Johanne Leduc
Johanne Leduc, bénévole au jardin du Centre-Jean-Jacques-Gauthier du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal. (Photo: Sabrina Lakhouch, JDV)

Un jardin vient d’être ouvert aux usagers du Centre-Jean-Jacques-Gauthier près du parc Henri-Julien. Bien entendu, l’équipe de soins veut aller bien au-delà de la plantation de tomates et de fleurs.

Ils sont une vingtaine de personnes affairées, les mains dans la terre. Lundi 27 mai, les bacs surélevés viennent d’être installés et déjà tout est pratiquement planté dans le jardin attenant au Centre-Jean-Jacques-Gauthier du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal. Parmi la petite foule visiblement joyeuse, Johanne Leduc.

«Nous avons rencontré la dame qui s’occupe du jardin, puis elle a fait un appel à toutes, parce que nous sommes surtout des femmes, pour savoir si nous voulions travailler bénévolement dans le jardin», raconte-t-elle.

Entamant sa soixante-dixième année, Mme Leduc fréquente le Centre-Jean-Jacques-Gauthier pour les ateliers de prévention des chutes. L’isolement dû à la COVID a réduit ses activités. Elle ne s’attendait pas à pouvoir reprendre la pelle et le râteau alors qu’elle venait suivre des ateliers de rééducation physique.

«J’aime jardiner. J’en ai fait beaucoup dans ma vie», assure-t-elle.

Elle cultivait des plantes sur un terrain en bordure de rue. Là, elle a plus d’espace et de moyens.

«J’ai planté des fleurs, des tomates, du basilic», détaille-t-elle avec le sourire.
Elle s’est promis de venir au moins une fois par semaine prendre soin des plantes. D’autant plus que les bénévoles sont encadrés par une diététiste-nutritionniste et une spécialiste dépêchée par Ville en vert.

«Travailler les plantes, avoir accès à la nature, c’est très bon pour la santé mentale, assure-t-elle. Ça rend heureux.» Assurément, ce qui se dégage en entrant dans le lieu, c’est la convivialité.

Une autre approche

«Quand j’ai su qu’il y avait le jardin, j’ai mis mon nom pour être inscrite. J’aime faire du bénévolat en général. Mais j’aime aussi l’entourage de ce centre», indique Sally Saadé.

La dame dans la jeune soixante-dizaine est convaincue qu’au-delà du jardinage, il y a ces rencontres précieuses qu’elle ne manquerait pas.

«Je passe de bons moments. J’habite dans une résidence, je ne veux pas être seule tout le temps. Ici, il y a de la compagnie. Je vois du monde. J’ai deux garçons. Ils sont grands maintenant. Je les vois moins.»

Il faut bien se rendre à l’évidence, la création de ce lieu par le CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal va bien plus loin que l’animation par le jardinage.

«C’est l’aboutissement de plusieurs années de rêves, en fait», confie Chantal Lapierre, cheffe d’administration de programmes en maladies chroniques au Centre Jean-Jacques-Gauthier du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal.

Que ce soit pour les malades chroniques ou pour les personnes qui assistent aux ateliers de prévention des chutes, le jardin offre un contact différent avec les patients qui deviennent des bénévoles prenant soin des plantes.

«On s’est dit, nous voulons définir le soin différemment. On veut vraiment prendre en charge la maladie chronique dans un aspect de prévention et de promotion de la santé», explique Mme Lapierre.

Au jardin, les personnes, souvent âgées, dont le corps est de moins en moins sollicité, saisissent cette excellente occasion de changer leurs habitudes de vie. D’abord, ils apprécient cette activité physique douce, même pour des gens à mobilité réduite qui ont accès à des bacs surélevés.

Prévenir

«On souhaitait utiliser le jardin comme une plateforme pour éduquer, aussi», souligne Mme Lapierre.

Sûrement qu’on ne compte pas nourrir les bénévoles uniquement avec la production du jardin, du moins pas dans l’immédiat, cependant l’espace permet d’ouvrir la perspective d’apprendre ou de réapprendre à cuisiner.

«La clientèle redoute beaucoup l’insécurité alimentaire, avec le prix du panier d’épicerie qui augmente», relève Mme Lapierre.

«Les bénévoles participent à la cuisine, ils vont découvrir aussi les légumes du jardin, les légumes et fruits», renchérit Jessica Abouzeid, diététiste-nutritionniste au Centre.

Alors que les pousses viennent d’être mises en terre, les ateliers de cuisine ont commencé.

«En utilisant des aliments qu’on peut avoir sous la main. Les gens sont engagés en cuisine. Nous faisons de nouvelles recettes pour qu’ils repartent aussi avec de nouvelles compétences culinaires et de nouvelles connaissances sur des aliments», énumère Mme Abouzeid.

Faire la cuisine devrait être un exercice courant, mais certaines personnes risquent de perdre l’habitude de se préparer à manger ou de marcher longtemps.

«Les usagers qui sont atteints de maladies chroniques peuvent perdre leur autonomie aussi, et la confiance à prendre soin de leur santé, à prendre soin d’eux-mêmes», précise Mme Lapierre.

Volontaires pour jardiner, les participants sont volontaires aussi pour se mettre ou se remettre aux fourneaux.

«Ici, globalement, l’équipe de soins accompagne les gens dans l’autogestion, dans l’autonomie, mais c’est un peu le même principe avec le jardin», conclut Mme Lapierre.

En s’intéressant à une activité collective liée à la nature et à la nutrition, les bénévoles ont l’occasion de régler des problèmes complexes et peu visibles. C’est du moins le souhait des soignants.



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