Les femmes en politique… Il y en a un peu partout à travers le monde, mais elles ne sont pas si nombreuses qu’on pourrait le croire. Pour toutes sortes de raisons, la politique rebute encore les jeunes femmes. Ici, sur le territoire d’Ahuntsic-Cartierville, nous avons plusieurs élues. Nous vous en présentons trois qui sont de formations politiques différentes, et font leur travail à des paliers politiques différents. Et, même si c’est peut-être indiscret, en 2015, toutes trois avaient le même âge, dans la trentaine!
Afin de réaffirmer le rôle des femmes en politique, Émilie Thuillier, qui était leader de l’Opposition avec Projet Montréal en 2015, et actuellement candidate a la mairie d’Ahuntsic-Cartierville pour les élections municipales du 5 novembre 2017; Marie Montpetit, députée libérale provinciale de Crémazie et adjointe parlementaire du ministre de la Santé et des Services sociaux à Québec; de même que Mélanie Joly, députée fédérale d’Ahuntsic-Cartierville, et aussi ministre du Patrimoine canadien, ont toutes accepté de se prêter au jeu des questions et réponses.
Femme en politique
Les femmes sont de plus en plus nombreuses à vouloir faire de la politique, à vouloir prendre la parole. Mais l’élection de femmes n’est pas égale à celle des hommes. Présentement, on n’atteint même pas le tiers d’élues dans les villes québécoises; 27 % de femmes ont été élues lors de la dernière élection au Québec, et au fédéral, on ne compte que 26 % d’élues le 19 octobre dernier.
Le Conseil du statut de la femme a suggéré l’obligation pour les partis de respecter la « zone paritaire » lors du recrutement des candidates et des candidats (entre 40 et 60 % de femmes).
Il va sans dire que les femmes, peu importe leur allégeance politique, sont solidaires de cette position.
« Je suis tout à fait d’accord avec l’obligation qui serait donnée aux partis politiques de respecter la zone paritaire, a dit d’entrée de jeu Mme Thuillier. Le meilleur exemple au Québec est la Loi sur la gouvernance des sociétés d’État, qui imposait la parité au sein des conseils d’administration. Du jour au lendemain, les sociétés d’État ont réussi à trouver des femmes compétentes et désireuses de participer! Toutes les sociétés ne sont pas encore paritaires, mais le progrès est substantiel ».
Marie Montpetit souhaite aussi que les femmes soient plus nombreuses à choisir l’action politique et que cela commence par une prise de conscience dans chaque parti. Mais elle refuse de jouer la carte de la coercition.
« Je siège au comité directeur du Cercle des femmes parlementaires de l’Assemblée nationale. Le cercle regroupe les 35 députées et parmi nos priorités, la représentativité des femmes en politique se trouve au haut de la liste et il fait consensus qu’il faut réduire les obstacles à l’engagement des femmes et encourager les jeunes femmes à s’impliquer davantage. Entre autres, la culture politique actuelle rebute certaines femmes et nous travaillons à changer ça », a-t-elle mentionné.
Mélanie Joly lutte depuis longtemps pour la place des femmes en politique et ne rate pas l’occasion de dire que le cabinet paritaire de Justin Trudeau fait le tour du monde. Une décision saluée par les progressistes, comme l’a fait aussi Mme Thuillier.
« Je salue la décision du Premier ministre Justin Trudeau qui a formé un cabinet paritaire même s’il n’avait pas la parité dans son caucus », a-t-elle dit.
Conciliation travail-famille
Plusieurs intervenants recommandent l’instauration de mesures de conciliation travail-famille en politique, pour chaque palier de gouvernement, qui a des horaires distincts. Comme des entreprises le font aussi. Tous et toutes s’accordent pour dire qu’il y a du chemin à faire pour que les femmes en âge d’avoir des enfants pensent à se lancer en politique.
Émilie Thuillier a été la première élue montréalaise à avoir eu deux enfants en mandat (un par mandat, tient-elle à préciser, ce qui selon elle, signifie que c’est « possible »). Mais elle tient à dire que cela représente aussi un défi.
« La première chose à faire, et le conseil municipal est en train de le faire, c’est de faire en sorte qu’une élue qui donne naissance ou qui adopte un enfant (ça vaut aussi pour les élus) puisse s’absenter 18 semaines sans subir de conséquences. Ensuite, il faut réfléchir au soutien que la Ville doit donner à une élue qui s’absente pour ce motif. Rien n’existe en ce moment », déplore-t-elle.
