À la suite de l’achat par l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville et la Ville de Montréal de la propriété des Sœurs de la Providence sur la rue Grenet, les religieuses poursuivent leurs œuvres de bienfaisance. La Ville et l’arrondissement vont aménager un centre communautaire et une bibliothèque; le processus est déjà entamé. Mais qui sont les Soeurs de la Providence?

Fondée en 1843 par Émilie Gamelin, la Congrégation des Sœurs de la Providence œuvre dans Cartierville depuis le
début des années 1900. À l’époque, les religieuses avaient reconstruit l’Hôpital des Incurables, qui avait été ravagé par les flammes, sur un immense terrain du boulevard Gouin et l’ont renommé l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal.

Soeur Annette Noël, supérieure provinciale de la Congrégation des Soeurs de la Providence (Photo: archives jdv)

Au fil des années, les sœurs se sont installées dans le quartier, participant aux tâches de divers organismes du milieu, notamment en santé, en éducation et dans les services sociaux.

« Par nos gestes de compassion, de tendresse et de compréhension, nous souhaitons que les gens, à qui l’on offre notre aide, puissent avoir une petite idée de qui est Dieu pour eux », explique la supérieure provinciale de la congrégation, sœur Annette Noël.

Aujourd’hui, près de 200 sœurs résident dans Cartierville. Bien qu’elles soient de moins en moins nombreuses et de plus en plus âgées, elles continuent d’offrir leur soutien à la communauté en fonction de leurs capacités.

«Certaines de nos religieuses travaillent à l’hôpital, d’autres font des visites à domicile, indique Annette Noël. Régulièrement, quelques-unes d’entre elles visitent aussi les prisonnières à l’Établissement de détention Leclerc à Laval pour prier avec elles. »

L’œuvre des Sœurs de la Providence se poursuit également à travers les actions de plusieurs organismes communautaires de Cartierville, dont Cartier Émilie, la Corbeille, le Centre d’appui aux communautés
immigrantes (CACI), la Maison des Parents de Bordeaux-Cartierville et l’Hôtellerie Providence.

Les religieuses ont participé à la fondation de l’ensemble de ces organismes, qui véhiculent encore aujourd’hui les valeurs d’entraide et de compassion célébrées par l’organisation religieuse. Par exemple, Cartier Émilie aide les personnes démunies au plan socio-économique depuis 1962.

« L’organisme a été fondé par la congrégation dans le but d’aider les immigrants. Des vêtements et des meubles étaient disponibles pour eux. On les aidait à apprendre le français et à trouver un logement », raconte la supérieure provinciale.

Qu’ils soient pauvres, immigrants, sourds,muets, handicapés physiques, handicapés mentaux et malades: les Sœurs de la Providence ont, depuis leur création, apporté leur aide à ceux et celles qui en avaient besoin, et ce, sans jugement.

« Quand Dieu appelle, il appelle toutes sortes de personnes, il n’y a pas de couleur, pas de condition physique ni de culture spécifique », mentionne la religieuse en chef.

Manque de relève

L’avenir de la congrégation est difficile à prédire pour Annette Noël.

« On manque de relève, les jeunes femmes ne viennent pas nous voir. Les recrues que nous avons présentement sont en Haïti », souligne-telle.

La congrégation est également présente à l’international et est regroupée en quatre régions, nommées «provinces».

La Province Émilie Gamelin, dont Annette Noël est responsable, a des représentantes en Haïti, en Égypte et dans l’est des États-Unis.

Malgré tout, la supérieure provinciale reste positive et croit que la vie au sein d’une communauté religieuse va continuer. « Je me dis que la meilleure chose à faire présentement, c’est d’être le mieux possible ce que l’on est aujourd’hui », confie-t-elle.

La vente de leur propriété sur la rue Grenet est l’une des conséquences de ce manque de relève.

« C’était très coûteux de garder une grande maison vide, précise-t-elle. Pendant un certain temps, nous avons essayé d’inviter d’autres congrégations religieuses à venir vivre avec nous. Mais, elles aussi voient leur nombre diminuer. »

Les sœurs conservent toujours leur Maison mère dans Cartierville sur la rue Salaberry, où le tombeau de la fondatrice, Émilie Gamelin, est installé. Cette femme dévouée inspire encore les religieuses aujourd’hui. Elle est, selon Annette Noël, plus présente que jamais.

Cet article a d’abord été publié dans le magazine papier de septembre 2016 et mis à jour en mars 2018 par Christiane Dupont.



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