La députée de l’Acadie, Christine St-Pierre, a envoyé une lettre à la ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, afin de lui demander d’accorder aux étudiants internationaux libanais qui étudient au Québec une exemption des droits de scolarité pour l’année 2020-2021, compte tenu des récents événements survenus à Beyrouth. La situation est critique pour beaucoup de ces étudiants.
Pour Georgio Bou Assi, qui étudie à temps plein en génie industriel à l’École polytechnique de Montréal, travailler le nombre maximal de 20 heures par semaine n’est pas suffisant.
« J’ai travaillé à temps partiel la session passée pour payer mon loyer et ma nourriture, explique-t-il. J’ai travaillé tout l’été dans une usine, sept jours par semaine, pour que je puisse payer mes droits de scolarité. Mais même avec tout cela, je n’y arrive pas et je n’ai plus d’emploi en raison de la COVID. »
Les enjeux sont les mêmes pour Gaëlle Ghanem, qui est également à l’École polytechnique. Actuellement, elle est obligée d’habiter chez une tante à Gatineau puisqu’elle n’a plus assez d’argent pour payer un loyer dans la métropole en plus des droits de scolarité à 11 000 $.
« Mon père n’a pas eu la possibilité de me transférer de l’argent depuis janvier, parce que la livre libanaise n’a plus assez de valeur par rapport au dollar », illustre l’étudiante à la maîtrise. « La crise économique n’a fait qu’empirer depuis. »
« Tout le monde veut quitter le Liban »
La crise économique, exacerbée par la tragédie du 4 août, rend la situation critique au Liban. Les étudiants internationaux libanais dans la province, qui sont au nombre de plus de 400 selon Christine St-Pierre, ne veulent absolument pas retourner au Liban.
« On adore le Québec, les Québécois sont hyper accueillants… Pour nous, c’est un rêve d’étudier à la Polytechnique. Quitter le Québec, ça serait très triste pour nous tous », exprime Georgio Bou Assi avec beaucoup d’émotion.
Les étudiants libanais se font du mauvais sang pour leurs amis demeurés dans leur pays d’origine. Beaucoup de gens au Liban craignent pour leur sécurité en ce moment. Le 10 septembre, un énorme incendie s’est déclenché à Beyrouth, seulement quelques semaines après l’explosion qui a fait 178 morts.
« On parle avec beaucoup de gens au Liban, et ils craignent une guerre, une crise économique encore plus grande… Tous nos amis essaient de quitter le Liban », déplore M. Bou Assi.
Une demande importante pour des centaines d’étudiants
Il est logique que Christine St-Pierre soit celle qui ait envoyé une lettre à Danielle McCann, non seulement parce qu’elle est la porte-parole de l’Opposition officielle en matière d’enseignement supérieur mais aussi parce que beaucoup de Libanais résident dans sa circonscription. En effet, plus de 7 % des Libanais au Québec résident dans Ahuntsic-Cartierville, et beaucoup habitent dans la circonscription de l’Acadie. Pour Mme St-Pierre, ce serait un geste fort de la part du gouvernement pour plusieurs raisons, qu’elle décrit dans sa lettre :
« Il s’agit d’un geste fort démontrant l’importance que le Québec accorde à la solidarité internationale, d’autant plus que le Liban, tout comme le Québec, est membre de l’Organisation internationale de la Francophonie. »
Gaëlle Ghanem, qui suit tous ses cours à partir de Gatineau présentement, souhaite simplement que le gouvernement fasse un quelconque geste pour aider les étudiants libanais.
« Même si tous [les frais] ne sont pas enlevés, un petit geste nous aiderait énormément », mentionne-t-elle.
Restez informé
en vous abonnant à notre infolettre
Vous appréciez cette publication du Journal des voisins? Nous avons besoin de vous pour continuer à produire de l’information indépendante de qualité et d’intérêt public. Toute adhésion faite au Journal des voisins donne droit à un reçu fiscal.
Nous recueillons des données pour alimenter nos bases de données. Pour plus d’informations, veuillez vous reporter à notre politique de confidentialité.
Tout commentaire sera le bienvenu et publié sous réserve de modération basée sur la Nétiquette du JDV.