Drapeau d’Haïti (Photo: The KANPE Foundation)

Le 1er janvier est la fête d’indépendance d’Haïti, une date importante à l’occasion de laquelle les Haïtiens boiront la fameuse soupe joumou. Le journaldesvoisins.com (JDV) vous brosse un portrait de la communauté haïtienne dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville.

Selon les données du recensement de 2016, 143 165 personnes d’origine haïtienne ont élu domicile au Québec, dont la majorité est de la première génération. Montréal est un foyer fort de la communauté haïtienne, comme en témoignent les 57,3 % de cette population installée dans la métropole.

Dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, les Haïtiens représentent 8,3 % de la population immigrante avec 4 310 individus.

Les raisons du départ des Haïtiens de la Perle des Antilles varient d’une vague d’immigration à l’autre, tout comme d’une famille à l’autre. Les regroupements familiaux représentent toutefois 53,6 % de cette diaspora. La communauté haïtienne a su apprivoiser les habitudes et les valeurs québécoises; elle travaille d’ailleurs activement à guider à son tour les nouveaux immigrants venus de l’île caribéenne.

Le 1er janvier, chaque année, tous les Haïtiens fêtent leur indépendance en dégustant un bol de soupe joumou (une variété de courge), et célèbrent ainsi la naissance de la première République noire indépendante au monde.

Un peu d’Histoire

À l’époque, Haïti était une colonie française d’une richesse économique sans pareille : l’île était par exemple la première exportatrice de sucre au monde. La Révolution haïtienne commence en 1791 (inspirée par les échos de la Révolution française, parvenus jusqu’aux Antilles) et sera menée par des figures telles que Toussaint Louverture jusqu’à la victoire de Vertières, le 18 novembre 1803.

La victoire de cette bataille décisive ouvre la voie à l’indépendance de l’île, qui fut proclamée le 1er janvier 1804 sur la place d’Armes des Gonaïves par Jean-Jacques Dessalines, considéré comme le père fondateur d’Haïti. Saint-Domingue fut alors rebaptisée Haïti, et Marie-Claire Heureuse Félicité – femme du premier dirigeant haïtien Dessalines – servit la soupe joumou à tous les esclaves désormais libres.

L’indépendance d’Haïti sera d’abord reconnue par l’État du Vatican en 1804. La France refusera de reconnaître ce nouvel État jusqu’en 1825, ne voulant pas perdre sa colonie la plus rentable. Elle réclamera par ailleurs une dette de 150 millions de francs or à Haïti en échange de son indépendance, une somme que certains experts estiment aujourd’hui à 25 milliards d’euros, soit plus de 36 milliards de dollars canadiens.

Aujourd’hui, Haïti récolte encore les conséquences de cette terrible dette, qui fut finalement réglée grâce à un prêt auprès des banques françaises. Pour Marc Damord, Haïtien spécialiste des relations entre Toussaint Louverture et Napoléon, l’île n’a jamais pu se relever de cet affront : « C’est la première fois dans l’Histoire que le pays vainqueur doit payer le pays vaincu ».

Il la décrit comme une punition occidentale et d’un exemple servi par l’Occident colonisateur : Haïti, alors plongée dans la pauvreté, devait ainsi servir d’exemple aux autres colonies voulant se révolter.

La soupe joumou. (Photo : courtoisie JRDN Photographie)

La soupe joumou

La soupe joumou, inscrite au patrimoine immatériel de l’Humanité, est bue chaque année le 1er janvier par les Haïtiens du monde entier. Elle est préparée avec de la courge giraumon, des morceaux de viande, des légumes et des pâtes, bouillis durant une à deux heures.

Ce mets à la couleur riche est chargé d’Histoire : il constituait le plat préféré des colons lorsque l’île était encore sous le joug de ses oppresseurs. Il était par ailleurs strictement interdit aux esclaves, de là l’importance symbolique de leur libération.

Marie France Mésilas Sévère, propriétaire du restaurant Bouillon de saveurs situé dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, raconte qu’elle prépare chez elle cette soupe tous les 31 décembre et que ce plat est consommé en famille à minuit, le 1er janvier.

Elle cuisine également un gros chaudron de cette soupe à son restaurant pour les familles haïtiennes qui ne la prépareraient pas à la maison, qui pourront alors venir la déguster au 2291, rue Fleury E.

Marie France Mésilas Sévère, cheffe propriétaire du restaurant Bouillon de saveurs à Ahuntsic. (Photo: Anne Marie Parent, JDV)

« Notre slogan [à Haïti] est “l’union fait la force”; on le voit car on a pu prendre notre indépendance par l’union […]. Chaque année, toutes les familles sont unies mentalement dans cette logique de boire la soupe ensemble. Aujourd’hui, il faut qu’on soit tous unis dans les actions pour aider notre pays », témoigne Marie France Mésilas Sévère, ajoutant que la culture haïtienne est gravée dans son cœur et lui manque énormément.

Rappelons que le Journaldesvoisins.com avait publié un article sur Mme Mésilas Sévère dans le Mag papier de septembre 2021, à la page 29.

Haïti vit encore une situation complexe, entre catastrophes naturelles et chaos politique, rendant cette célébration du 1er janvier quelque peu nostalgique pour les Haïtiens.

Le JDV vous invite à lire la chronique Elle tourne la Terre de notre collaboratrice Diane Éthier qui portera sur Haïti. Elle paraîtra dans notre prochaine édition imprimée, le Mag papier de février 2023. Le journal sera distribué aux portes des résidants de l’arrondissement, puis on pourra le consulter dans les archives en ligne.

 

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