la tête ».
Vers la fin des années 1960, Pierre Morency a été chroniqueur radiophonique à Radio Canada où il anime une quarantaine d’émission sur la nature. Il avait choisi L’œil américain comme titre de ces entretiens où quel que soit le sujet, les oiseaux n’étaient pas bien loin.
En 1989 donc, il écrit ce livre dans lequel il décrit sa quête d’aller à la rencontre des choses offertes par la nature pour lui permettre de sortir de soi. L’auteur résume ce concept par cette phrase : « … tout être vivant, à quelque règne qu’il appartienne, porte en lui une extraordinaire jubilation à laquelle nous sommes invités à puiser. »
Pierre Morency nous introduit à son œuvre en mentionnant la découverte fortuite, lors d’un pique-nique familial à l’Île d’Orléans, d’une petite cabane rouge inhabitée qui allait devenir son refuge créatif pour les années à venir.
Les vingt-trois chapitres qui composent ce livre sont autant de narrations de découvertes et de réflexions sur la faune et la flore des environs de sa cabane ou d’ailleurs.
Certains textes sont une narration de rencontres fortuites ou attendues, d’autres une reddition de contes et légendes sur un animal ou un végétal, et d’autres encore sont une explication de tel ou tel phénomène de la nature.
L’auteur pousse la franchise jusqu’à expliquer comment, dans son obsession pour le silence absolu qu’il croyait exiger ce jour-là pour écrire, il en vint à exterminer une colonie de chauve-souris qui avait élu domicile dans sa cabane. Crime qu’il compense en décrivant son regard admiratif pour la bestiole en question. Preuve, encore une fois confirmée, que l’être humain est plein de paradoxes.
Chaque chapitre est émaillé des dessins au crayon de Pierre Lussier qui n’ont pas besoin de la couleur pour faire vibrer nos cellules oculaires et les neurones qui s’y rattachent.
Les sujets traités ne sont pas exclusivement ornithologiques loin de là, mais les oiseaux, tout comme dans la nature ils se déplacent en volant d’un endroit à l’autre, arrivent très souvent à se poser quelque part dans un texte traitant du cèdre ou du porc-épic.
Il y a deux autres œuvres du même auteur dans la collection « Histoires naturelles du Nouveau-Monde » : Lumière des oiseaux, paru en 1992 et La Vie entière, paru en 1996. Celles-ci sont aussi illustrées par Pierre Lussier.
[i] James Fenimore Cooper – The last of the Mohicans, 1826 – The Prairie, 1827 – The Deerslayer, 1841.
Ndlr:Les lecteurs et lectrices qui le désirent pourront lire la première partie de cette capsule ornithologique dans le mag papier de février dont la distribution commencera sous peu.
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je suis heureuse de retrouver vos chroniques qui brisent mon isolement et me donne espoir de mieux vivre mon confinement avec une lumière sur mon futur
Ça me fait plaisir de savoir que vous appréciez mes capsules ornithologiques.
Les oiseaux sont toujours une source d’émerveillement et, si ça vous est possible, je vous encourage fortement d’aller faire des promenades dans l’un ou l’autre de nos grands parcs avec, si vous en avez. une paire de jumelles pour les observer.
Le printemps et l’été sont des saisons plus propices pour ce faire, mais on en trouve aussi en hiver bien qu’en moins grand nombre.
Salutations et bon courage, des jours meilleurs s’en viennent!