Dans les dernières semaines, il est fort probable que certains résidants de secteurs d’Ahuntsic-Cartierville, en particulier Saint-Sulpice, aient remarqué le retour de leur bruyant voisin dans le ciel, l’avion.

Conséquence de la pandémie et des restrictions sanitaires, peu de gens avaient voyagé ces deux dernières années. Cependant, avec le relâchement des mesures, la fréquence des vols augmente, au grand dam des citoyens qui se plaignent de la pollution sonore créée par le passage de ces aéronefs.

Les Pollués de Montréal-Trudeau est un comité citoyen qui a pour but de défendre les intérêts des Montréalais en ce qui a trait à la lutte contre la nuisance aérienne. Antoine Bécotte, fondateur et membre du conseil d’administration, note qu’il reçoit de plus en plus de plaintes comme celle-ci dans les dernières semaines :

« Je vous écris pour vous faire part de mon exaspération totale envers le bruit causé par les avions survolant mon quartier. Non seulement le bruit est-il devenu insupportable de jour, mais il ne s’interrompt pas de toute la nuit. »

Le retour des voyageurs

Le mois de mai 2022 a été le plus achalandé à l’aéroport Pierre-Elliott Trudeau depuis février 2020. En effet, 1 270 284 passagers sont embarqués ou débarqués à l’aéroport de Montréal pendant cette période, alors qu’il y en avait seulement eu 135 999 en mai 2021 et 39 184 en mai 2020.

M. Bécotte s’attend à ce que le trafic aérien continue d’augmenter : « L’aéroport est déjà beaucoup plus occupé cette année que lors des deux dernières, mais il devrait l’être encore plus en 2023 et 2024. »

Une piste qui change tout

La reprise de ce trafic – et de ses lourdes conséquences sonores – a seulement commencé à se faire sentir dans les dernières semaines. Pourtant, les voyages ont repris, de manière importante, depuis le mois de mars, où le million de passagers mensuel a été dépassé pour la première fois depuis 2020.

Une raison fort simple explique cela : la réouverture de la piste nord. Cette dernière permet aux avions d’effectuer leur descente dans une ligne droite qui passe par-dessus les quartiers situés tout juste au nord de l’autoroute Métropolitaine. Dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, c’est surtout le district de Saint-Sulpice qui est affecté par cette situation.

Cette piste avait été fermée le 14 mars afin d’y effectuer des travaux. Elle a toutefois rouvert le 23 juin. Après quelques mois de répit, en plus de la pause pandémique, le flux constant à quelques minutes d’intervalle des bruyants avions est de retour.

Un stress répétitif négatif 

La pollution sonore causée par les avions crée un dérangement pouvant aussi avoir des effets sur la santé des gens qui en subissent à répétition.

Dre Arline Bronzaft est professeure à l’université de la ville de New York (CUNY). Depuis plus de 45 ans, elle étudie les conséquences que le bruit excessif peut avoir sur la population.

« Le son est un phénomène physique qui voyage à travers les oreilles et se rend jusqu’au cerveau, permettant ainsi aux gens d’y réagir. Quand le bruit est grand, il crée un stress », explique-t-elle.

Elle ajoute qu’un son élevé occasionnel ne cause pas d’ennuis. C’est la répétition de ces bruits qui crée le stress, comme lorsqu’un avion survole fréquemment un secteur ou qu’un train passe souvent.

Elle cite une étude à laquelle elle a travaillé dans les années 1970 où il fut démontré que les niveaux de lecture des élèves étudiant à proximité d’un chemin de fer étaient moins avancés que celui de ceux qui apprenaient dans un environnement plus paisible. Lorsque les élèves ont été déplacés dans une classe moins bruyante, l’écart a été comblé. Bien que cet exemple soit légèrement différent, Dre Bronzaft indique que ça montre ce que l’accumulation d’un bruit de la sorte peut produire.

« On répond physiquement au stress. Le cœur bat plus vite et le pouls augmente. À long terme, ce genre d’accumulation du stress est mauvais pour le cœur, la santé mentale et la circulation », ajoute-t-elle.

Elle déclare que le bruit des avions « est un son qui devrait être défini comme dangereux pour la santé mentale et physique. Les études montrent que les gens habitant à proximité des aéroports ont plus de probabilités de rentrer à l’hôpital pour des maladies cardiovasculaires ».

La chercheuse ajoute que même chez les gens dont le bruit ne crée pas de problèmes de santé, il nuit tout de même à la qualité de vie. Par exemple, dit-elle, il devient plus difficile de passer du temps de qualité dans sa cour.

Elle insiste sur l’importance d’une réponse politique afin de forcer les avions à emprunter des trajets moins nuisibles et aux constructeurs aériens de s’efforcer de produire des avions moins bruyants.

Mais la plupart du temps, les autorités agissent très peu sur ce dossier.

Malgré le fait que l’ADM se dote de plusieurs outils pour mesurer le bruit et enregistrer les plaintes citoyennes, rien n’est fait au final pour atténuer la situation. Plusieurs mesures de leur plan d’action ont même été repoussées à 2023.



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Carole Charbonneau
Carole Charbonneau
2 Années

Adressez une plainte à ADM: réponse automatique: les procédures ont été suivies. Faudrait changer ces procédures! Les Airbus notamment qui actionnent leurs volets en poussée inversée amènent un grincement intolérable. Et que dire de Mélanie Joly qui ne comprenait pas récemment pourquoi des résidents se plaignent puisque le trafic aérien était diminuée: courte vue de cette personne qui persiste à publiciser “Toujours là pour Ahuntsic-Cartierville”. Changer vos fenêtres dit-elle, c’est pas tout le monde qui peut payer alors que la fameuse subvention accorde 60$ par trou de fenêtre. L’ajout d’insonorisation au coût de 2000,00$ pour 7 fenêtres devraient être remboursée par ADM comme cela se fait dans certains pays européens. Qu’est-ce qu’elle fait concrètement pour la santé des résidents? Elle dit qu’elle travaille sur ce dossier ! Eh bien ?!! Écrire à NAV-Canada: c’est un renvoi à ADM. Écrire au (ex) ministre des transports – astronaute célèbre: renvoi à ADM. Écrire au ministère de l’environnement du Québec: pas de leur ressort. Aviser la mairesse d’AC: rien qui change. C’est désespérant !

François legault
François legault
2 Années

Je pense qu’il est grand temps que cet organisme cesse de dépenser de l’énergie pour le problème de bruit mais qu’il travaille uniquement à convaincre les élus et la population de retourner cet aéroport à Mirabel avant que quelqu’un d’autre occupe le terrain et les pistes. Prolonger la 13 et le train de banlieue jusqu’à Mirabel et vite, ça presse.

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