Mylène Drouin, directrice de la santé publique de Montréal. (Photo : François Robert-Durand, archives JDV)
Mylène Drouin, directrice de la santé publique de Montréal. (Photo: François Robert-Durand)

Les autorités de santé publique appellent à la prudence à l’approche de la période des fêtes, alors que l’émergence d’un nouveau variant du SARS-CoV-2 suscite l’inquiétude dans le monde.

La directrice régionale de santé publique, docteure Mylène Drouin, flanquée de la représentante du centre de commandement du réseau de la santé montréalais, Sonia Bélanger, a fait le point mercredi sur la situation sanitaire à Montréal.

Les cas en toujours hausse

« Le nombre de cas à Montréal continue de progresser », observe la docteure Drouin.

La hausse des cas dans la métropole décrit « une pente douce, pas une progression exponentielle comme on peut voir dans les pays européens », précise-t-elle.

Ahuntsic-Cartierville n’est pas épargné par cette hausse, mais l’arrondissement affiche toujours des taux d’incidence et de positivité inférieurs à la moyenne montréalaise.

Avec 95 nouveaux cas dans la dernière semaine, le taux d’incidence hebdomadaire atteint 70,77 cas par 100 000 habitants, comparativement à 79,83 cas/100 000 dans l’ensemble de Montréal.

Le secteur Saint-Sulpice Ouest, qui compte une douzaine de nouveaux cas, affiche un taux beaucoup plus élevé à 123,84 cas/100 000.

Pour la première fois depuis le creux de vague du début octobre, le taux de positivité sur 28 jours est repassé au-dessus de la barre des 3 % pour s’établir à 3,3 %, mais demeure largement inférieur au seuil des 5 % qui servait de critère pour passer au palier rouge dans l’ancien système d’alertes et d’interventions régionales.

Hospitalisations stables, urgences sous pression

Malgré la hausse des dernières semaines, le nombre d’hospitalisations et de décès associés à la COVID-19 demeure relativement stable.

Les hospitalisations se maintiennent sur un plateau depuis plusieurs semaines à Montréal.

« Les urgences sont toujours très sollicitées », signale Sonia Bélanger.

La porte-parole du réseau de la santé montréalais invite donc les personnes qui ont besoin d’une consultation médicale à aller dans les Groupes de médecine familiale (GMF) ou les cliniques sans rendez-vous pour « éviter d’exercer une pression sur les salles d’urgence » qui affichent des taux d’occupation de 120 % en moyenne.

L’accès en médecine familiale demeure très difficile pour la population adulte, mais le service « Un appel, un rendez-vous » permet aux parents qui souhaitent obtenir une consultation pour leurs enfants de 16 ans ou moins d’obtenir un rendez-vous dans les 24 à 48 h.

La situation dans les milieux de soins est généralement sous contrôle, avec une poignée d’éclosions et moins de deux douzaines de cas dans l’ensemble des hôpitaux ou des résidences pour personnes âgées de Montréal.

Aucune éclosion active n’était signalée dans le nord de l’Île, mais le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) rapporte un cas actif au CHSLD Cartierville.

Hausse marquée chez les jeunes

Si les personnes âgées semblent échapper à la hausse actuelle, on ne peut pas en dire autant des jeunes.

« Face à cette hausse de cas, on a aussi une hausse d’éclosions, principalement en services de garde et en milieu primaire », note la docteure Drouin qui précise que plus de la moitié des éclosions actives à Montréal touchent ces milieux fréquentés en majorité par des jeunes non-vaccinés.

On assiste, en conséquence, à une hausse « très importante » chez les 5 à 11 ans ainsi qu’une hausse concomitante chez les 35-54 ans, explique la directrice de santé publique.

Dans Ahuntsic-Cartierville, les 0-9 an sont, de loin, le groupe comptant le plus de cas dans les 28 derniers jours et la proportion que représentent les moins de 10 ans sur l’ensemble des cas rapportés continue d’augmenter de semaine en semaine.

Alors que la campagne de vaccination des 5-11 ans vient de débuter, cette tendance n’est pas près de s’arrêter.

« Pour avoir l’immunité, ça prend quand même minimalement une semaine ou deux. Je ne pense pas qu’on va voir d’impact avant le retour des vacances [de Noël]. Je pense que d’ici les trois prochaines semaines, on va être encore dans les cas et les éclosions qui génèrent des cas secondaires pour quelques semaines », avance la docteure Drouin.

Variant Omnicron, une variable inconnue

Les autorités de santé estiment qu’il est trop tôt pour évaluer l’impact que pourrait avoir le nouveau variant Omnicron sur l’évolution de la situation sanitaire à Montréal.

« Nous sommes tous en alerte », assure Sonia Bélanger.

Des plans de contingence sont prévus pour libérer 500 lits au besoin, advenant un pic des hospitalisations liées à la COVID-19 en lien avec une éventuelle cinquième vague liée à la transmission communautaire de ce nouveau variant détecté il y a quelques jours.

