On apprenait en juillet dernier que le gouvernement du Québec avait donné son autorisation à la Corporation Internationale d’Avitaillement de Montréal (CIAM) pour mettre en œuvre son projet de construction d’un terminal d’approvisionnement de carburant aéroportuaire à Montréal-Est. De là, le carburant voyagera vers l’Ontario pour servir les besoins de l’aéroport Pearson de Toronto. Cela fait en sorte que des wagons chargés de kérosène, un carburant hautement inflammable, traverseront l’île de Montréal d’est en ouest, en longeant plusieurs secteurs habités, notamment à Ahuntsic-Cartierville. Un autre épisode du transport ferroviaire et des conséquences que craignent les riverains du territoire.
C’est près de 11 000 wagons-citernes chargés de kérosène qui partiront ainsi chaque année de ce terminal vers Toronto. De 20 à 30 wagons, chargés de 110 000 litres de kérosène chacun, partiront chaque jour. Selon les données de la CIAM, cela équivaut au transport de 830 millions à 1,1 milliard de litres de carburant transportés par année.
Ces chiffres importants soulèvent des inquiétudes chez plusieurs, considérant que les wagons chargés de carburant inflammable passeront près de secteurs résidentiels densément peuplés, tel Ahuntsic, et qu’ils représentent de possibles dangers mortels. On se rappelle trop bien la terrible explosion causée par un déraillement de train qui a fait 47 morts à Mégantic en 2013.
« J’espère que les wagons circuleront en dehors des heures d’école. Dans Ahuntsic, la voie utilisée passe à moins de 100 mètres de l’école publique… », écrivait la comédienne Salomé Corbo, visiblement inquiète, dans un tweet en juillet dernier.
Mobilisation environnement Ahuntsic-Cartierville (MEAC) aussi s’en inquiète.
« On a vu avec la tragédie du Lac Mégantic que malgré l’existence de normes, il y a des contrevenants et que les accidents surviennent », rappelle Mélanie Busby, membre du MEAC et l’une de ses porte-paroles.
Silence radio du gouvernement
Pour l’instant, aucune information n’a été transmise quant aux mesures qui seront prises pour assurer la sécurité des citoyens face à l’augmentation du nombre de wagons transportant du kérosène sur le territoire.
Jonathan Boursier, attaché politique, responsable du bureau de circonscription de Marie Montpetit, députée de Maurice-Richard et porte-parole de l’Opposition officielle en matière d’Environnement, de Lutte aux changements climatiques et d’Agriculture, nous informe que Mme Montpetit, par le biais d’une lettre transmise en juillet dernier, a demandé au ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charrette, des précisions quant aux mesures qui seront prises pour assurer la sécurité des citoyens.
À ce jour, elle n’a pas obtenu de réponse.
La Ville de Montréal a également demandé aux deux paliers de gouvernement, provincial et fédéral, des évaluations des risques associés au transport de ces hydrocarbures et des assurances au sujet de la sécurité de ce transport pour la population montréalaise. Ils sont aussi en attente de réponse à ces questions.
La sécurité est prioritaire
Le Canadien National (CN) ainsi que Transport Canada se font moins silencieux que le gouvernement. Tous deux insistent sur l’importance qu’ils accordent à la sécurité ferroviaire.
« Toutes les compagnies de chemin de fer, qu’elles soient des chemins de fer d’intérêt local, provincial ou fédéral, doivent se conformer à la Loi sur le transport des marchandises dangereuses », indique Frédérica Dupuis, conseillère principale des relations avec les médias pour Transports Canada.
Elle précise que Transports Canada inspecte les expéditeurs et les transporteurs afin de vérifier leur conformité aux règlements en vertu de cette loi.
Dans cette loi, on trouve le Règlement relatif aux trains et aux itinéraires clés. Il stipule que les compagnies ferroviaires doivent limiter la vitesse des trains de marchandises dangereuses à 80 km/h dans toutes les zones, et à 64 km/h dans les zones les plus densément peuplées et lorsque ces marchandises sont transportées dans de plus vieux wagons-citernes circulant dans des zones à risque plus élevé.
Selon la loi, les transporteurs ferroviaires doivent aussi fournir aux municipalités et aux premiers intervenants des renseignements supplémentaires sur les marchandises dangereuses en vue d’améliorer l’évaluation du risque et la planification des mesures d’urgence.
Alexandre Boulé, conseiller principal aux relations médias et affaires publiques du CN nous apprend qu’en 2019, le CN prévoit investir environ 245 M$ au Québec, incluant à Montréal, pour renforcer son réseau ferroviaire afin d’améliorer la sécurité de son service.
De nouvelles technologies seront déployées, comprenant un programme d’inspection autonome de la voie, des wagons à freinage réparti et des portails d’inspection automatisée.
Bref, les enjeux liés à la sécurité du transport ferroviaire font beaucoup parler et semblent être pris très au sérieux. Il ne reste qu’à voir ce que le gouvernement en dira.
La sécurité sera l’un des thèmes à l’ordre du jour du Sommet sur le transport ferroviaire que tiendra le ministère des Transports du Québec (MTQ) en décembre prochain à Drummondville.
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Très bon article d’un sujet « pointu » d’est en ouest.
D’un ancien montréalais.
Il n’y a a absolument rien de positif a savoir que des trains chargés de matières hautement inflammables passeront tout près des secteurs résidentiels ou la population est dense. Les citoyens de Ahuntsic ne sont pas intéressés a devenir un « Mégantic version 2« …Il y a certainement d’autre solution que de jouer avec la vie des gens…
Le Parti vert est préoccupé par cet enjeu et nous proposons la réponse suivante dans notre programme:
« … Financer le déplacement de voies ferrées et de gares de triage servant au transport des marchandises afin de les éloigner des régions densément peuplées et renforcer les règles canadiennes en matière de sécurité ferroviaire afin de doter les autorités de réglementation d’outils leur permettant de protéger les villes, les villages et les quartiers de trains transportant des matières dangereuses. »
Les montants exacts du budget associés à cet objectif seront disponibles la semaine prochaine.
https://www.greenparty.ca/fr/platform/s-attaquer-%C3%A0-l-urgence-climatique
Voilà qui est ambitieux!
Les Verts ont mon vote.
Je viens de lire cette article. Nous sommes le 3 février 2021. Y a t’il du nouveau dans ce dossier?
Lise Montpetit
Résidente Ahuntsic
Rue Joseph-Lamarche