Denis Lévesque se lance dans les balados. Il reprend la formule qui lui a tant réussi durant des décennies, les entrevues face à face. Toutefois, il y ajoute la latitude et la liberté que permet Internet.
Sur le même étage que le Journal des voisins (JDV) dans le secteur Chabanel du District Central à Ahuntsic, le studio de Denis Lévesque: le show a été aménagé dans un grand local. Des étagères derrière lui, un bureau, des microphones, c’est suffisant pour ouvrir la porte aux confidences et aux émotions.
«Ce que j’aimais, c’était la rencontre avec les gens. C’est être assis face à quelqu’un, puis jaser, puis lui faire dire ce qu’il voudrait dire. Puis des fois, ce qu’il ne veut pas dire, puis finalement, à cause de la confiance, s’ouvrir plus. C’est un peu un art, l’entrevue», confie M. Lévesque en entrevue avec le JDV.
Ce modèle sera repris dans ce qui sera le Denis Lévesque: le show, l’émission principale produite par l’entreprise 9 millions.
Le public pourra avoir accès à des extraits gratuits, accessibles uniquement sur Internet. Pour l’intégralité, il faudra s’acquitter d’un abonnement.
«On va demander 5,99 $, taxes incluses. C’est l’équivalent d’un canal à la télévision», précise-t-il.
Internet, zone libre
Plus que de la télévision, le modèle du web plaît à M. Lévesque parce qu’il permet une plus grande liberté avec le temps et avec le ton.
«On est libre et on n’a pas les mêmes restrictions de durée non plus. Si c’est intéressant, on fait une heure trente. Si ça l’est moins, on fait trente minutes. Puis, les gens sont plus ou moins satisfaits avec la télévision. Ici, il n’y a pas la même langue de bois ni les mêmes restrictions.»
Pour l’ancien animateur de talk-show célèbre, c’est une découverte et une reconversion.
Il a investi dans sa boîte de production, nommée 9 millions, avec Serge Fortin, ancien directeur de l’information à TVA, alors qu’il s’est découvert récemment cette passion pour la baladodiffusion.
Il admet aussi qu’il n’y croyait pas trop avant que sa propre fille ne le pousse un peu et que son associé, M. Fortin, arrive à le convaincre.
«Je n’aurais pas eu cette idée-là si je n’avais pas regardé les Américains. Chris Cuomo qui était à CNN, Megyn Kelly, Tucker Carlson l’ont fait et ça fonctionne bien. Ces noms étaient des institutions dans leur domaine, que ce soit à Fox ou à CNN. Ils sont allés sur le web et eux-mêmes sont surpris. Ils disent: « On ne pensait jamais que ça allait fonctionner comme ça »», raconte M, Lévesque, sans dissimuler son enthousiasme.
Il est certain que le modèle peut fonctionner au Québec alors que l’on recherche encore les modèles gagnants et que se poursuit le fameux virage numérique dans les médias.
Il reste à essayer la recette. Dans la sienne, il y a un ingrédient essentiel, c’est lui-même, un personnage incontournable de la télévision québécoise.
Variations et variétés
Dans le choix de sujets et d’invités, M. Lévesque puisera dans ce qu’il a appris durant plus de 40 ans à interviewer des gens.
«J’ai rencontré récemment, pour une émission, la fille de Claude Blanchard, comédien bien connu il y a des années. Il y a un côté de sa vie qu’on ne connaissait pas. Il était alcoolique et sa femme également. Sa fille a été alcoolique aussi. Elle a été danseuse, a fréquenté le monde des motards, etc. Elle vient faire un témoignage. Je sais que ça va plaire aux gens parce que c’est du vrai monde qui me parle de vraies choses. Ce n’est pas un film sur elle. C’est elle qui raconte ce que c’est de vivre avec deux parents alcooliques et comment ça fait imploser une vie», explique-t-il.
Il a aussi des pistes pour des émissions plus nichées, destinées à des publics particuliers.
«On sait qu’il y a beaucoup de Québécois en Floride; on lancera éventuellement un balado pour ce marché. C’est plus niché. Je pourrais faire une émission là-dessus, mais pas 50. On peut avoir un podcast spécialisé là-dedans», soutient-il.
Nouvelle plateforme
Par ailleurs, des balados spécialisés sur le coût de la vie, les économies, les faits divers, les questions de société comme les peurs et même des émissions de service public pourraient être produits.
«La structure de 9 millions, c’est une compagnie qu’on a créée avec un podcast qui s’appelle Denis Lévesque: le show, mais ce sera comme un canal de télévision», développe-t-il.
L’entreprise prendrait sa place dans le paysage médiatique québécois et offrirait une plateforme de choix pour des producteurs de balados qui ont des idées et l’envie de tenter des expériences.
NDLR: Denis Lévesque présente son projet ici.
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