Après une absence d’Ahuntsic-Cartierville de 15 ans, période durant laquelle elle a habité sur le Plateau Mont-Royal, Éloïse Deschamps est de retour dans l’arrondissement. Elle qui pensait revenir dans une petite oasis de paix a été choquée. La hausse du bruit dans l’arrondissement a été la première chose qui l’a frappée au point de lui faire regretter son retour.

« C’est 10 fois plus bruyant que quand nous habitions sur le Plateau. J’habitais une rue à l’est de Papineau sur Sherbrooke, c’est pour dire! », s’exclame-t-elle.

Le bruit des moteurs des camions de transport, les motos qui pétaradent, les excès de vitesse, mais aussi la circulation dense des voitures qui accélèrent pour entrer sur l’autoroute, sont autant de facteurs qui dérangent cette résidante de la rue des Prairies, entre Henri-Bourassa et Prieur.

« La fin de semaine, dans la cour, j’entends la circulation jusqu’au coucher de soleil. Ça enterre le chant des oiseaux. »

Mur antibruit à la Place l’Acadie

L’autoroute 15 est l’un des grands générateurs de bruit à Ahuntsic-Cartierville. Une manière d’atténuer la propulsion de son bruit est l’installation d’un mur antibruit le longeant.

Cette responsabilité relève du ministère des Transports du Québec (MTQ). La mairesse de l’arrondissement, Émilie Thuillier, considère que le MTQ n’est malheureusement pas très proactif en la matière.

Le dernier mur antibruit a été construit le long de la Place L’Acadie.

« L’arrondissement Ahuntsic-Cartierville et la Ville de Montréal l’avaient obtenu après  une chaude lutte quand le projet de Place l’Acadie a été réalisé », nous raconte Mme Thuillier.

Il y avait eu consultation devant l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM). Les gens présents avaient demandé un mur antibruit. Puisque le projet prévoyait d’accueillir davantage de personnes dans le secteur, il était impératif de les protéger du bruit. Le mur antibruit a donc été inscrit dans le rapport de l’OCPM comme l’une des conditions de réalisation du projet.

« Grâce à ces démarches, la Ville a réussi à obtenir du MTQ l’installation du mur antibruit à cet endroit. Malheureusement, ce n’était que dans le cadre du projet de la Place l’Acadie », déplore Mme Thuillier.

C’est pourquoi le ministère des Transports a construit le mur antibruit seulement le long du projet et pas ailleurs. Plusieurs citoyens résidant au sud de la Place L’Acadie subissent aussi le bruit de la circulation et aurait pu bénéficier d’un mur plus long.

Cela dit, Sarah Bensadoun, porte-parole du MTQ, nous informe que pour l’ajout d’un mur antibruit, la municipalité doit faire une demande auprès du ministère pour qu’il y ait évaluation du besoin. Pour l’instant, le ministère n’a reçu aucune demande de prolongement du mur antibruit dans ce secteur.

Efficace le mur?

La secrétaire des Ressources Habitation de l’Ouest (RHO), un immeuble de logements sociaux situé à la Place l’Acadie, affirme que ses résidants se plaignent toujours du bruit et que le mur n’a pas changé grand-chose.

En ce sens, la mairesse Thuillier croit que le bruit se dirige surtout horizontalement, mais verticalement aussi, et donc qu’un mur antibruit ne peut pas régler l’entièreté du problème.

Autres solutions

En milieu urbain, l’une des principales solutions pour améliorer le climat sonore est de diminuer les limites de vitesse, ce que l’arrondissement a exigé dans la dernière année. Sauf que le règlement n’est pas toujours respecté par les automobilistes.

Une autre solution est la plantation d’arbres. L’arrondissement est en déficit de plantation d’arbres depuis 2011. Depuis la venue de l’agrile du frêne, l’arrondissement abat plus d’arbres qu’il n’en replante, ce qui ne fait qu’empirer le problème du bruit.

En décembre dernier, en plus de l’argent dépensé chaque année, trois millions de dollars supplémentaires sur trois ans ont été investis pour augmenter la cadence de plantation d’arbres. L’arrondissement souhaite ainsi arriver à planter un arbre pour chaque arbre abattu.

Observatoire sur le bruit? Pour quand?

Certaines mesures sont donc mises en place pour tenter – avec plus ou moins de succès – d’endiguer le problème, mais le volume de circulation urbaine et de transit demeure l’un des grands problèmes qui cause tout ce bruit, même la nuit. Et il n’a jamais été vraiment mesuré.

Et cela, c’est sans compter les avions qui passent au-dessus de la tête de nombreux résidants d’Ahuntsic-Cartierville, de jour comme de nuit, et dont le bruit est décidément perturbateur. Il n’y a de couvre-feu que le nom, la nuit; les autorités aéroportuaires laissant des vols arriver du Sud après minuit, et autorisent de nombreuses exceptions, chaque nuit.

À l’occasion de la dernière campagne électorale municipale, le 8 août 2017, celle qui allait devenir la mairesse de Montréal, Valérie Plante, était venue au parc Henri-Julien, précisément pour faire l’annonce de la création d’un Observatoire du bruit ici même dans Ahuntsic-Cartierville si son parti remportait l’élection.

La mairesse Valérie Plante, au parc Hneri-Julien, alors qu’elle annonçait que Projet Montréal allait créer un Observatoire du Bruit dans Ahuntsic-Cartierville – Août 2017 (Photo: Archive JDV)

« La santé des Montréalais est une priorité pour nous, c’est pourquoi nous comptons agir immédiatement en créant un Observatoire du bruit qui sera situé dans Ahuntsic-Cartierville », avait soutenu Mme Plante.

En octobre dernier, abordant le délicat dossier des nuisances sonores causées par les avions, la mairesse d’Ahuntsic-Cartierville Émilie Thuillier – qui siège au Comité consultatif sur le climat sonore, mis sur pied par Aéroports de Montréal (ADM), comme représentante de la Ville et porte-parole des résidants concernés par le problème –, indiquait qu’elle n’avait pas d’annonce à faire à ce sujet en ce moment. Toutefois, elle constatait :

« Il y a une belle ouverture à la Ville pour faire avancer le projet de l’Observatoire sur le bruit. L’objectif, poursuit-elle, est de mettre sur place un observatoire qui soit indépendant ».

Jusqu’à présent, le projet est toujours « à l’étude », et le bruit continue.

 

Ce texte a été publié une première fois dans notre Mag Papier d’Été 2019.



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