Premier débat politique à Ahuntsic-Cartierville, une rencontre avec les étudiants du Collège de Bois-de-Boulogne le 15 septembre. Une occasion pour des jeunes de questionner quatre candidats aux élections provinciales dans la circonscription de l’Acadie sur des enjeux qui les intéressent au premier chef.
La discussion a permis d’aborder des sujets aussi variés que la place du français ou le logement. Situation qui a obligé les candidats de sortir des lignes des programmes de leurs partis.
Organisé par le département d’économie et d’administration du Collège, le débat a réuni sur la scène de l’Espace Hubert-Reeves, Élyse Lévesque représentante de Québec Solidaire, André A. Morin du Parti libéral, Roula Al-Nseir du Parti vert et Véronique Lecours pour le Parti québécois.
Alors qu’il est de plus en plus difficile de se loger à Montréal, les candidats aux élections du 3 octobre dans l’Acadie ont tenté de répondre à cette inquiétude.
« J’étais en porte à porte en cette semaine, j’ai rencontré une famille qui me disait qu’elle était locataire et là, c’est une famille avec des enfants. Ils veulent acheter et elle a dû aller sur la Rive-Sud », a raconté Élyse Lévesque, de Québec solidaire.
Pour elle, il y a une nécessité d’aider les jeunes à se loger, notamment en achetant un bien.
« Il faut que notre génération, moi je suis dans la trentaine, puisse acheter en fait. Il faut que tout le monde puisse acheter, mais en ce moment il y a réellement un fossé générationnel. »
M. Morin du Parti libéral a souligné l’importance vitale d’un toit au-dessus de la tête.
« C’est la raison pour laquelle on veut construire 50 000 unités sur 10 ans. En me promenant dans le comté, en rencontrant des gens, moi j’ai décidé de prendre un engagement local, c’est-à-dire de suivre le dossier du terrain de la prison Tanguay et travailler avec les municipalités si je suis élu. »
« C’est le Parti québécois qui a créé Accès-logis et qui justement, faisait une différence entre les logements abordables et les logements sociaux », a rappelé Mme Lecours du PQ.
Français en danger
La question sur la langue semblait être taillée presque pour le candidat libéral. Il avait été critiqué pour avoir déclaré au lancement des élections que le déclin du français n’était pas quelque chose qui l’inquiétait.
« Regardez la langue française, il faut la promouvoir et il faut faire évidemment tout ce qu’on peut pour qu’on puisse continuer à parler en français », a déclaré M. Morin.
Il a rappelé que son parti propose plus de 20 initiatives pour protéger le français.
Mme Lévesque de QS a souligné que le déclin du français au Québec est inquiétant.
« Un des endroits où on parle le plus dans la vie, c’est au travail. Pour vous, c’est à l’école. (…) Je pense qu’il faut renforcer la place du français au travail, donc on veut, entre autres, imposer la loi 101 aux entreprises de 10 employés et plus. Pour l’instant, en ce moment, c’est 50 employés et plus. »
Mme Lecours a relevé que c’est son parti qui est l’artisan de la loi 101.
« Le Parti québécois appuie les 40 cégeps francophones qui veulent que la loi 101 soit appliquée aussi au niveau collégial. Cela revalorisera aussi les diplômes des cégeps. Il y a des études qui démontrent que lorsqu’on fait des études postsecondaires en anglais, on est plus enclin à l’utiliser au travail. »
Alors que son parti propose de réduire considérablement le nombre d’immigrants reçus chaque année au Québec, Mme Lecours savait qu’elle se présentait aux élections dans une circonscription qui est une porte d’entrée pour les nouveaux arrivants. Elle a soutenu que le PQ apprécie l’apport de l’immigration à la société.
« Il faut également être capable de pouvoir les amener à parler la langue française. Alors c’est pour ça qu’on veut diminuer le seuil d’immigrants dans les premiers temps, parce qu’on veut s’assurer qu’ils puissent bien apprendre le français », a-t-elle assuré.
Porte-monnaie
Sur la proposition du Parti libéral pour un transport en commun gratuit pour les étudiants, une jeune de Bois-de-Boulogne a demandé comment seront compensés les manques à gagner.
« Il y aura d’abord une compensation pour les sociétés de transport avec l’argent que génère le Québec avec les impôts », a indiqué le candidat du PLQ, M. Morin.
La perte sera renflouée avec le temps.
« Mais ça nous apparaît super important pour vous aider maintenant, que le transport en commun soit gratuit. Et ça aide bien sûr, à réduire le nombre de véhicules et donc les gaz à effet de serre. »
La candidate de QS à ces élections a été interrogée sur la volonté de son parti de créer un registre des loyers et d’assurer la transparence des prix des logements. Est-ce qu’une telle démarche sera efficace pour faire baisser les prix?
Elyse Lévesque a soutenu que l’intervention sur la fiscalité municipale aiderait.
« En ce moment, les villes se financent par les taxes foncières. Donc quand on a une maison, on paye des taxes foncières et plus notre maison a une valeur élevée, plus on payera de taxes », a-t-elle expliqué.
Selon elle, il n’y a aucun intérêt à ce que les villes voient construire des logements sociaux ou à loyer modique dans ce cas.
« Il faut revoir la manière de financer les municipalités pour qu’elles ne reposent pas sur la valeur des maisons. On pourrait par exemple penser à financer les municipalités sur l’impôt des particuliers ou encore faire une fiscalité qui dépendrait du terrain et non de la propriété en soi. Donc on payerait une taxe pour le terrain, mais pas pour le type de propriété ou sa valeur. »
Sur l’inflation, un étudiant a demandé comment réduire les prix sans faire compenser les baisses par des augmentations ailleurs.
« Ce qu’on propose, c’est une baisse d’impôts parce qu’il y a urgence d’agir maintenant », a affirmé M. Morin du PLQ. Tout en reconnaissant que cela créera un déficit. Il a promis qu’il sera renfloué avec le temps.
« On ne peut pas baisser la part des gens qui ont les moyens de contribuer à l’assiette fiscale », a rétorqué Mme Lecours du PQ.
Politique
La question du changement du mode de scrutin a été posée, offrant surtout à la représentante de QS toute la place pour critiquer la Coalition Avenir Québec (CAQ).
Elle a avancé que son parti souhaite un mode de scrutin mixte compensatoire qui permettrait notamment de mieux représenter la diversité politique en région lors des élections provinciales.
« François Legault s’est rendu assez loin avec le projet 39 pour réformer le mode de scrutin. Ils sont allés [la CAQ] jusqu’en commission parlementaire. On a passé beaucoup de temps là-dessus. Finalement, il a dit « bon, ben ça n’intéresse plus personne », mais il s’est rendu jusqu’à un projet de loi. C’est quand même fascinant. »
« Oui, on veut avoir un mode de scrutin proportionnel qui représentera beaucoup mieux toute la population », a répondu pour sa part Mme Lecours, du PQ.
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