La pandémie a ralenti les activités des paroisses catholiques montréalaises dans la mesure où leurs revenus se sont considérablement amoindris. Sans événements, les finances s’effondrent, et sans finances les églises risquent de s’effondrer à leur tour. Monseigneur Roger Dufresne fait état auprès du journaldesvoisins.com de la situation critique à laquelle font face les églises de l’archidiocèse de Montréal.
Selon Statistique Canada, environ un tiers des Canadiens sont des chrétiens catholiques. Il s’agit de la plus importante confession religieuse du pays.
Montréal compte à elle seule 194 paroisses réunies sous l’égide de Mgr Christian Lépine, archevêque depuis 2012. Mgr Roger Dufresne est l’un des quatre vicaires épiscopaux responsable de superviser les églises de l’archidiocèse. À lui seul, il encadre 68 paroisses dont certaines sont situées dans Ahuntsic-Cartierville. Il assure une mission d’accompagnement tant au niveau des questions liées à la pastorale qu’aux finances, ce qui fait de lui un observateur privilégié des effets de la crise sur les églises montréalaises.
Une situation de plus en plus précaire
« C’est sûr que les paroisses ne sont pas dans un état des plus florissants », annonce d’entrée de jeu le proche collaborateur de l’archevêque.
Depuis le début de la pandémie, une chute considérable des revenus de l’Eglise catholique a amené certains employés du personnel paroissial à demander la Prestation Canadienne d’Urgence (PCU) auprès du gouvernement fédéral. C’est le cas, entre autres, des prêtres de l’église de La Visitation, localisée au Sault-au-Récollet dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville.
Construite en 1750, l’Église de La Visitation est la plus ancienne église de l’île de Montréal encore ouverte au public. Les dernières subventions qui lui ont été octroyées avaient été annoncées en 2017 dans un objectif de protection du patrimoine religieux – motif exceptionnel pour lequel les pouvoirs publics interviennent auprès des églises.
Qu’elles soient ou non en mesure d’organiser des activités, les églises doivent toujours assumer de nombreuses dépenses fixes telles l’électricité ou encore les assurances.
Un système de revenus fragile
Les paroisses tirent principalement leurs revenus d’activités reposant sur la participation citoyenne. Avec la pandémie, la quête, les revenus du bingo, les locations ainsi que la dîme, ont périclité.
« S’il n’y a pas beaucoup de paroissiens à l’église, la quête est moins grosse », indique Mgr Roger Dufresne à propos des messes dominicales qui ne peuvent accueillir plus de 25 personnes.
À la suite de la mise en place des restrictions en matière de rassemblements, les salles de bingo sont pour leur part dans l’obligation de rester fermées. Il en va de même pour les locations; les locaux des paroisses ne pouvant recevoir d’événements, les recettes liées aux différentes activités qui nécessitent des location ont bien évidemment diminué.
Les revenus liés à la dîme, quant à eux, dépendent, comme l’indique Mgr Roger Dufresne, à la fois de la localisation de la paroisse et de la condition sociale des donateurs. Précisons ici que c’est aujourd’hui un système de dons dépendant de la générosité de certains paroissiens et non plus l’ancien impôt prélevé par l’Église aboli à la fin du 18e siècle.
« Un des choix sur le long terme est de fermer les églises. C’est une solution radicale qu’on ne veut pas prendre […] mais à un moment donné on ne sait pas ce qu’on va pouvoir faire », regrette le proche collaborateur de l’archevêque.
Internet pour les pratiquants
Afin de s’adapter aux restrictions imposées par la pandémie, des paroisses explorent différentes solutions technologiques.
Certaines ont mis au point le concept des messes virtuelles via Zoom, Facebook ou encore Youtube afin d’« essayer d’être en lien avec les gens ». Il est de fait également possible d’effectuer des dons en ligne.
Ces solutions ne conviennent cependant pas à tous et peinent à faire leurs preuves. De nombreux paroissiens parfois âgés ou encore démunis n’ont pas d’accès Internet ou ne maîtrisent pas suffisamment l’outil informatique pour prendre part à cette nouvelle organisation. Ce sans évoquer ceux pour qui la communion demeure essentielle.
« À La Visitation, je pense qu’ils n’ont pas de messe en ligne. Ça prend des gens capables de le faire, de l’équipement… c’est pas évident pour tout le monde », poursuit Mgr Roger Dufresne.