« On a très peu d’informations sur les caractéristiques épidémiologiques de ce variant, sa transmissibilité, jusqu’à quel point il va créer des formes sévères de la maladie et son échappement immunitaire aux vaccins. Donc, c’est sûr que dans un contexte comme ça, l’angle à adopter c’est un angle de prudence », prône Mylène Drouin.

Comme lors de l’émergence du variant Alpha l’an dernier, les autorités de santé entendent adopter une stratégie de suppression pour retarder autant que possible la transmission communautaire du nouveau variant.

« Il ne faut pas paniquer face à ce variant-là », tempère toutefois la docteure Drouin.

Selon elle, il faut miser sur le maintien ou le renforcement des mesures en place et sur la poursuite de la campagne de vaccination localement comme à l’échelle mondiale.

« On est tous globalement interconnectés, et je pense qu’on doit clairement se préoccuper des taux de vaccination et de la vaccination de l’ensemble des pays du monde, puisque ce sont des incubateurs à variants. Et on va s’en sortir quand tout le monde va s’en sortir, collectivement », plaide la directrice de santé publique.

Vaccination : « Le plus tôt, c’est le mieux »

Mylène Drouin n’en appelle pas moins à presser le pas pour accélérer l’administration d’une première dose du vaccin aux enfants et d’une troisième dose aux personnes admissibles.

« Le plus tôt, c’est le mieux ! », dit Mylène Drouin.

Elle fait écho aux récentes projections de l’Institut national de santé publique du Québec qui montrent que la vaccination des enfants en décembre pourrait réduire de façon importante l’augmentation du nombre de cas et d’hospitalisations anticipée au retour des fêtes.

« On va augmenter nos contacts dans le temps des fêtes, donc ça vaut la peine si vous avez dépassé le six mois d’aller chercher cette dose supplémentaire de vaccin », plaide-t-elle auprès des personnes admissibles à la dose de rappel.

Les chiffres sur le nombre de troisèmes doses administrées ne sont toujours pas inclus dans les données publiées par la Direction régionale de santé publique (DRSP) de Montréal, mais le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Nord-de-l’Île-de-Montréal indique que 12 035 doses de rappel ont été administrées à ce jour.

Environ 10% des 5-11 ans ont déjà reçu leur première dose à Montréal.

Le message semble avoir été entendu pour le 5-11 ans : à peine une semaine après le lancement de la campagne de vaccination pédiatrique, près de 1000 enfants âgés de 5 à 11 ans avaient déjà été vaccinés dans Ahuntsic-Cartierville.

Sur le territoire du CIUSSS, qui compte environ 30 000 jeunes enfants âgés de 5 à 11 ans, plus de 8000 enfants ont été vaccinés depuis le début de la campagne de vaccination pédiatrique.

Quelque 700 élèves ont été vaccinés dans les écoles du Nord de l’île, fait savoir le CIUSSS, mais le JDV n’a pas été en mesure d’obtenir d’information précise sur les écoles où se déploiera la campagne de vaccination en milieu scolaire.

« La logistique relève du CIUSSS et nous préférons d’abord informer les parents de la tenue de la vaccination dans les écoles », se contente de dire le porte-parole du Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM), Alain Perron.

Le CIUSSS n’a pas communiqué de listes d’écoles et nous a référé… au CSSDM.

Si certains CIUSSS prévoient visiter l’ensemble des écoles de leur territoire, le CIUSSS du Nord de l’île a plutôt opté pour une approche ciblée dans certaines écoles.

À l’heure actuelle, moins de 50 % des écoles montréalaises sont ciblées pour des campagnes de vaccination en milieu scolaire, fait d’ailleurs savoir Sonia Bélanger.

Elle encourage donc les parents qui le peuvent à prendre rendez-vous dans des centres de vaccination en soulignant que des centres sont disponibles aux quatre coins de l’île.

Le centre de vaccination d’Ahuntsic étant réservé pour la vaccination scolaire, les parents qui souhaitent accompagner leurs enfants doivent prendre rendez-vous dans d’autres cliniques de vaccination situées dans Villeray, Saint-Laurent ou Montréal-Nord, ou encore dans des sites comme celui du Palais des congrès, qui fermera ses portes le 24 décembre.

Petits ou moyens partys pour Noël ?

À l’approche des fêtes, les consignes en vue des rassemblements familiaux se font attendre et une certaine confusion semble régner.

« J’aurais plus tendance à être dans une perspective prudente au moment où on se parle », avance la docteure Drouin.

La directrice de santé publique invite les personnes qui entendent célébrer à privilégier autant que possible des rassemblements entre personnes adéquatement vaccinées et à réduire le nombre de convives pour maintenir une certaine distanciation.

Elle estime que, dans le contexte actuel, il est « trop tôt » pour envisager élargir à 25 le nombre de personnes autorisées à se rassembler dans des domiciles privés, comme l’a évoqué le premier ministre Legault il y a quelques jours.

Il faudra d’abord voir si la hausse actuelle des cas se traduit par une hausse des hospitalisations dans les prochaines semaines et, surtout, si la menace du variant Omnicron commande un resserrement des mesures en place.



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