Le 2 juin est la Festa Nazionale Della Repubblica, la Fête nationale de la République italienne. Une journée fériée et un moment de commémoration important en Italie. Malgré une forte communauté italienne à Ahuntsic-Cartierville et à Montréal, la fête passe carrément sous silence.
«Nous sommes au courant de la journée, on en a parlé avec mon père, mais on n’en fait pas une célébration particulière», indique Dominica Merola au Journal des voisins (JDV).
Chanteuse, musicienne et compositrice qui a grandi et qui vit à Ahuntsic, Mme Merola anime souvent des spectacles dans les parcs de l’arrondissement ou bien à l’église de la Visitation comme elle l’a fait le 23 décembre 2022.
«Par contre, je vais participer à la fête de la Saint-Jean-Baptiste au parc Ahuntsic. On m’a demandé de chanter des chants patriotiques. C’est drôle, non? Mais en même temps, je me rends compte que cela [les festivités québécoises] fait partie de moi aussi», confie-t-elle.
Mme Merola est née à Montréal, tout comme son père qui est nul autre que le peintre Mario Merola. Le public peut voir ses œuvres tous les jours, notamment à la station de métro Sherbrooke. Un bon nombre de celles-ci sont exposées dans des musées au Québec ou au Canada.
«Mon grand-père est arrivé d’Italie très jeune au Québec, par bateau. Il avait 18 ans», souligne Mme Merola.
Dans la famille Merola on tient à perpétuer ses racines et ses traditions italiennes. Toutefois, cela ne se met pas en concurrence avec une identité québécoise fièrement assumée.
«Quand je voyage, quand je suis en tournée en France, par exemple, on me présente comme Québécoise d’origine italienne. Les gens se demandent où est la Québécoise en moi. Quand je parle, on me reconnaît à mon accent québécois», observe-t-elle.
Ici, en chantant dans les parcs, souvent des Italiens viennent la voir à la fin d’un concert. «Avec un nom comme le mien, difficile de ne pas être identifiée», reconnaît-elle.
Elle sera d’ailleurs le 2 et le 30 juillet ainsi que le 3 septembre en concert au parc de Mésy à Cartierville avant de s’envoler pour une tournée à Taïwan.
Mme Merola aime aussi se retrouver dans les restaurants qui rappellent l’Italie, à Ahuntsic ou ailleurs à Montréal. Une part incontournable de la culture italienne! «J’aime l’atmosphère de ces lieux», confie-t-elle au Journal des voisins.
Gastronomie et histoire
Nommez un restaurant italien d’Ahuntsic et ce sera certainement la Molisana, sur la Promenade Fleury. Il existe depuis 44 ans.
«Nous sommes un restaurant italien, mais nous sommes là grâce aux Québécois qui nous apprécient», avertit Giovanna Giancaspro, la propriétaire.
En plus de servir de la cuisine créée typiquement en Italie, cet établissement est aussi un lieu culturel puisqu’en fin de semaine, on peut aller y écouter des chanteurs italiens.
C’est aussi un lieu gorgé d’histoire et celle-ci est bien québécoise. Maurice Richard aimait y manger son bœuf à la parmigiana. Pour rendre hommage au personnage incontournable de l’histoire contemporaine du Québec, Mme Giancaspro a accepté avec fierté qu’un des murs de son restaurant soit orné de la murale «le Rocket», représentant le hockeyeur de légende.
Elle admet que le 2 juin n’est pas une date qui est célébrée à Ahuntsic ou à Montréal.
«En Italie, c’est une date très importante. Ici certains Italiens ne la connaissent même pas. C’est plate. Cela s’est passé en Italie et cela se fête la-bas», concède Giovanna Giovanna Giancaspro.
Deux langues
«Les Italiens, c’est un peuple qui aime fêter. Mais ils fêtent tout, la victoire d’une équipe de soccer ou les saints religieux, analyse Leonardo Fiore, figure incontournable du milieu communautaire à Ahuntsic-Cartierville. Mais ils ne fêtent pas le 2 juin.»
M Fiore dirige depuis plus de douze ans Prévention du crime Ahuntsic-Cartierville connu sous le nom de Tandem, après une longue carrière à la Ville. Il connaît bien la communauté italienne de l’arrondissement.
«Chaque année, à la fin août, au parc Saint-Simon, il y a la fête du grain. C’est la fête d’un village en Italie [qui a été transposée ici]. C’est le gros party avec les feux d’artifice et tout», illustre-t-il.
M. Fiore est né à Montréal. Ce sont ses parents qui ont immigré en 1950.
«Ce qui distingue les membres de la communauté italienne, c’est qu’ils parlent tous français. Mon père recevait le Journal de Montréal jusqu’à sa mort et ma mère a continué de le recevoir aussi», remarque-t-il.
Cette particularité les différencie des autres immigrations italiennes, notamment sur le continent américain. Au Québec, ils ont gardé leur langue et ont entièrement intégré la langue du Québec.
«Les Italiens aux États-Unis, ils sont américains. La langue italienne chez eux est vraiment devenu un patois. Il y a des mots que je ne comprends même pas», note-t-il.
Ces particularités font au final que les Italiens sont complètement fondus dans la société québécoise, tout en gardant leur singularité.
«Quand on parle d’un Italien d’ici, même vous les médias, on ne voit plus que c’est un immigrant.»
Immigrants pianissimo
«Les Italiens sont probablement la plus grande communauté immigrante à Montréal. Ils sont 300 000. C’est aussi une communauté qui a aidé à bâtir le Canada», affirme Jeanette «Dalida» Peluso.
Chanteuse, animatrice à la radio italienne de Montréal, elle adore Ahuntsic. «C’est imbattable», lance-t-elle.
C’est depuis Naples qu’elle accorde une entrevue au JDV, là où se trouve sa maison de disques. Elle reprend là-bas sa carrière artistique là où elle l’a laissée depuis la pandémie de COVID-19 en 2020.
Cette présence des Italiens dans les murs de Montréal et d’Ahuntsic-Cartierville est due au fait que l’apport de cette communauté fédère tout le monde.
«Aujourd’hui, tous les francophones apprécient le vin, les pâtes, la culture des Italiens. Ils ont des traditions que tout le monde aime», croit Mme Peluso.
Quant au 2 juin, elle assure que c’est une immense fête en Italie et elle est célébrée au Québec à titre officiel. Mais à l’échelle personnelle, cela demeure rare.
«À la radio où je suis animatrice, la journée est dédiée à la fête. On y passe des chansons de partisans», mentionne-t-elle.
Sinon, Mme Peluso promet qu’en 2024 elle continuera d’alimenter encore les apports de la culture italienne avec un album de chansons de Dalida en français et en italien, comme elle le faisait avant la COVID.
Festa della Repubblica Italiana est la fête nationale en Italie célébrée le 2 juin de chaque année, depuis 1948, pour commémorer la naissance de la République italienne après le référendum de 1946 qui a aboli la monarchie.
Restez informé
en vous abonnant à notre infolettre
Vous appréciez cette publication du Journal des voisins? Nous avons besoin de vous pour continuer à produire de l’information indépendante de qualité et d’intérêt public. Toute adhésion faite au Journal des voisins donne droit à un reçu fiscal.
Nous recueillons des données pour alimenter nos bases de données. Pour plus d’informations, veuillez vous reporter à notre politique de confidentialité.
Tout commentaire sera le bienvenu et publié sous réserve de modération basée sur la Nétiquette du JDV.