«Ce n’est pas acceptable. Ce n’est pas normal!» Ce slogan pouvait être entendu lors d’une manifestation qui a eu lieu dans Parc-Extension, samedi dernier, afin de contester la hausse « vertigineuse » du prix des loyers dans la région de Montréal. Le Comité logement Ahuntsic-Cartierville (CLAC) était présent, étant donné l’étendue de la situation dans notre arrondissement.
Bien qu’Ahuntsic-Cartierville ne soit pas le secteur le plus affecté par la pénurie de logements abordables sur l’île de Montréal, il s’agit d’un phénomène observable. Maryse Henri, membre du conseil d’administration des Habitations Nicolas-Viel, a fourni plusieurs exemples concrets lors d’une entrevue avec le JDV.
« Je connais des gens qui ont dû déménager très loin de Montréal afin d’entrer dans leur budget, souligne-t-elle. Il y en a d’autres qui se sont fait refuser parce qu’ils ont des enfants et les propriétaires n’ont pas envie de se faire marcher sur la tête… Je ne sais pas jusqu’où tout cela va aller. »
D’après les données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), le loyer moyen a augmenté de 3 % dans Ahuntsic-Cartierville entre octobre 2019 et octobre 2020. D’autres secteurs de Montréal vivent une réalité plus difficile : pour la même période, le taux d’augmentation était de 10 % dans Hochelaga-Maisonneuve, 13% dans Baie-d’Urfé/Beaconsfield et 14 % dans le Sud-Ouest/Verdun.
Le courtier immobilier Mathieu Lagarde, de l’entreprise Christine Gauthier Immobilier, est conscient du fait que la hausse est moins élevée dans Ahuntsic-Cartierville. Toutefois, les familles sont plus affectées que les individus.
« Il y a de la rareté partout, mais davantage pour les familles, car il y a moins de grands logements dans Ahuntsic, illustre-t-il. Il y a beaucoup de triplex composés d’un grand logement au rez-de-chaussée et deux 3 ½ en haut. Sinon, beaucoup de gens louent des condos, mais très peu ont trois chambres. »
Cependant, ce n’est pas partout pareil… Récemment, il y a eu des cas de rénoviction dans Cartierville. L’an dernier, le JDV s’était d’ailleurs déjà intéressé à ce phénomène qui est de plus en plus commun malgré son illégalité.
Anne Levac, agente de milieu pour le CLAC, est bien au fait de la montée des rénovictions dans Ahuntsic-Cartierville.
« C’est une pratique courante maintenant, mentionne-t-elle. Sur la rue Lachapelle, dans Cartierville, un propriétaire a profité d’un incendie pour rénover les logements et les revendre beaucoup plus cher ensuite. »
Plus de logements sociaux?
Mme Levac souligne également l’importance d’avoir davantage de logements sociaux dans l’arrondissement afin de permettre à tous les résidants de trouver un endroit où habiter.
« Nous pensons qu’il y aura davantage de familles qui vont se retrouver sans logement cette année. On met de la pression par rapport aux logements sociaux, mais les gouvernements fédéral et provincial se lancent la balle dans ce dossier et ça avance lentement. »
Maryse Henri abonde dans le même sens, même si la Ville de Montréal exige un minimum de 20 % de logements sociaux dans tout nouveau développement sur son territoire.
« Il n’y a pas assez de financement pour les logements sociaux, affirme-t-elle. La preuve, c’est que la banlieue recule de plus en plus! »
Il existe aussi une autre forme de contrôle des loyers : un programme de logements abordables, dans le cadre duquel les propriétaires sont obligés de maintenir les loyers entre 75 et 95 % du loyer médian.
Registre des loyers
Récemment, la Communauté métropolitaine de Montréal a décidé de mettre de la pression sur le gouvernement provincial concernant l’arrivée possible d’un registre des loyers. Sans grande surprise, le CLAC serait tout à fait d’accord avec l’implantation d’une telle mesure.
« Un registre des loyers permettrait aux locataires qui signent un nouveau bail de connaître le prix de loyer du locataire précédent et d’entreprendre un recours juridique, lorsqu’il y a abus. Les hausses de loyers les plus importantes ont lieu lors d’un changement de locataire», expliquait l’organisateur communautaire du CLAC, Yvon Dinel, dans un communiqué.
Les propriétaires s’opposent cependant à la mise en place d’un tel registre. L’Association des propriétaires du Québec a déclaré qu’il s’agissait d’une « fausse solution » et que la hausse des loyers était nécessaire en raison de l’augmentation des coûts liés à la propriété.
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Comme l’on expliqué plusieurs spécialistes, peu de petits propriétaires seraient intéressés a construire des logements locatifs car il y aurait trop de contraintes
Il y a vraiment trop peu de logements sociaux pour répondre aux besoins des familles et des personnes seules. Malgré l’entente fédérale-provinciale, les budgets sont insuffisants. Trop peu de logements sociaux financés et aussi trop peu de $ pour chacun d’eux. Comment bâtir un logement social décent à Montréal avec le maigre financement par logement du Programme Accès-Logis. Des familles sont coincés, ils dépensent une trop forte proportion de leurs revenus pour payer le loyer et il en manque pour le reste dont la nourriture . . .