Des événements importants suspendus
Mariages et funérailles sont l’occasion pour de nombreuses personnes de pousser les portes d’une église.
La limite pour les rassemblements étant fixée à 25 personnes, le nombre de mariages a considérablement diminué. En revanche, pour des raisons évidentes, il n’en est pas de même pour les enterrements.
Pour exemple, en temps normal l’église de La Visitation organise entre 50 et 70 mariages par an. En 2020, la plupart ont été annulés. Pour information, le coût de l’organisation d’un mariage dans cette paroisse revient à 675 $ pour les résidants du district du Sault-au-Récollet. Un manque à gagner parmi d’autres.
Musique et religion, une histoire de longue date
Selon Mgr Roger Dufresne, beaucoup des paroisses qu’il supervise ont suspendu l’accompagnement par l’orgue et le chant durant les messes et autres célébrations.
Marc-André Doran, organiste à La Visitation depuis 1982, ne se voit plus proposer aucune rétribution de la part de l’église depuis cet été. Au journaldesvoisins.com, il déclare que son église « peine à trouver le financement pour payer des musiciens ».
« On a pas le choix, on est obligés de marcher à un régime d’austérité », déplore pour sa part le vicaire.
Ce dernier mentionne le passé commun de la religion catholique avec les différents modes d’expression artistique. Selon lui, ces suspensions ne sont pas dues à un manque de volonté, mais simplement de moyens. Il invite à prendre certaines réalités en compte :
« Je sais que les gens aiment la musique et les chants, on aime tous ça, mais il y a des priorités : le chauffage, l’électricité et les assurances. On ne peut pas donner ce qu’on n’a pas. »
Dans l’attente de jours meilleurs, certains chantres et organistes, par solidarité, ont choisi d’assurer leurs représentations à titre gracieux.
Nourrir l’espoir d’un Noël ensemble
Dans les églises, les employés s’appliquent à tenir un registre de visiteurs ainsi qu’à respecter un protocole strict de distanciation sociale.
Pour cette raison, Mgr Roger Dufresne demeure optimiste concernant la situation à venir et espère voir les fidèles se réunir à l’occasion de la prochaine messe de Noël.
« Si à Noël on pouvait avoir 250 personnes, ce serait déjà quelque chose », confie ce dernier.
Selon lui, si les églises obtenaient l’autorisation d’accueillir plus de monde, le soulagement financier que cela impliquerait permettrait de rémunérer à nouveau les musiciens.
Une chose est certaine, les églises en arrachent durant cette pandémie. Elles ont grand besoin, sinon de solutions de fond, du soutien des croyants et des sympathisants.
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Je vous remercie beaucoup pour votre article nous informant de la situation dans un quartier où j’ai quelques amis, et surtout, où j’ai joué déjà en concert, soit à l’église-de-la-Visitation. Je connais bien Marc-André Doran, également, et je trouve triste sa situation, entre autres. Je suis une musicienne privilégiée, dans la situation actuelle, étant supportée financièrement, de façon régulière, par la compagnie Canimex, le plus grand mécène pour les cordes, les pianistes, au pays, et un grand donateur pour les orchestres québécois. Je m’efforce de faire partager ma chance avec le plus possibles d’artistes, actuellement. J’ai organisé une série de 4 concerts, avec 4 pianistes, j’ai fait 7 vidéos de pièces mariales de Franz Liszt, pour l’ECDQ.tv, qui sera retransmis ce vendredi par Sel et Lumière, à l’occasion de la Vigile de la Présentation de Marie. Ce projet a fait travailler 6 personnes, juste de mon côté. Ces prières musicales ont été intégrées à des prières pour notre monde, dans le contexte que nous vivons : abus de prêtres, pauvreté accrue, COVID-19, etc. Les prières ont été composées par l’équipe de l’ECDQ, et lues par Mgr Marc Pelchat. Je pars ces jours-ci un projet de retransmission d’un solo que j’ai fait, avec l’OSS, qui pourra donner des sous aux musiciens de l’orchestre ayant joué avec moi. Si vous êtes intéressée à faire un article, merci de me contacter par téléphone, ou par le courriel ci-dessous. Je suis à Drummondville, et mes 2 garçons vivent à Montréal. Tél.: 1-819-478-7154 ; Cellulaire : 819-816-7154. Merci beaucoup de votre bienveillante attention ! Paix et joie !