L’histoire du peuple arménien (12 millions de personnes dont près de 8,5 millions vivent à l’étranger, parmi lesquels 180,000 au Canada dont plusieurs se sont établis dans l’arrondissement d’Ahuntsic Cartierville à partir des années 1950) a été marquée par une suite de tragédies. La plus grave a été le génocide du deux tiers des Arméniens vivant en Turquie en 1915 et 1916, durant la première guerre mondiale, en raison des famines, déportations et massacres orchestrés par les dirigeants de l’empire ottoman[1].

Le Nagorny Karabagh : cause des conflits entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie

Après la révolution russe de 1917 et la création de l’Union des républiques socialistes de l’Union soviétique (URSS), celle-ci a imposé sa domination sur la région du Caucase en profitant de la défaite de l’empire Ottoman, et créée plusieurs républiques dont celles de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan en 1920. Les Arméniens avaient enfin un pays. Mais l’URSS,  qui voulait aussi s’assurer de l’appui de l’Azerbaïdjan, a cédé à cette république le Nagorny Karabagh, une enclave peuplée à 95% d’Arméniens au sein de son territoire le 4 juillet 1921. Les Azerbaïdjanais et les Arméniens n’ont jamais accepté cet état de fait ;  les premiers, parce qu’ils considéraient qu’il s’agissait là d’une « zone d’occupation étrangère » sur leur territoire ;  les seconds parce qu’ils n’acceptaient pas la séparation de leur peuple.

La guerre de 1991-1994

Cela explique qu’en 1991, à la suite de l’éclatement de l’URSS,  le Nagorny Karabagh a proclamé unilatéralement son indépendance et réclamé sans succès son rattachement à la république d’Arménie. L’indépendance du  Nagorny Karabagh ne sera reconnue par aucun État membre de l’ONU, mais cette initiative donnera lieu à une guerre entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie qui durera des années et fera plus de 30 000 morts. Les Arméniens se défendront en occupant plusieurs territoires de l’Azerbaïdjan, ce qui provoquera l’adoption de quatre résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU en faveur d’un cessez-le-feu en 1993. Les  hostilités entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie ne cesseront qu’après la trêve négociée par la Russie en 1994.

La guerre de 2020

Selon le International Crisis Group, les conflits entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie ont repris à la frontière du Nagorny Karabagh en juillet 2020, faisant des douzaines de morts parmi les civils et obligeant plusieurs habitants à quitter leur maison.  Le 27 septembre 2020, l’armée de l’Azerbaïdjan a bombardé la capitale du Nagorny Karabagh, Stepanakert. L’Azerbaïdjan est déterminée à reprendre le contrôle de cette « zone d’occupation étrangère » alors que les Arméniens se disent prêts à mourir pour défendre leurs compatriotes. En réalité, selon plusieurs sources d’information[2], les Azerbaïdjanais sont en position de force. La ville de Stepanakert a déjà été détruite par les bombes et ses habitants ont fuit ou se terrent dans leurs sous-sols. Cette victoire de l’Azerbaïdjan, selon ces sources, serait due au fait qu’elle bénéficie de l’appui de l’aviation et des mercenaires de la Turquie recrutés parmi les djihadistes dans les zones qu’elle contrôle encore en Syrie… une version niée par le gouvernement azerbaïdjanais, mais adoubée par le président de la France, Emmanuel Macron.

Conclusion

On ne sait pas, à l’heure de publier ces lignes, comment évoluera cette nouvelle guerre entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie.  Mais de l’avis de plusieurs spécialistes, les conflits entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie ne seront jamais réglés tant que subsistera le Nagorny Karabagh. L’Azerbaïdjan ne veut pas de cette enclave qui lui a été imposée par l’URSS et qu’a continué de soutenir la Russie de Vladimir Poutine.  La solution  n’est pas le rattachement du Nagorny Karabagh à l’Arménie, mais le retour des Arméniens du Nagorny Karabagh en Arménie.  L’histoire des guerres dans les Balkans  nous a démontré que lors de conflits ethniques persistants, le transfert de populations dans leur pays d’origine est la seule solution pour maintenir la paix.  Cette solution sera-t-elle retenue ? Rien n’est moins sûr, car la république d’Arménie veut préserver à tout prix le Nagorny-Karabagh.

[1] La Turquie a toujours refusé de reconnaître ce génocide, mais plusieurs pays l’ont fait dont le Canada.

[2] Agence France Presse, France 24

*(NDLR: Cette deuxième version du texte écrit par l’auteure aurait dû se retrouver dans l’édition de la version Ouest du mag papier du JDV. C’est malencontreusement la première version qui a été publiée dans la version Ouest. Nous nous en excusons.)



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Benoit Caron
Benoit Caron
3 Années

Malgré la précision de sa chronique, je reproche à l’auteure sa conclusion. Madame Éthier semble oublier le plus important, à savoir que plusieurs hauts-lieux du patrimoine arménien, églises, monastères, etc, se trouvent dans le Haut-Karabakh. C’est comme si un Québec indépendant se voyait retirer la ville de Québec, l’île d’Orléans et la Côte de Beaupré avec le sanctuaire Sainte-Anne de Beaupré. Je me battrais pour conserver moins que cela…
On peut déplacer une population, mais il est criminel de l’arracher à ses racines où Dieu lui-même est intervenu.

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