Femme de mots, la journaliste, auteure et gestionnaire Lise Bissonnette a fait couler beaucoup d’encre. Forte d’un parcours de vie jalonné de défis, elle discute plus aisément politique et histoire qu’elle ne parle d’elle-même.
« Moi, je ne raconte pas souvent ma vie. Je ne ferais jamais une autobiographie», confie d’entrée de jeu l’Ahuntsicoise.
« Pour moi, c’était une majuscule! Je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire, mais, chose sûre, j’y mettrais les pieds. »
« Je n’ai pas été assez audacieuse pour y aller. Je pensais que je n’étais pas assez prête », admet Lise.
« Le Quartier latin a toujours été assez insolent. Notre rival, c’était Le Devoir. On était en guerre contre leurs critiques littéraires qu’on trouvait trop conservateurs », se souvient-elle.
Une carrière improbable
« Le seul journal qui m’intéressait, c’était Le Devoir et j’étais convaincue que je n’y entrerais jamais. Vous vous rappelez, je suis une fille d’Abitibi. Je ne viens pas d’une famille bourgeoise d’Outremont », explique Mme Bissonnette.
« Je n’étais pas dans les combats féministes, mais mon instinct a été de dire : “tu peux toujours causer!” »
« Là-bas, pour plusieurs, les péquistes personnifiaient le diable, alors je travaillais jour et nuit en étant constamment sollicitée pour la télévision, la radio… J’étais au beau milieu d’un maelström », se remémore-t-elle.
Une femme de défis
« Prendre la tête d’un journal d’une telle importance au Québec et devoir le fermer, c’est une des pires choses qu’on peut imaginer. »
« Quand on plonge, il faut fermer les yeux et dire : “j’y vais”. J’ai compris qu’il n’y a pas d’autres façons que de se dire : “au jour le jour”. »
« Chaque génération a des besoins différents et doit créer des institutions, il ne faut pas rester avec celles du 19e siècle», lance Mme Bissonnette.
« Le tourniquet c’est le fun, mais ce n’est pas là-dessus qu’on doit mesurer le succès. »
Mme Bissonnette fait rarement les choses à moitié. En plus d’avoir supervisé le chantier de la Grande Bibliothèque, elle s’est engagée à fond dans celui de sa demeure. Séduite par l’idée d’en faire une œuvre d’art, elle a confié le projet de sa restauration à l’architecte québécois de renommée internationale, Pierre Thibault.
Elle a également donné un texte à cette maison de 1811 qui en a longtemps été dépourvue en rédigeant un essai racontant son histoire.
Pour la récipiendaire de neuf doctorats honorifiques et de la Légion d’honneur du gouvernement français, la retraite n’est pas synonyme d’oisiveté. En plus d’avoir publié une thèse sur Maurice Sand, elle est aujourd’hui commentatrice à l’émission Midi Info à la radio de Radio-Canada et jusqu’au 30 janvier dernier, présidente du conseil d’administration de l’UQAM.
Chose certaine, elle apprécie avoir le temps de prendre le temps :
« Réapprendre tout ce qui nous a échappé du 19e siècle, lire, creuser, apprendre, c’est formidable».
Ce texte a d’abord été publié dans la chronique Belle rencontre de notre mag papier d’avril 2017, et mis à jour en juin 2018 par Christiane Dupont.
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Tellement intéressant, merci je ne connaissais pas son beau parcours, quelle femme.
Merci de l’intérêt que vous portez au Journal des voisins. Vous pourriez aussi lire l’article suivant: https://journaldesvoisins.com/la-justice-sociale-preoccupe-toujours-autant-lise-bissonnette/
La Rédaction