Montréal est l’une des rares grandes villes en Amérique du Nord doté d’un aéroport international situé en pleine ville. Cette réalité entraîne un risque d’accident aérien en zone densément peuplée.
Journaldesvoisins.com a répertorié une quinzaine de tragédies aériennes impliquant un écrasement de gros porteur en zone habitée, en pleine ville ou en banlieue, partout dans le monde depuis 1998. Près de 2000 personnes en ont perdu la vie, majoritairement des passagers et des équipages, mais également au sol. Ne sont pas inclus les incidents reliés aux conflits armés ou au terrorisme, comme les attaques du 11 septembre 2001, ni les écrasements survenus en mer ou en zones isolées, beaucoup plus nombreux.
Si les pays en émergence sont surreprésentés sur cette liste, quelques accidents sont aussi survenus dans les pays développés. Les plus célèbres sont l’écrasement du Concorde, dans une banlieue de Paris en juillet 2000, et celui d’un Airbus dans l’arrondissement de Queens, à New York, un mois après les événements du 11 septembre 2001. Ces seuls événements représentent 378 morts.
Montréal ne figure pas à ce triste palmarès. Par contre, de nombreuses villes connaissent toutes sortes d’incidents impliquant des morceaux d’avion projetés sur des zones habitées, et même des humains! Car certaines personnes arrivent à déjouer la sécurité des aéroports et grimpent à bord des appareils en se réfugiant dans le logement du train d’atterrissage. Ces désespérés périssent généralement de froid avant que l’avion n’atteigne sa destination et, lorsque les panneaux s’ouvrent pour libérer le train d’atterrissage au moment de la descente vers l’aéroport, leur cadavre tombe littéralement du ciel.
Un tel événement est survenu début juillet 2019. Le corps d’un passager clandestin d’un vol entre Nairobi et Londres et éjecté d’un appareil de la Kenya Airways lors de son approche vers l’aéroport de Heathrow. Il s’est écrasé dans le jardin d’une maison de Clapham, dans le sud-ouest de la capitale britannique, à un mètre d’une personne qui prenait un bain de soleil…
De tels incidents sont plus courants qu’on ne pourrait le croire, mais ne se sont pas encore produits à Montréal. Par contre, le 24 juin 2015, une citoyenne de l’arrondissement de Saint-Laurent, partie à la Fête nationale, a eu tout un choc lorsqu’elle a trouvé une roue dans la cuisine de son appartement. Il y avait un trou au plafond. Vers 2 heures du matin, lors de sa descente vers Montréal-Trudeau, un Falcon 10 de la compagnie américaine Club Jet arrivant de Cleveland, en Ohio, a effectivement perdu une de ses roues.
Le premier janvier dernier, un avion d’Air Canada Express assurant une liaison vers Bagotville perdait une de ses roues au décollage de Montréal-Trudeau. L’appareil a dû faire demi-tour. Personne n’a été blessé.
Moins de trafic
Évidemment, avec la Covid-19, l’achalandage à Montréal-Trudeau a baissé de 96,9% au deuxième trimestre de cette année, selon Aéroports de Montréal (ADM), l’OSBL qui gère les installations aéroportuaires.
Depuis plusieurs jours, la circulation a légèrement augmenté avec la reprise des activités d’Air Transat, Royal Air Maroc, Swiss et KLM, indiquait ADM lors de la publication récente de ses résultats financiers. Mais il faudra attendre des mois, peut-être des années, avant que la fréquentation revienne à la normale. Le risque d’accident diminue donc en conséquence.
« C’est certain qu’avec un aéroport situé en pleine ville, ce risque existe bel et bien, commente Antoine Bécotte, cofondateur de l’organisme Les Pollués de Montréal-Trudeau. S’il y a un écrasement, il faudra s’attendre à ce qu’il y ait des victimes au sol. Certes, les autorités aéroportuaires et aériennes sont très méticuleuses sur la sécurité, mais le risque demeure. »
M. Bécotte précise que son organisme réclame depuis longtemps un couvre-feu qui entraînerait l’arrêt du trafic aérien la nuit.
Plus il y a de mouvements d’avion, plus le risque d’accident augmente.
« Nous sommes davantage préoccupés par la pollution par le bruit, mais un crash peut arriver à tout moment », ajoute Bill Mavridis.
M. Mavridis est l’initiateur de l’application Aeroplaintes, qui enregistre les plaintes du public liées au passage des avions qui atterrissent ou décollent à Montréal-Trudeau.
