Il y a un an, le festival de musiques traditionnelles québécoises «La grande rencontre» prenait le nom de Festival Trad Montréal. C’est plus qu’un changement de nom pour les instigateurs de l’événement musical qui voulaient lui donner un nouvel envol.
De retour à Ahuntsic du 31 août au 4 septembre, ce festival tend clairement à effacer ce préjugé qui veut que musique trad soit trop souvent associée à vieille musique, pour ne pas dire à musique de vieux, très vieux, ceux du 19e siècle.
« Souvent, c’est présenté comme de la musique facile à jouer à Noël. Il y a plein d’idées préconçues autour qui ne sont absolument pas vraies. On se bat pour déconstruire ces idées-là jour après jour parce qu’effectivement, les acteurs de la musique traditionnelle, aujourd’hui et depuis je dirais 10, 15 ou 20 ans même, ce sont essentiellement des jeunes », assure Samuel Royer-Legault, musicien et codirecteur artistique du festival.
Des propos sur lesquels renchérit sa complice pour le festival, Marjolène Forest, codirectrice artistique, qui a baigné toute son enfance dans la musique trad :
« Cette année est une continuité. On a consciemment voulu avoir une programmation avec une grande présence féminine et des groupes émergents. Donc il y a des gens qui sont déjà dans le milieu depuis quelques années, mais qui ont de nouveaux projets ou bien des projets qui sont en cours. »
Ce rajeunissement se reflète aussi dans la présentations de sonorités plus contemporaines.
« Il y a des influences qui viennent des autres cultures ou d’autres courants musicaux. Beaucoup de musiques traditionnelles n’utilisent pas cette expression-là, les musiques pop ou le funk pour ne citer que celles-là. On fait aussi davantage de fusion. Il y a également le fait que les musiciens, qu’on dit traditionnels, sont de plus en plus formés. Ce sont des gens qui ont des formations en musique. C’est leur travail. C’était un peu moins le cas auparavant », explique M. Royer-Legault.
Musique vivante
Cela étant, cette évolution de la musique trad ou, du moins, son festival à Montréal peut paraître naturelle, car elle reste une musique facile à écouter et à apprécier.
« C’est un peu drôle à dire; c’est une musique traditionnelle, mais aussi populaire et donc elle demeure très accessible. Ce n’est pas du jazz. Ce n’est pas de la musique classique contemporaine. Elle a eu besoin, et je ne sais pas si c’est un besoin, d’évoluer. C’est venu naturellement parce que les musiciens connaissent d’autres courants et ont une formation musicale beaucoup plus approfondie », mentionne M. Royer-Legault.
Pour Mme Forest, l’introduction de la danse dans le festival a aussi redéfini l’approche.
« En fait, les danseurs sur scène étaient peut-être un petit peu moins représentés dans le passé. La musique trad renvoie aussi à une forme de musique de danse. »
La facilité d’accès à cette musique et le fait de la marier avec des formes qui viennent d’ailleurs lui gardent au final sa dimension populaire et son pouvoir d’interpeller des gens qui habitent à Montréal et qui n’ont pas forcément l’occasion d’écouter de la musique trad.
« Ce n’est pas une musique qui nécessite un savoir ou une expertise démesurés pour le grand public. Pour cela, elle peut les rejoindre, à l’inverse de la musique jazz ou de la musique classique, par exemple, qui peut requérir un certain niveau de dévouement à ce type d’art pour pouvoir l’apprécier », relève M. Royer-Legault.
Ancrages
Il reste que la musique traditionnelle québécoise renvoie aussi à des racines nord-américaines. Est-ce qu’autant de renouveau ne risque pas de lui faire perdre son sens?
« On retrouve quand même les racines trad dans les spectacles qui sont présentés durant ce festival. Parce que certains projets sont puristes dans leur approche vis-à-vis de la musique traditionnelle québécoise, puis après, il y a aussi d’autres propositions qui éclatent un petit peu plus sur ce qu’est la musique traditionnelle. Ils s’en inspirent, puis s’en vont ailleurs », assure Mme Forest.
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