Journaldesvoisins.com s’est entretenu avec le directeur de l’école Saints-Martyrs-Canadiens, Christian Lacombe, pour prendre le pouls de cette seconde rentrée marquée sous le sceau de la pandémie à l’occasion du retour en classe des élèves du primaire la semaine dernière.
Si, contrairement à la rentrée de septembre, ni les élèves, ni le personnel, ni les parents n’étaient complètement dans l’inconnu, il y a eu quand même beaucoup d’incertitudes concernant ce deuxième retour en classe avec pandémie le 11 janvier, pour les écoliers du primaire.
Valse-hésitation du retour en classe
Alors qu’en novembre, le gouvernement jonglait avec l’idée de prolonger les vacances de Noël, il a plutôt tranché à la mi-décembre pour que l’école reprenne comme prévu début janvier. Puis, face à l’embellie du nombre de cas de COVID durant la période des fêtes, la possibilité de repousser le retour en classe a été évoquée puis écartée, mais il a été résolu d’ajouter une semaine d’enseignement à distance.
L’école a donc prêté plus de 210 équipements électroniques pour permettre aux écoliers de suivre leurs cours en ligne durant la semaine du 4 janvier.
« On a vécu l’enseignement à distance au printemps. On a vécu l’enseignement à distance par le fait qu’on a eu quelques classes qui ont été fermées », dit Christian Lacombe qui assure que même si tout le monde s’adapte aux « aléas de l’enseignement à distance », tant le personnel enseignant que les parents et les élèves préfèrent encore que l’école se fasse en personne.
Bonne adhésion aux mesures, malgré certaines zones de flou
C’est donc avec un certain soulagement que M. Lacombe a vu revenir les élèves à l’école la semaine dernière, même si, comme bon nombre de parents et d’enseignants, il avait certaines appréhensions.
« J’avais des petites inquiétudes par rapport aux plus petits », explique le directeur.
Il se demandait surtout comment les plus jeunes élèves allaient s’adapter aux nouvelles consignes concernant le port du couvre-visage.
Depuis le 11 janvier, en effet, les élèves doivent porter un masque dans les corridors, de même que dans les aires communes de l’école, ainsi que lors du transport scolaire par autobus, tandis que les élèves de 5e et 6e année doivent porter le couvre-visage même en classe.
Le directeur dit avoir observé, dès lundi, un fort taux d’adhésion même chez les élèves du premier cycle.
Christian Lacombe estime que « 90% des élèves de l’édifice Sauvé [qui abrite les élèves du premier cycle] avaient déjà leur couvre-visage en rentrant dans la cour d’école » le jour de la rentrée.
« Les enfants participent bien, ils sont collaborants », se réjouit le directeur qui constate que tout le monde semble bien s’adapter aux nouvelles consignes.
Quelques zones d’ombre
Il subsiste par contre certaines zones de flou, notamment concernant le port du couvre-visage durant les cours d’éducation physique. Ainsi, selon les dernières directives, le couvre-visage n’est pas obligatoire durant l’effort physique, mais la distance physique de deux mètres doit être respectée pour les élèves de 5e et 6e année du primaire, ce qui n’est pas forcément une règle facile à faire respecter dans un gymnase.
Même chose au service de garde, où il est parfois difficile de maintenir à la fois la distance physique entre les élèves et la séparation entre les groupes-bulles, notamment durant le dîner.
« Après l’école, on mêle des fois plus qu’une classe ensemble, mais on a acheté des dossards pour identifier qui vient de quelle classe. C’est plus facile pour l’éducatrice de séparer les groupes », explique le directeur.
L’enjeu de la ventilation
Selon le Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM), les écoles d’Ahuntsic-Cartierville n’ont pas fait l’objet de tests de la qualité de l’air dans le cadre de l’analyse réalisée par le ministère de l’Éducation, l’automne dernier.
Le directeur reconnait tout de même que « tout le monde a une anxiété par rapport à ça », surtout pour les bâtiments plus vieux comme celui de la rue Sauvé qui a plus de 70 ans. S’il dit ressentir plus d’inquiétude chez le personnel que chez les parents, le directeur se veut rassurant.
« Pour l’instant, je vous dirais que tout est sous contrôle, puis qu’on essaie de mettre le plus possible tout en place pour favoriser la meilleure aération », assure Christian Lacombe.
Malgré tout, l’école Saint-Martyrs-Canadiens a été touchée par la COVID à l’automne, comme la majorité des écoles du Québec.
« On a été quand même atteint un petit peu, avant les fêtes. On a eu des cas de COVID et certaines fermetures de classes », reconnaît Christian Lacombe.
Au total une quinzaine d’élèves ont été atteints et plusieurs classes ont été fermées cet automne, dit-il.
« Tous les cas qu’on a eus à l’automne ont été contrôlés », assure toutefois le directeur.
Il précise que même s’il y a eu deux classes qui ont connu plus d’un cas, la Santé publique n’a pas déclaré qu’il s’agissait d’une éclosion en milieu scolaire.
La transmission à l’école sous la loupe
« Évidemment, il va y avoir des cas dans les écoles », a prévenu la directrice régionale de la santé publique de Montréal (DRSP), la docteure Mylène Drouin, la semaine dernière lors d’une conférence de presse pour faire le point sur la pandémie dans la métropole.
La docteure Drouin disait espérer que les mesures additionnelles mises en place à la rentrée hivernale permettra de faire des gains, mais reconnaît qu’il est impossible d’éviter la contamination dans les écoles compte tenu de la transmission communautaire élevée.
« Ce qui se passe dans les écoles, c’est le reflet de ce qui se passe dans la communauté », a-t-elle souligné.
Or, une étude récente menée par la professeure Simona Bignami, professeure au département de démographie de l’Université de Montréal semble plutôt indiquer le contraire.
À partir d’une compilation originale de données hebdomadaires publiées par la DRSP de Montréal et des données recueillies par CovidEcolesQuebec.org, l’étude Enfants, écoles et COVID-19 : le cas montréalais semble indiquer que l’augmentation des cas chez les enfants d’âge scolaire (10-19 ans) avait précédé plutôt que suivi l’augmentation de cas chez les adultes (30-49 ans).
« Autrement dit, la transmission de la COVID chez les enfants d’âge scolaire ne semble pas être la conséquence, mais plutôt un déterminant important, du niveau général d’infection dans les communautés avoisinantes », peut-on lire dans une version de l’étude qui été rendue disponible en pré-publication la semaine dernière.
L’étude précise par ailleurs qu’Ahuntsic-Cartierville figure parmi les arrondissements qui ont connu le plus grand nombre d’écoles atteintes et de cas documentés dans les écoles montréalaises.
« Notre analyse descriptive suggère qu’on peut s’attendre une nouvelle augmentation de cas de COVID-19 une fois que les écoles seront rouvertes en présentiel », prévoit par ailleurs le rapport, qui n’a cependant pas encore fait l’objet d’une publication dans une revue révisée par les pairs.
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