On apprenait il y a quelques mois que le ministère de l’Éducation et le Fonds de solidarité FTQ se disaient disposés à prêter main forte au Centre d’intégration scolaire (CIS), «l’école de la dernière chance», dans Rosemont. Cet établissement, pour des jeunes de 8 à 18 ans ayant de grandes difficultés de comportement doit se reloger, ses bâtiments allant être repris par la CSDM, qui en est propriétaire. Journaldesvoisins.com a cherché à savoir si une telle aide pouvait également être envisagée pour l’École Félix-Antoine, d’Ahuntsic-Cartierville.

Située dans notre arrondissement, l’École Félix-Antoine accueille des décrocheurs adultes. Elle aussi voit son existence sérieusement menacée depuis une nouvelle hausse de son loyer l’an dernier par la CSDM.

L’aide apportée par le Fonds de solidarité FTQ s’inscrit dans le cadre d’une série d’investissements annoncé par celui-ci en 2016 et qui prévoit notamment le déploiement de 400 M$ pour financer des infrastructures immobilières à vocation socio-économique telle que des écoles, des résidences pour étudiants, des bibliothèques et des complexes sportifs.

«Ces projets-là seront développés en partenariat avec les villes, les commissions scolaires, les gouvernements. Potentiellement des OSBL. (…) L’investissement est assumé par le Fonds immobilier de solidarité FTQ et par un promoteur privé local qui sont propriétaires de l’actif et qui louent l’immeuble au partenaire, soit la commission scolaire, ou la ville ou le gouvernement. C’est donc un peu de la construction et de la location sur-mesure d’infrastructures socio-économiques», a expliqué en entrevue au journaldesvoisins.com, Patrick McQuilken, porte-parole du Fonds de solidarité FTQ.

Fonctionnement du financement

Les organismes intéressés à profiter de ce type d’investissements doivent contacter le Fonds immobilier de solidarité FTQ pour s’informer de l’admissibilité de leur projet et pour que leur dossier soit analysé, le cas échéant. Aussi, ce financement n’a-t-il rien à voir avec une subvention allouée, les organismes admissibles étant appelés à payer un loyer.

«Il faut garder en tête qu’on cherche à développer de nouvelles infrastructures avec ce partenariat. Le Fonds immobilier en demeurera propriétaire et un loyer sera chargé parce que c’est l’organisme qui en devient locataire. Le Fonds s’occupe de maintenir l’immeuble en bon état, tandis que les employés du partenaire sont responsables d’en assurer l’entretien quotidien», a détaillé M. McQuilken, en notant que dans le cas du CIS, celui-ci rejoint «les valeurs d’inclusion et d’employabilité» qui sont celles du Fonds de solidarité FTQ.

L’École Félix-Antoine admissible ?

Fondée en 1996, l’École Félix-Antoine ne dispose d’aucun revenu autre que les dons de particuliers ou d’organismes qui l’aident à payer son loyer et le papier nécessaire aux cours. Tous les enseignants de l’établissement sont des bénévoles, qui consacrent entre trois et six heures par semaine à leurs élèves. Présentement, la situation de l’école est de plus en plus difficile puisque son loyer a été augmenté de 21000$ à 38000$ en l’espace de deux ans.

Si, aux fins de cet article, le Fonds de solidarité FTQ ne pouvait se prononcer sur l’hypothétique admissibilité de l’École Félix-Antoine à son programme, le dépôt et l’étude des projets au cas par cas étant bien évidemment un préalable, journaldesvoisins.com a contacté Denise Mayano, directrice de cette école, pour savoir ce qu’elle en pensait.

«C’est sûr que j’aimerais bien que le Fonds puisse contribuer à la vie de l’école. Maintenant, en ce qui concerne les infrastructures immobilières, nous sommes locataires de la CSDM. Donc nous ne pouvons pas jouer sur la construction ou la rénovation des bâtiments. Est-ce que le Fonds ne veut s’impliquer qu’à ce niveau ? Ou bien est-ce qu’il serait intéressé à nous aider pour soit la location ou la vie générale de l’école? Je ne sais pas. C’est une excellente question et on pourrait peut-être faire appel à eux, effectivement», a fait valoir Mme Mayano, en soulignant que l’engagement du Fonds de solidarité FTQ auprès de la CIS donnait justement «une bonne idée de sa vision éducative».

Des situations distinctes

Si, vu de l’extérieur les situations du CIS et de l’École Félix-Antoine peuvent sembler similaires, Mme Mayano précise toutefois que ce n’est pas le cas.

«La mission du CIS n’est pas la même que la nôtre pour un volet très important: il s’adresse à des élèves de moins de 18 ans. C’est là que le bât blesse puisque nos élèves sont des adultes, et que la loi est dans ce cas très différente», a fait valoir la directrice.

«Avant 18 ans, la loi sur l’instruction publique et celle sur l’enseignement privé, permettent aux élèves de recevoir une subvention gouvernementale récurrente pour l’éducation. Les élèves âgés de plus de 18 ans, doivent aller dans un centre d’éducation des adultes régi par une commission scolaire, et ils reçoivent alors une allocation. Or, nous sommes une école pour les gens qui ne réussissent pas dans un centre traditionnel (…) Notre statut juridique étant celui d’un établissement privé, nos élèves adultes ne sont donc pas admissibles à une subvention gouvernementale», a poursuivi la directrice.

Denise Mayano souligne par ailleurs que contrairement à ceux du CIS, les élèves de son établissement n’ont pas de troubles du comportement, et que leur décrochage antérieur est généralement dû à «des difficultés scolaires ou des contingences de la vie».

«C’est donc un peu différent comme vocation», a-t-elle relevé.

En attente du ministère

Au regard de l’aide apportée au CIS, la directrice de l’École Félix-Antoine s’est dite sensible à l’idée de contacter le Fonds de solidarité FTQ , qui avait d’ailleurs déjà été approché par son école il y a une dizaine d’années.

En attendant, d’autres solutions sont également explorées.

«Actuellement, nous sommes en pourparlers importants avec le ministère de l’Éducation pour voir ce qu’il peut faire. Nous attendons des réponses de façon incessante. Pour remédier à notre situation, cela nous prendrait un bailleur de fonds récurrent», a estimé Denise Mayano.

Rappelons qu’en un peu plus de deux décennies d’existence, l’École Félix-Antoine qui dispense 25 heures d’enseignement hebdomadaire à ses élèves adultes, a permis à une centaine d’entre eux de décrocher un diplôme d’études secondaires, et à près de 300 étudiants de compléter les préalables.

La photo de «la une» est tirée du site Web de l’École Félix-Antoine.



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