Depuis deux ans, Guillaume Larivière et Victor Fernandes se retrouvent presque toutes les deux semaines pour faire une partie de quilles au bowling Fleury comme des amis d’enfance. Le Journal des voisins présente un portrait «jumelé» de deux êtres que rien ne prédisposait à une telle amitié : l’un souffrant de déficience mentale légère, l’autre à qui la vie souriait et qui souhaitait simplement partager un peu de sa bonne fortune.
Ils se sont spontanément dit oui pour la vie! Ils vivaient à deux kilomètres l’un de l’autre, mais ils ne s’étaient jamais croisés. La curiosité de l’un et la sensibilité de l’autre leur ont ouvert les portes de l’amitié… C’était en 2020.
«Juste avant la pandémie, j’habitais dans la rue Terrasse Garnier à Ahuntsic avec mon chien et mon chat», se rappelle Guillaume Larivière, 43 ans, un entrepreneur créant des logiciels pour le secteur automobile. «J’étais seul et j’avais besoin de partager. Je me suis alors tourné vers l’association Parrainage civique, raconte-t-il. J’habitais près de chez Victor, mais je ne l’avais jamais rencontré.» L’organisme lui a proposé, alors, trois candidats avec qui il aurait pu se jumeler.
Le parrainage civique
Le parrainage civique consiste à jumeler un citoyen ou une citoyenne bénévole avec une personne marginalisée par ses incapacités (déficience intellectuelle, santé mentale, handicap physique).
Le site parrainagecivique.com permet de découvrir les coordonnées de l’organisme le plus près de chez soi. Les bénévoles potentiels peuvent aussi trouver les réponses à leurs questions en appelant sans frais au 1 877 Parrain (1 877 727-7246).
Source: Regroupement québécois du parrainage civique (RQPC)
«C’était un peu comme une adoption ou une rencontre amoureuse, témoigne-t-il. J’avais ma liste de critères.»
Guillaume a souhaité se jumeler en priorité avec un garçon sportif dont le niveau de déficience n’était que léger. «Je voulais pouvoir échanger avec lui. En regardant les trois photos qui m’étaient proposées, je n’ai pas hésité, j’ai choisi celle de Victor, car il avait un gros sourire aux lèvres.»
De son côté, Victor, 35 ans, affirme: «J’ai pensé, c’est lui! C’était comme un coup de foudre.» Les deux hommes se sont appelés très vite afin de tisser des liens.
Amoureux de hockey!
«On joue aux quilles, aussi, intervient Victor. Et nous avons vu les Canadiens ensemble, et les Rockets, les Alouettes… surtout des matchs de hockey.»
«Parfois, comme je suis en télétravail, il m’arrive de louer un chalet à Mont-Tremblant, deux ou trois semaines d’affilée. J’emmène Victor pour faire de la randonnée. Il reste deux ou trois jours avec moi et je le raccompagne chez lui ensuite.»
«J’ai beaucoup de chance, dit Victor. Hier, on a regardé ensemble 19-2 à la télévision!»
«Oui, confirme son comparse, quand je vais à Mont-Tremblant, de temps en temps, je lui mets cette émission de télévision québécoise, car il l’adore. Moi aussi, j’ai de la chance, renchérit Guillaume. J’ai pu réaliser de grandes choses avec lui. À Noël, en 2022, il m’a aidé à transporter une centaine de plateaux-repas achetés à Tim Hortons. Nous les avions chargés dans ma voiture. Puis nous les avons distribués à la Mission Old Brewery au centre-ville. Ces gens-là n’ont vraiment rien.» Sans Victor, Guillaume n’aurait certainement pas fait ce geste, et vice-versa.
Voyage au Portugal
Bien que le quadragénaire vive aujourd’hui maritalement, avec une femme mère de deux enfants et enceinte d’un troisième, il trouve le temps de se rendre à la Salle de quilles Fleury avec son ami Victor.
Les deux compères profitent de cette occasion pour peaufiner les derniers préparatifs de leur prochain projet commun. Ils retournent prochainement tous les deux dans le pays d’origine de Victor.
«Nous allons au Portugal, au mois de juillet. Mon amie et ses enfants devaient nous accompagner, mais comme elle attend notre premier enfant commun, je vais y aller seul avec Victor.»
«Les frères de mon père ont une maison au Portugal, acquiesce Victor. On va là-bas.»
«La première fois que nous nous sommes retrouvés là-bas, c’était vraiment un pur hasard, reprend Guillaume. En 2022, ma compagne et moi envisagions d’y aller en vacances. Maria, la mère de Victor, m’a alors informé qu’elle aussi s’y rendait avec Victor et toute sa famille en juillet.»
Guillaume et sa partenaire changent alors leurs plans. «Nous avons modifié notre itinéraire et nous sommes partis à Lisbonne puis à Porto, et nous sommes passés à Tondela, dans la petite ville de la famille de Victor. Nous avons passé trois jours avec tout le monde, les cousins, les cousines. Ils nous ont accueillis comme si nous étions des membres de leur famille.»
Pour Guillaume, ce séjour s’est révélé plus riche qu’une escale touristique traditionnelle; il a beaucoup appris sur la culture portugaise.
De véritables amis !
«Comme j’avais beaucoup de temps et que j’étais financièrement à l’aise, j’ai trouvé intéressant de me “jumeler” avec quelqu’un de différent. Ma satisfaction est de le voir sourire. Cela n’a pas de prix! J’essaie aussi d’intégrer Victor à ma propre famille. Je lui ai fait rencontrer mes propres parents qui vivent à Longueuil. Nous sommes devenus de véritables amis!»
Cet article est tiré du numéro d’été du Journal des voisins (version imprimée) dont le dossier principal est consacré au logement.
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