Les lieux emblématiques du quartier, ses espaces verts, les détails du quotidien, les mille et une curiosités des vies des gens du quartier… Ce sont, entre autres, des sources d’inspiration des auteurs résidants d’Ahuntsic-Cartierville. Témoignages.
Jacques Boulerice, le cueilleur d’anecdotes
« Le long de la rivière / Les arbres auront tout vu /Des rapides en prières / Et des nouveaux venus / Du Sault-au-Récollet /Aux promenades fleuries / Passants des bancs publics / Dessinent des marelles / En rose en craie en ciels / Mémoires d’Ahuntsic ».
« Quand Lucie Hamel (la présidente de l’OBNL Ahuntsic en fugue) m’a approché pour le projet de l’hymne, j’ai tout de suite pensé aux grands peupliers du parc Nicolas-Viel, dit Jacques Boulerice. Ces arbres plus que centenaires ont beaucoup de choses à nous raconter et sur la vie au long et aux alentours de la rivière, et sur la vie du quartier.»
«Je passe passablement mon temps à observer et à essayer d’être en communion avec les gens », dit Jacques Boulerice.
« Il y a peu de temps encore, dit-il, on disait qu’Ahuntsic-Cartierville est un quartier vieillissant! Or, on constate, actuellement, qu’il y a un réel renouvellement social et culturel. J’adore ça!», s’exclame-t-il.
André Major : « Je ne me vois pas ailleurs…»
Selon l’écrivain André Major, « Il faut appartenir assez fortement à un lieu pour en tirer quelque chose. »
« J’ai fini par m’y sentir chez moi autant que dans le paysage laurentien, ma vie se résumant à un perpétuel aller-retour entre l’un et l’autre, dit-il. Je n’imagine pas le jour où j’aurai à choisir entre ces deux pôles de mon quotidien.»
« Dans mes carnets, j’évoque des parcs de mon quartier d’adoption, la fraîcheur de l’air, la quiétude des rues et le spectacle toujours merveilleux du soleil couchant », note ce romancier qui a passé les quinze premières années de sa vie près du pont Jacques-Cartier « dans un quartier où la végétation était rare, pour ne pas dire inexistante, souligne-t-il. Quand j’envisage l’avenir, affirme-t-il, je ne me vois pas ailleurs que dans ces environs que je connais par cœur et qui ont fini par faire partie de moi.»
« Que j’aie envie de cuisiner un plat turc, arabe ou italien, je trouve ce dont j’ai besoin dans le voisinage. J’aurais pu faire mon nid ailleurs, comme il m’est arrivé de me le rappeler, mais je n’ai plus cette nostalgie d’un ailleurs. J’y suis, j’y reste.»
France Boucher : libre cours au renouvellement des émotions
La poète France Boucher souligne l’effet évident de l’abondance de la nature d’Ahuntsic-Cartierville sur l’inspiration des créateurs. Et parmi les espaces qui nourrissent son imagination poétique, elle mentionne notamment la rivière « où l’on observe, selon les saisons, canards, bihoreaux, castors, loutres, et même la débâcle du printemps » et « les nombreux parcs où l’on peut côtoyer écureuils, mouettes, parfois marmottes, ratons laveurs, renards… » et où l’on sent également « l’énergie de très vieux arbres ».
Et tout en notant la présence, dans le paysage de l’arrondissement des ponts, des barrages et quelques îles, elle évoque surtout les nombreuses traces du passé, de l’histoire, le patrimoine architectural. D’après la poète, l’arrondissement offre aux écrivains et écrivaines « un environnement empreint de vie, de perspective, de profondeur et… de silence. Un environnement qui nourrit l’imaginaire, l’habite et favorise le renouvellement des émotions, le foisonnement des sensations et des idées».
« La plupart de mes recueils offrent des liens avec les différents paysages de l’arrondissement, dit-elle. Toutefois, dans l’ensemble, ces liens demeurent indirects, étant donné que je donne rarement le nom d’un parc, d’un pont, d’une île ou d’une rue. Il s’agit plutôt d’allusions à mon décor familier. L’eau, le vent, les oiseaux, les arbres sont souvent présents dans mes poèmes.»
« Quelques hommes et femmes que je voyais quotidiennement, endormis sur un banc public ou au pied d’un arbre, m’ont profondément émue, puis des poèmes ont surgi… »
Claude Beausoleil : l’éloge de la proximité
« Je suis un voyageur / que le langage invente », dit Claude Beausoleil dans son recueil Grand hôtel des étrangers.
Dans son témoignage, ce poète compare la physionomie qu’avait Ahuntsic-Cartierville aux débuts des années 70 où il a résidé, une première fois, et les transformations qu’il a constatées à son retour dans le quartier où il réside (à nouveau) depuis une dizaine d’années.
« À l’Île de la Visitation, on est en plein voyage! », s’exclame-t-il.
«On peut tout faire à pied», affirme-t-il en disant son affection pour les promenades inspirantes.
Et parmi les projets qui lui tiennent particulièrement à cœur : son désir de développer une antenne locale du Festival annuel de la poésie. Cet ancien professeur de littérature québécoise parle avec beaucoup d’énergie d’une multitude de projets d’animation littéraires pour Ahuntsic-Cartierville. Il croit que les conditions sont propices pour faire avancer la décentralisation de l’offre culturelle.
«Pourvu que l’on ne parle pas à priori de questions budgétaires. Cela bloque tout », dit cet acteur culturel qui aime souvent dire : « Je préfère les spectacles du quartier à ceux du Quartier des spectacles!»
Cette chronique a d’abord été publiée dans le mag papier de décembre dernier.
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