Serge Richard-Caron CBAS aînés
Serge Richard-Caron directeur du Centre de Bénévoles Ahuntsic-Sud (CBAS) devant les peintures de l’exposition femmes d’exception. Photo: JDV / Amine Esseghir

Un organisme d’aide aux personnes âgées a décidé de mettre l’art au centre de ses activités.

Dans l’une des salles du centre communautaire sur la rue Laverdure, la dizaine de membres du Centre de Bénévoles Ahuntsic-Sud (CBAS) parcourt assidûment les textes que leur metteur en scène, Fabien Lachance, leur distribue. Ces comédiens se réunissent tous les mardis pour faire la lecture de leur pièce de théâtre.

«Je voulais rendre hommage aux femmes d’exception, à l’aventure qu’elles ont vécue, par l’art», explique M. Lachance en entrevue avec le Journal des voisins (JDV).

Ce metteur en scène qui a été également professeur de théâtre au niveau cégep rappelle que l’œuvre sur laquelle ils travaillent tous est inspirée d’une autre activité artistique du CBAS, la peinture. Les membres de l’organisme ont réalisé, l’année passée, 15 œuvres qui rendent hommage à 15 femmes au centre d’une exposition intitulée Femme d’exception.

Atelier de théâtre du CBAS aînés
Atelier de théâtre du CBAS au centre communautaire Ahuntsic avec Fabien Lachance. Photo: JDV / Amine Esseghir

M. Lachance a choisi la comédienne et auteure Pol Pelletier comme figure centrale de son projet.

«Nous en sommes vraiment tout au début. Le texte est fait, la distribution n’est pas tout à fait terminée, mais ça s’en vient. J’en ai pour deux ou trois rencontres pour les lectures, pour que nous nous comprenions, que nous parlions le même langage, que nous visions les mêmes objectifs. Puis, nous allons nous déplacer dans l’espace parce que c’est une aventure, c’est un chemin que Pol Pelletier a suivi. Nous allons le recréer. Nous irons nous installer dans un wagon de métro», décrit-il sans entrer dans les détails.

Pourquoi l’art?

L’activité théâtre est une nouveauté au CBAS. Elle a commencé en 2024 grâce à une heureuse rencontre entre M. Lachance et Janine Lalonde.

Auteure de deux romans et de nouvelles, mais aussi réviseuse, Mme Lalonde s’est essayée à l’écriture théâtrale.

«L’occasion s’est présentée l’année passée, parce que Fabien Lachance est devenu bénévole pour le CBAS, et puis il avait travaillé longtemps, pour le Centre du Théâtre d’aujourd’hui puis au Théâtre du Nouveau Monde. J’ai écrit une pièce, lui est un metteur en scène, et voilà», résume-t-elle.

Elle est devenue aussi comédienne, comme d’autres membres du CBAS qui n’imaginaient pas embarquer dans un tel projet.

«C’est l’expression de soi, c’est quelque chose qui me passionne, que j’aime beaucoup», relève Lorraine Bernier.

«Toute ma vie, j’ai raconté des histoires aux autres. J’étais un peu la Fanfreluche [héroïne de la pièce] de la famille. J’étais animatrice dans les centres de loisirs. J’aime faire semblant, comme Fanfreluche», relève Francine Cloutier qui participe aussi à l’atelier de peinture du CBAS. L’année passée, elle avait assisté au spectacle. Cette année, elle y prend part.

Le CBAS peut se targuer d’être le seul organisme pour aînés qui met l’art au centre de ses activités. C’est du moins ce que croit Serge Richard-Caron, le directeur.

Lors d’une rencontre stratégique avec les membres de son équipe, l’idée de changer de nom a été discutée.

«Le fameux nom CBAS, Centre de bénévoles Ahuntsic Sud, ne définit pas notre identité ou notre mission», commente-t-il pour le JDV.

Après un débat, il a été convenu de garder le nom. L’organisme existe depuis 41 ans. Les implications d’un tel changement sont importantes.

«Alors nous nous sommes dit, au lieu de changer le nom, rajoutons plutôt l’art de vivre ensemble», raconte-t-il.

«En fait, c’est devenu notre devise. L’art de vivre ensemble était en 2008 un programme fédéral spécial», renchérit Mireille Gaudet, coordonnatrice des ateliers artistiques. C’est la marque de fabrique du CBAS.

«Nous avons des gens qui pourraient s’en aller chez eux à la retraite et dire bonjour, merci. Nous avons des gens motivés. Nous avons une belle gang», soutient M. Richard-Caron.

Services nécessaires

Le CBAS est aussi un organisme d’aide aux personnes âgées et offre des services courants.

La fondatrice et ancienne directrice savait que les personnes âgées, à un moment de leur âge, auraient besoin d’aide, d’un soutien, qu’elles ne trouveraient pas dans leur entourage direct.

«Nous avons deux chapeaux. Nous avons une popote roulante, nous avons une équipe de bénévoles qui fait des accompagnements médicaux d’une part. Le volet activités culturelles et artistiques, la peinture, l’exposition théâtrale, d’autre part», note M. Richard-Caron.

Ce qui le tracasse, c’est le peu de visibilité dont bénéficient les activités artistiques.

«L’organisme vient aussi sortir les gens de l’isolement, leur offrir des activités qui les amènent à bouger», martèle M. Richard-Caron.

Les services s’adressent à des personnes de 65 ans et plus.

«Nous avons accepté récemment une dame âgée de 53 ans. Nous avons une certaine marge de manœuvre», convient-il.



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