Les conséquences des inondations du 9 août ont accaparé au moins la moitié de la trentaine d’interventions du public lors du conseil d’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville du 9 septembre.
Comme le JDV l’a rappelé récemment, Montréal a reçu 154 mm d’eau en quelques heures, résidus de la tempête Debby, second ouragan de la saison 2024 qui a frappé l’Atlantique Nord. Les citoyens qui se sont succédé au micro ont décrit les difficultés qu’ils vivent depuis un mois.
Emilie Thuillier, la mairesse de l’arrondissement, a d’emblée prévenu que ce que les gens ont vécu cet été est l’une des conséquences des changements climatiques, les pluies intenses.
«C’est un événement extraordinaire comme nous n’en avons jamais vécu, mais que nous allons peut-être revivre.»
Il faut dorénavant penser à se prémunir, autant les institutions que les particuliers.
«Il faut protéger nos maisons», a-t-elle insisté.
L’arrondissement a exposé à l’entrée de la salle du conseil au 555, rue Chabanel Ouest, «la carte cuvettes». Elle montre les points bas d’Ahuntsic-Cartierville, les lieux où le risque d’inondation en cas de pluies intenses est le plus probable. Beaucoup de points bleus sur ce document pointant là où l’eau peut s’accumuler très vite.
Le conseil d’arrondissement en bref
Haro sur l’insalubrité
La brigade de salubrité mise en place dans l’arrondissement en 2023 pour vérifier l’état des logements à Ahuntsic-Cartierville poursuivra son travail en 2024, et ce, jusqu’au printemps 2025. Un nouveau financement de près de 70 000 $ a été accordé aux organismes Comité logement Ahuntsic-Cartierville (CLAC) et Prévention du crime Ahuntsic-Cartierville (PCAC). Ils recevront respectivement 34 928 $ et 34 928 $.
Ces brigades composées de deux intervenants de PCAC et un représentant du CLAC arpentent les rues de l’arrondissement et vont frapper aux portes des résidents des immeubles de six logements et plus. Ils observent ainsi l’état des demeures. Les visites se faisaient le long d’un parcours préétabli par l’arrondissement alors que des secteurs problématiques sont déjà connus. Ce travail de proximité permet d’avoir une vision plus précise de l’état de l’insalubrité dans les quartiers.
L’arrondissement attrapé sur les cinq mètres
L’arrondissement percevait des redevances sur 42 places de stationnement tarifé, situées à moins de cinq mètres des intersections. Il «enfreignait» ainsi l’article 386.4 du Code de la sécurité routière qui stipule qu’il est interdit de stationner à moins de cinq mètres d’une intersection ou d’un passage piétonnier. Situation cocasse alors que l’administration locale déploie ce printemps beaucoup de moyens pour prévenir et interdire le stationnement à ces emplacements.
Lors du dernier conseil, la place numérotée AC371, située sur l’avenue Sacré-Cœur, entre la rue Fleury Est et la rue Sauriol Est, devait être ajoutée à la liste des places tarifées déjà retirées après un règlement voté en juin.
Plus de place pour les vélos
On devrait assister à un blitz d’aménagements d’une quinzaine de nouvelles pistes cyclables dans l’arrondissement. Le 30 septembre, une consultation publique en ligne permettra d’en savoir plus ces voies pour vélos à venir sur plusieurs rues d’Ahuntsic-Cartierville.
L’arrondissement veut se conformer à son Plan local de déplacement (PLC), mais ces pistes offrent aussi des axes cyclables continus dans les directions est-ouest et nord-sud sur lesquels devraient se trouver des écoles, des parcs, des commerces «ou tout autre générateur de déplacements».
Un autre demi-tour interdit sur Papineau
Le demi-tour sera interdit sur l’avenue Papineau à l’approche de la rue Fleury Est, à la hauteur de la station-service Ultramar. Ce demi-tour occasionnait un mouvement supplémentaire sur cette importante intersection occasionnant des risques d’accident.
Effie Giannou absente
La conseillère de Ville de Bordeaux-Cartierville était absente à ce conseil. La mairesse a indiqué dès le début de la séance qu’elle était malade et lui souhaitait un prompt rétablissement.
Mohamed Sarré est venu dire qu’il a été inondé deux années de suite et que sa maison n’était plus assurable pour ce genre d’inondation. Alors qu’il a consenti des travaux pour 70 000 dollars, il a eu quatre pieds d’eau [environ 1,20 m] dans son sous-sol lors de ces intempéries.
«Nous voulons des solutions sur la rue de Reims», a-t-il défendu en anglais.
Les élus ont beaucoup insisté pour orienter les citoyens vers RénoPlex, le programme d’aide de la Ville pour les rénovations des résidences. Le volet 5 sert à financer des travaux pour des bâtiments face aux inondations.
Faire face
Pour la mairesse, la Ville s’occupe de rénover les réseaux d’égout et d’aqueduc; elle construit des bassins de rétention; elle crée des rues et des parcs éponges. Les particuliers doivent aussi faire leur part pour renforcer la protection de leurs habitations.
«J’ai tout fait. J’ai un toit qui draine l’eau vers mon jardin, j’ai fait des bassins de captation, j’ai posé des clapets antiretour, et malgré cela j’ai eu cinq pieds d’eau [environ 1,50 m]», a énuméré Youcef Mazouz. Il a dû faire tourner trois pompes le jour de l’inondation pour dégager l’eau qui avait envahi son sous-sol.
«J’ai tout perdu. Mes souvenirs, mes photos de mariage», a-t-il déploré.
M. Mazouz a également mis en avant la question des garages en sous-sol. Il est prêt à se passer du sien et mettre l’entrée charretière de son habitation au niveau de la rue si on lui accorde le droit de la garder.
«Il y a trop de pistes cyclables autour de nous. Nous avons besoin de place pour stationner», a-t-il dit.
Angeline Fiorda a livré quant à elle un véritable plaidoyer au nom de ses voisins sur la rue Clark. Cette rue a connu d’importants travaux d’infrastructures il y a deux ans, mais qui ne concernaient pas les égouts.
«Tous mes voisins ont des clapets antiretour, des “drains français”. Il y a des résidences plus modernes qui ont été tout de même inondées.»
Elle a rappelé que certaines résidences ne sont plus assurables pour ce type de sinistre. Alors que la Ville a connu d’importantes inondations en 1987, rien n’a été fait pour éviter la catastrophe.
«Ni le gouvernement du Québec ni la mairesse [de Montréal ] Valérie Plante — ce qu’elle aurait dû faire — n’ont déclaré l’état d’urgence», a-t-elle martelé.
«Le premier ministre l’a dit en conférence de presse, que le gouvernement aiderait les gens qui avaient été inondés à cause des refoulements d’égouts et par la suite [il s’est rétracté]. Nous [les élus] nous sommes vraiment déçus. On aurait souhaité avoir l’aide du gouvernement et on aurait souhaité avoir l’état d’urgence», a répondu la mairesse.
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