(Photo: jdv P. Rachiele)

À moins d’un retournement de situation, le Centre d’urgence Salaberry qui avait été pressenti pour devenir une superclinique fermera plutôt ses portes au plus tard le 10 septembre prochain.  

Au grand dam des résidants de Bordeaux-Cartierville, d’Ahuntsic, et d’ailleurs à Montréal, dont plusieurs ont contacté journaldesvoisins.com depuis quelques jours, le Centre d’urgence mettra fin à 40 ans d’existence dans Cartierville, tel qu’annoncé dans une publicité payée et publiée dans un média concurrent.

Le Centre a fait les choses en règle. Dans une publicité très détaillée, il est écrit:

«Nous avons le regret de vous annoncer que le Centre d’urgence Salaberry devra cesser définitivement ses activités le 10 septembre 2017 au plus tard. C’est à contrecoeur que cette décision a été prise après plusieurs mois de démarches et d’efforts dans le but de faire survivre cette institution (…) En effet, la réorganisation des services de santé par le MSSS, qui a cours depuis plus de deux ans maintenant, a précipité le départ de quatre de nos médecins qui se sont vu contraints de réorienter leur pratique. Ces pertes ont fragilisé l’équipe médicale qui a, malgré tout, tenté de maintenir l’offre de service en augmentant la charge individuelle portée par chaque médecin, une situation difficile qui perdure depuis plus d’un an.»

Le GMF aurait fait part aux plus hautes instances (au Ministère, aux responsables de la répartition des services médicaux de la région de Montréal et au CIUSSS du territoire) de la situation.

«Tous ont exprimé leur volonté pour que nous poursuivions nos activités et ont insisté sur l’indispensabilité de notre rôle dans le réseau de la santé régional. Nous avons proposé à ces différents acteurs de nombreuses pistes de solution pour assurer la survie de notre centre d’urgence. Or, en plus de six mois et parmi nos diverses demandes, seul un poste de médecin nous a été octroyé alors que nos besoins étaient plus importants. Nous avons donc de nouveau sollicité l’aide du Ministère de la santé dont la réponse définitive à nos demandes n’a malheureusement pas été favorable», conclut le communiqué.

⌈Mise à jour, 2017-07-28, 9 h 19⌋ La réforme Barrette exige des médecins qu’ils prennent plus de patients à titre de médecins de famille pour faire en sorte que tous les Québécois aient éventuellement un médecin de famille. Pour répondre aux exigences du Ministère, quatre des médecins de la clinique d’urgence ont dû réorienter leur pratique, comme l’indique la publicité de la Clinique. Or, le Centre d’urgence Salaberry, comme son nom l’indique, offre des services d’urgence sans rendez-vous.   Le Centre demandait donc plus qu’un poste de médecin pour alléger la tâche des médecins restants qui y pratiquent. Plusieurs des médecins qui travaillent à la clinique le font à temps partiel, étant des semi-retraités ou retraités. Le Centre est très fréquenté à toute heure du jour, chaque jour. 

Il semble que le Ministère ait fait la sourde oreille. 

D’après les explications de Hugo Larouche, porte-parole du CIUSSS-du-Nord-de-l’Île, la distribution des permis de pratique des médecins ne dépend pas du CIUSSS mais bien du Ministère.

⌈Mise à jour, 2017-07-28, 09 h 30⌋ Or, journaldesvoisins.com a obtenu, jeudi soir, ce commentaire du Ministère au sujet de cette fermeture:

«Concernant la situation des effectifs médicaux, 7 postes ont été autorisés en 2017 dans le RLS du Nord de l’Île-Saint-Laurent  (dont 2 en super-clinique). Deux de ces postes sont toujours disponible (sic), pour des médecins déjà en pratique. Il faut noter qu’un poste au PREM ne garantit pas de poste dans une clinique précise, mais dans un sous-territoire. Les médecins sont autonomes de choisir où ils pratiquent dans ce sous-territoire. Rappelons que l’objectif des PREM est la répartition équitable des ressources dans les régions du Québec. »

Les choix proposés par les responsables du Centre d »urgence Salaberry comme alternative : aucune clinique dans Ahuntsic-Cartierville. (Photo: jdv P. Rachiele).