À Montréal, depuis 2015, c’est maintenant chose faite. Au Québec, une loi a été votée en ce sens en 2016 pour les élus municipaux.
Un défi de tous les jours
Marie Montpetit a une fille âgée de 9 ans maintenant. Elle signale que l’Assemblée nationale est le parlement qui siège le plus au Canada, ce qui fait que la conciliation travail-famille est un défi de tous les jours.
« Au cours des dernières années, plusieurs mesures ont été adoptées pour améliorer la situation, notamment celle d’adapter le calendrier parlementaire au calendrier scolaire. Une mesure qui améliorerait davantage la conciliation serait d’autoriser le vote par procuration comme c’est le cas en Australie lors d’absences pour obligations familiales ou pour congé parental », a suggéré la députée de Crémazie, qui a aussi déjà dirigé la Commission politique de son parti.
La ministre Joly estime qu’il faut s’ajuster le plus vite possible et favoriser la conciliation travail-famille.
« Plusieurs ministres ont de jeunes enfants. Et d’autres collègues, comme moi, seront peut-être appelés à avoir des enfants. Même ma chef de cabinet est enceinte. Ça démontre un message clair. C’est une considération importante et il faut s’adapter », a-t-elle averti.
Motivations politiques
Mélanie Joly parle souvent de l’importance de la politique comme vecteur de changement. C’est par la politique avec un grand « P » que l’on avance, quand on est à la table des décisions.
« Je n’ai pas été élue comme maire, rappelle Mme Joly, mais je vais faire avancer des dossiers favorables à ma ville et ma circonscription. C’est aussi fondamental que de s’adapter à la réalité de 2015 : faire face aux changements climatiques, à la révolution numérique. Il faut s’adapter tout en luttant pour réduire les inégalités dans la société », a-t-elle lancé.
Émilie Thuillier abonde dans le même sens, soit de travailler pour l’avancement de la société. Sa liste est longue.
«Respecter l’environnement, manger sainement, faire des contributions à des organismes qui assistent les plus pauvres, s’occuper de sa maison et de sa ruelle, etc. Mais cela a une limite. Par exemple, comment une personne pourrait-elle recycler s’il n’y avait pas de collecte, d’usine de traitement, de transformateurs? Nous vivons en société et les décisions prises par les gouvernements et les municipalités nous concernent tous. J’ai décidé de me lancer en politique parce que les décideurs n’allaient pas souvent dans le sens que je souhaitais! », a-t-elle confié.
Dans la peau
On sent toute la passion pour la politique, tout comme Marie Montpetit qui reconnaît avoir la politique dans la peau.
« C’est un choix difficile, mais une passion aussi, a reconnu la députée libérale provinciale. C’est aussi un état d’esprit permanent : celui de réfléchir à des projets pour la société, trouver des solutions, aider les citoyens. C’est un besoin d’agir, d’améliorer les choses, d’aller de l’avant et de préparer le futur ».
C’est pour cette raison qu’elle a décidé de s’engager en politique et qu’elle travaille entre autres pour nos enfants.
«J’aspire à une société où tous les enfants commenceraient leur vie avec les mêmes chances de réussite. Je souhaiterais que comme société nous puissions permettre à l’ensemble des enfants de s’épanouir et de développer leur potentiel. Je fais le plus possible à cet égard dans la circonscription », a-t-elle soutenu, interrogée sur la cause qui lui tient le plus à cœur.
La conseillère de Projet Montréal aussi fait corps et âme avec la cause des enfants, d’autant plus qu’il y a des corrections à faire.
« Pour la première fois, les enfants nés après l’an 2000 ont une espérance de vie moindre que celle de leurs parents. Et ils seront en moins bonne santé que nous dans leurs dernières années de vie. Comment en sommes-nous arrivés là? Et surtout, que faire pour inverser la tendance? Je n’ai pas la solution, mais je sais qu’il faut agir tous ensemble!», a-t-elle martelé.
Mélanie Joly aussi travaille en fonction des générations de l’avenir.
« J’espère profondément que les jeunes filles vont croire en la politique. Elles n’ont pas à changer leur personnalité pour le faire. La génération de ma grand-mère et ma mère sont sorties des sentiers battus, capables d’atteindre les premières sphères de décisions. Mais le défi est d’accéder à ces postes en demeurant nous-mêmes authentiques, féministes. On peut être maman et conjointe aussi, tout en faisant de la politique… »
(Article publié dans le magazine papier de décembre 2015 – avec la collaboration de Christiane Dupont pour les mise à jour en juillet 2017).
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