Cet article est tiré du numéro de la rentrée du Journal des voisins (version imprimée) dont le dossier principal est consacré au climat.
Entrevue avec Louise Hénault-Éthier, directrice du Centre Eau Terre Environnement, professeure associée à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).
Selon vous, quelles sont les priorités à mettre en œuvre localement pour lutter contre le réchauffement climatique?
Premièrement, [il faudrait] développer les connaissances scientifiques pour continuer à inspirer les prises de décision politique.
Ensuite, au niveau des municipalités, [il faudrait] déployer des plans fondés sur la science et désirés par la population qui contiennent des objectifs mesurables. Le suivi de ces indicateurs-là vise à vérifier que les efforts des citoyens portent leurs fruits.
Enfin, [il faudrait] construire de meilleurs lieux de vie adaptés aux changements climatiques qui inspireront la population plutôt que de se focaliser sur les changements de vie et les privations qu’impose l’urgence climatique.
Comment améliorer l’acceptation sociale de ces mesures?
La recette est de mobiliser les citoyens en amont afin qu’ils agissent et non pas qu’ils se contentent de commenter des décisions déjà prises. Le public doit être invité à voir le monde positivement et à adapter son environnement de telle sorte qu’il donne envie d’y vivre sans se sentir privé de ses ressources, de ses loisirs, de son confort, etc.
En somme, l’éducation civique à la participation citoyenne est essentielle pour mettre en œuvre des actions locales en faveur de l’environnement. Normalement, chaque aménagement urbain de cette nature devrait s’accompagner de consultation publique. La population a son mot à dire. Force est de constater que beaucoup de gens râlent lorsque les décisions sont prises alors qu’ils ne prennent pas part à ces consultations.
Est-ce que l’utilisation de véhicules électriques est une démarche favorable à la préservation du climat?
Le remplacement de tous les véhicules à essence par des autos électriques n’est pas une bonne solution pour lutter contre le réchauffement climatique.
En réalité, le fait d’augmenter la taille et le nombre de véhicules disponibles sur le marché se révèle être aussi une menace pour les finances publiques et pour la santé publique. Bien qu’ils n’émettent pas de gaz de leur pot d’échappement, les voitures électriques émettent des particules fines qui proviennent de l’abrasion des freins ou des pneus, comme c’est le cas des voitures à essence. De plus, la gestion des déchets issus de leurs batteries pèse lourdement sur l’environnement. Elles contiennent des matières extraites du sous-sol qui peuvent être toxiques et qui ne peuvent être recyclées ou éliminées sans déployer des ressources importantes.
Quelle place peut occuper l’agriculture urbaine dans une politique globale favorable au climat?
L’agriculture urbaine est une autre façon d’insérer la végétation dans le paysage urbain et de rapprocher les producteurs agricoles des consommateurs. Elle fait partie de l’équation. Elle permet d’impliquer les citoyens. Les bénéfices sont nombreux tant sur les plans qualitatifs et sanitaires [légumes et fruits produits sans intrants chimiques] qu’en matière de mobilisation et de création de communautés impliquées dans les politiques urbaines.
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