Virage à 180 degrés

Cette fermeture annoncée constitue tout un revirement de situation.

En effet, en décembre dernier, journaldesvoisins.com avait eu la confirmation que le Centre d’urgence de Salaberry, souhaitait devenir une superclinique et l’avait fait savoir aux autorités du CIUSSS-du-nord-de l’Île et au ministère de la Santé.

Comme nous l’écrivions en décembre:

«Journaldesvoisins.com a toutefois eu confirmation que la Clinique d’urgence de Salaberry, située dans le centre commercial les Galeries Normandie, songe à devenir une superclinique. Cet établissement médical sans rendez-vous a déjà une excellente réputation si l’on se fie aux personnes rencontrées dans la salle d’attente. La responsable des relations médias de la clinique nous a confirmé l’intérêt de ses dirigeants, alors que cela n’était pas le cas plus tôt cet automne.»

En outre, en mars dernier, journaldesvoisins.com révélait, après une entrevue avec le pdg du CIUSSS-du-Nord-de-l’Île, Pierre Gfeller, que de nouvelles ressources pour le territoire d’Ahuntsic-Cartierville, du moins en ce qui concerne la médecine familiale, devaient être annoncées au cours des prochains 18 mois.

Rappelons que le Centre d’urgence de Salaberry avait fait peau neuve il y a quelques années, en déménageant ses pénates de la rue Salaberry angle O’Brien, aux Galeries Normandie sur Salaberry non loin de l’autoroute 15. En outre, à ce nouvel emplacement, les locaux avaient également fait l’objet d’une rénovation en profondeur récemment.

Selon le registre des entreprises du Québec, le Centre d’urgence de Salaberry compte 18 associés: Farah-Lajoie, Macie Kalina, Célyne Drolet, Ginette Champagne, Samir Saba, Carolyne Pung, Milad Toubal, C. Roberge, Gisèle Desjardins, Hélène Duchesneau, Elisabeth Kounde Tonide, Vicken Minassian, Chantale Lévesque, Carole Butare Ize, Ana Mihaela Focsa, Johnny Aintablian, Jean Nguyen, et l’entreprise PM Medcorp inc.

Aux abonnés absents…

Au moment de mettre notre Actualité en ligne, la responsable médias du Centre, Norma Hallé, n’avait pas retourné notre appel. Désireux d’obtenir les commentaires de la députée de L’Acadie, Christine St-Pierre, journaldesvoisins.com a appris par son attaché de presse, Martin Fecteau, que Mme St-Pierre était indisponible jusqu’à la mi-août.

⌈Mise à jour – 2017-07-27, 15 h 26 ⌋  Dans un communiqué d’ordre général émis à 14 h 49 jeudi, le CIUSSS-du-Nord-de-l’Île prend acte de la décision du Centre d’urgence et a fait la déclaration suivante:

«Étant donné la décision du Centre d’urgence de Salaberry de cesser ses activités d’ici le 10 septembre prochain, le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Nord-de-l’Île-de-Montréal met actuellement en place un plan d’action qui permettra d’informer et de réorienter la population vers les autres cliniques médicales du territoire qui offrent également des services de consultation sans rendez-vous.»

Dans le même communiqué, la direction du CIUSSS transmet un lien Web conduisant les résidants et utilisateurs du Centre d’urgence de Salaberry vers les autres cliniques du territoire aussi loin que le boulevard Ste-Colette dans Montréal-Nord.

En outre, la direction du CIUSSS remercie abondamment l’équipe médicale de l’établissement pour ses bons et loyaux services durant ses 40 ans d’existence, tout en insistant sur le fait que les futures super-cliniques vont sauver la mise pour les citoyens, 12 heures par jour, tous les jours.

«De plus, la mise en place des nouvelles super-cliniques aidera à combler les besoins de la population et réduira les impacts de la fermeture de cette clinique reconnue pour offrir exclusivement des consultations médicales sans rendez-vous.»

Mais en attendant, les résidants se dirigeront sans doute vers l’urgence de l’Hôpital du Sacré-Coeur. Pour ce qui est d’avoir un rendez-vous d’urgence avec son médecin de famille, chanceux seront ceux et celles qui réussiront à l’obtenir.

