Sylvain Lessard, directeur ventes et opérations chez RÉCO. Photo : JDV / Amine Esseghir

Le commerce est autant une brocante qu’une quincaillerie. Celui qui regarderait attentivement certains articles croirait se trouver carrément dans la réserve d’un musée. RÉCO est une quincaillerie d’économie sociale, ouverte il y a presque une année à Ahuntsic. Elle donne une seconde vie à des matériaux de construction.

Ce magasin est la destination du citoyen qui rénove sa vieille maison, de l’entrepreneur qui mène un gros chantier ou de l’organisation qui remplace des dizaines de portes ou de fenêtres. RÉCO, c’est un centre de rénovation sur 10 000 pieds carrés installé non loin de Chabanel, dans le District Central.

Il s’y vend des produits d’occasion que certains n’hésiteraient pas à qualifier de vintage. En fait, cela épargne quantité d’objets de l’enfouissement. Chaque objet accepté est un don pour lequel un reçu est émis.

«Il y a une dimension essentielle aujourd’hui et on n’arrête pas d’en parler : ce matériel, on n’aura pas besoin de le refabriquer. Ces choses auront une nouvelle vie et c’est aussi une économie d’énergie, une démarche qui associe écologie et préservation de l’environnement», indique Sylvain Lessard, directeur ventes et opérations en entrevue avec le Journal des voisins (JDV).

C’est Architecture sans frontières Québec, un OBNL qui met l’architecture au service de l’humanitaire, qui a trouvé ce nom.

Contact humain

Au-delà de la réutilisation des matériaux, le magasin renoue avec la vieille façon de magasiner. Il n’y a ni catalogue sur Internet ni vente en ligne. Pour trouver ce qu’il cherche, un client devra se déplacer.

«Quand ils font des rénovations, il faut que les gens viennent régulièrement. Une fois qu’ils sont ici, nous pouvons faire partie du projet. Nous pouvons les aider», relève le directeur des ventes de RÉCO au milieu d’une longue rangée de portes soigneusement alignées.

Effectivement, même si tous les objets sont méticuleusement triés et classés, seuls les employés sur place connaissent les trésors que renferme RÉCO.

«Mes poignées de porte, ce n’est pas exactement celles-là que je voulais. Je reviendrai plus tard», résume-t-il.

La diversité des objets, dont plusieurs n’existent plus dans les commerces, offre également autant de pistes pour inspirer architectes, décorateurs, designers ou rénovateurs amateurs.

Toutefois, RÉCO agit dans les limites de son espace et de ses capacités à écouler les marchandises. Il ne peut accueillir tous les vieux matériaux du monde.

«Il faut que ce soit accessible, de bonne qualité et non endommagé», précise M. Lessard.

Une vraie seconde vie

Ce qui est exposé est vendu tel qu’il a été apporté. Tout ce qui est trop usé ou ce qui remplit déjà les stocks n’est pas accepté.

«Je ne prends plus de lavabo de salle de bain à moins que ce soit quelque chose que je n’aie pas en magasin. Si la personne veut m’en offrir, mais que j’en ai 12 du même modèle, je ne l’accepte pas. Non pas que [le produit] ne soit pas bon. C’est juste que mon objectif n’est pas d’accumuler. Si je ne le revends pas, il n’a aucune valeur pour moi», prévient M. Lessard.

Cela vaut tout autant pour de vieilles portes qui ne sont plus aux normes ou qui ont été redécoupées pour s’adapter à une maison trop ancienne.

En même temps, RÉCO a été l’endroit où l’Université McGill, après d’importants travaux, a déposé portes, fenêtres et tables anciennes parfaitement conservées.

Un modèle de collaboration généralisé?

Une démarche comme celle de RÉCO a besoin, certes, d’investisseurs qui font de la réutilisation un modèle d’affaires, mais elle a aussi besoin de gens et d’entités qui pensent redonner vie aux objets anciens au lieu de s’en débarrasser.

«J’ai visité l’an dernier Portland, aux États-Unis. Là-bas, il y a une loi. Si une maison a été construite avant 1950, on ne peut pas la démolir, on doit la déconstruire. Donc, si vous faites des rénovations, vous ne pouvez pas tout [détruire] et tout envoyer à l’enfouissement», mentionne M. Lessard.

Pour lui, c’est ainsi qu’on devrait faire au Québec ou au Canada pour la plus grande réutilisation possible de vieux matériaux.

Cet article est tiré du numéro d’automne du Journal des voisins (version imprimée) dont le dossier principal est consacré à la sécurité à Ahunstic-Cartierville.



Restez informé

en vous abonnant à notre infolettre


Vous appréciez cette publication du Journal des voisins? Nous avons besoin de vous pour continuer à produire de l’information indépendante de qualité et d’intérêt public. Toute adhésion faite au Journal des voisins donne droit à un reçu fiscal.

Nous recueillons des données pour alimenter nos bases de données. Pour plus d’informations, veuillez vous reporter à notre politique de confidentialité.

Tout commentaire sera le bienvenu et publié sous réserve de modération basée sur la Nétiquette du JDV.

S'abonner
me prévenir de
guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Voir tous les commentaires
Vous pourriez aussi aimer ces articles

Ces itinérants qui dérangent

  Le sentiment d’insécurité autour de l’itinérance semble plus lié à un…

Les brèves de la semaine dans Ahuntsic-Cartierville – 2 septembre

Chaque lundi, le Journal des voisins fait le tour des nouvelles à…

Nouvelle : «Père et fils de Nicolas Bourdon»

Père et fils Nicolas Bourdon Chapitre 1 Il existe des affinités électives…

Collège Ahuntsic : une chaîne humaine contre les coupes budgétaires

La direction du Collège Ahuntsic et le syndicat des employés et des…