La sécurité, une préoccupation
« La sûreté et la sécurité des passagers, des employés, de la collectivité et des installations à l’aéroport Montréal-Trudeau sont évidemment des priorités de tous les instants pour ADM Aéroports de Montréal, déclare Anne-Sophie Hamel, directrice des affaires corporatives et des relations médias pour ADM. Le milieu aéroportuaire est un écosystème parmi les plus contrôlés et en tant qu’autorité aéroportuaire, ADM doit souscrire à de nombreuses normes et directives. Divers acteurs travaillent en collaboration avec ADM, dont Transports Canada, Nav Canada et les transporteurs aériens ; tous partagent la même responsabilité en étant engagés à offrir un réseau de transport aérien sûr et sécuritaire. »
Mme Hamel mentionne que le système de gestion de la sécurité côté piste (SGS) implanté chez ADM permet entre autres d’établir des moyens de défense solides afin de déceler les risques avant qu’ils ne donnent lieu à des incidents. ADM a aussi mis en place un programme d’assurance qualité et révise régulièrement ses processus afin de se conformer aux exigences réglementaires, tout comme son plan de mesures d’urgence.
« Nous sommes audités par Transports Canada et rencontrons toutes les exigences », ajoute-t-elle.
La porte-parole rappelle que pour des raisons d’économies liées à la COVID-19, ADM a dû fermer une de ses pistes, la 06G-24D en avril, dont la trajectoire survole notamment le quartier d’Ahuntsic.
Selon une carte de Nav Canada, l’organisme qui contrôle le trafic aérien canadien, les zones survolées par la majeure partie du trafic transitant par Montréal-Trudeau sont les arrondissements de Saint-Laurent, Ahuntsic-Cartierville, Villeray–Saint-Michel, Montréal-Nord, Saint-Léonard, Anjou, Rivière-des-Prairies–Pointe-Aux-Trembles, l’extrémité est de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, la partie nord de Rosemont–La Petite-Patrie, le secteur ouest de Pierrefonds-Roxboro, ainsi que les villes de Dorval, Pointe-Claire, Mont-Royal, Beaconsfield, Sainte-Anne-de-Bellevue et Laval.
Tragédies aériennes récentes survenues en pleine ville
Date – Appareil – Ville – Nombre de morts (incluant les passagers, l’équipage et les victimes au sol)
22 mai 2020 – Airbus A320 – Karachi, Pakistan – 90
30 juin 2015 – Hercules C-130 de l’armée indonésienne – Medan, Indonésie – 140
3 juin 2012 – Dana Air – Lagos, Nigeria – 153
2 juin 2012 – Boeing cargo nigérien d’Allied Air Cargo – Accra, Ghana – 10
20 avril 2012 – Boeing 737 de Bhoja Air – Islamabad, Pakistan – 127
12 février 2009 – Bombardier Dash 8-Q400 de Colgan Air – Buffalo, New York – 49
10 décembre 2005 – DC-9 de la Sosoliso Airlines – Port Harcourt, Nigeria – 109
6 décembre 2005 – Hercules C-130 de l’armée iranienne – Téhéran, Iran – 110
5 septembre 2005 – Boeing 737 de Mandala Airlines – Medan, Indonésie – 149
4 mai 2002- BAC 1-11-500 de EAS Airlines – Kano, Nigeria – 148
12 novembre 2001 – Airbus A300 d’American Airlines – Queens, New York – 265
25 juillet 2000 – Concorde d’Air France – Gonesse (Paris), France – 113
17 juillet 2000 – Boeing 737-200 d’Alliance Air – Patna, Inde – 155
19 avril 2000 – Boeing 737-200 d’Air Philippines – Samal, Philippines – 131
16 février 1998 – Airbus A300-600 de China Airlines – Tayuan, Taïwan – 196
BBC News et sources diverses
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L’aéroport de Mirabel, avec une antenne du REM (lien rapide) , sera une excellente solution.
L’aéroport Montréal Trudeau doit retourner à Mirabel Trudeau. ADM est une nuisance majeure pour des milliers de citoyens vivant sous les trajectoires. C’est une préoccupation de santé publique (troubles du sommeil, hypertension, pollution de l’air affectant nos poumons, etc) alors que les nuisances sonores ont un impact sur notre corps sans que l’on s’en rende compte. Et pourtant nos zelus s’en fout!
Mirabel n’existe plus!
En effet !