En parallèle, au moins une autre urgence du secteur sur la liste fournie par le CIUSSS se questionne –sous le manteau– présentement sur la pertinence de rester ouverte.

Une autre fermeture?

En effet, journaldesvoisins.com a entendu dire de source sûre qu’une autre clinique d’urgence serait susceptible de fermer ses portes sur le territoire au cours des prochains mois. Les responsables seraient en questionnement. Nous vous tiendrons informés.

Rappelons que le CIUSSS-du-Nord-de-l’Île est l’un des CIUSSS comptant le moins de médecins de famille au Québec. Ainsi, 61 % des gens du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal ont un médecin alors que pour l’ensemble du Québec, le taux moyen est de 75 %.



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Amélie Mathieu
Amélie Mathieu
7 Années

La clinique d’urgence Salaberry dans les galeries Normandie et la clinique L’envolée ne sont pas les mêmes cliniques du tout. Le texte semble confus et semble mélanger deux dossiers différents.

Madame Ge
Madame Ge
7 Années
Répondre à  Amélie Mathieu

La clinique Salaberry était bel et bien au coin de la rue O’Brien, l’article ne fait pas mention de la clinique l’Envolée (qui se trouve coin Salaberry/O’Brien, en biais d’où était la clinique Salaberry)…

Pierre E Lachapelle
Pierre E Lachapelle
7 Années

Mauvaise nouvelle pour l’accès aux soins de santé pour tous les citoyens du Nord de Montréal et d’Ahuntsic-Cartierville en particulier. Il faut se rappeler du déménagement il y a quelques années de la Clinique Perrier située sur la rue Lajeunesse vers l’arrondissement Saint-Léonard. Des centaines de personnes touchées.

Zonker Cousteau
Zonker Cousteau
7 Années

La fermeture de la Clinique Salaberry, ainsi que la Clinique Diamant sur Henri-Bourassa près de Bois-de-Boulogne il y a deux ans va mettre une surcharge énorme sur le CLSC Bordeaux-Cartierville mais aussi sur l’urgence de l’hôpital Sacré-Coeur. Le bureau de la ministre Christine St-Pierre est sous l’impression que simplement en ouvrant une polyclinique sur Gouin près de Grenet, que le problème sera règlé. C’est un voeux pieu de leur part. La solution du CIUSSS semble être déplacez vous à Saint-Laurent. C’est une situation inacceptable !

jolico
jolico
7 Années

Honte au docteur Barrette et ses réformes à la … Aurais-je tort de penser que les GMF n’attirent pas tellement les gens et que ce cher docteur pense ainsi obliger les gens à plus les utiliser? Si le concept ne fonctionne pas bien, c’est ça qui devrait fermer!

Zonker Cousteau
Zonker Cousteau
7 Années

Le problème est que le CIUSSS croit que la solution est de remplir d’avantage les cliniques à St-Laurent sans pour autant avoir un plan pour Sacré-Coeur ou le CLSC Bordeaux-Cartierville où plusieurs iront malgré les communiqués du CIUSSS. On se moque des citoyennes et citoyens. Un médecin de famille c’est bien beau, mais quand il y a une situation qui presse, le médecin de famille n’y sera pas pour aider.

Pierre Pruneau
Pierre Pruneau
7 Années
Répondre à  Zonker Cousteau

Effectivement, c’est très désolant et surtout inquiétant de voir ça ! Avant ma retraite, je travaillais à Sacré-Coeur et lorsque nous avions besoin de soins nous alliions toujours au CUS même si nous demeurons à Laval plutôt que d’aller encombrer l’urgence de Sacré-Coeur ! C’est donc un bassin de population beaucoup plus grand que celui dépeint qui est touché par cette fermeture « forcée » ! L’équipe (médecins, infirmières, techniciens, etc.) était bien rodée au CUS et la qualité des soins à cet endroit était pourtant supérieure à ce qui se fait ailleurs ! La construction d’une nouvelle clinique sur Gouin près de Sacré-Coeur n’est pas en soi un gage que les soins prodigués seront de qualité !

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