Pina Di Pasquale, directrice du CFSE et actrice du projet de murale, aux côtés du collage des Femmes d’acier aux locaux du CFSE. (Photo: François Robert-Durand, JDV)

Une murale ornera bientôt le chalet du parc Saint-Simon-Apôtre, dans le district Saint-Simon du quartier Ahuntsic-Cartierville. Cette œuvre d’art urbain rend hommage aux nombreuses femmes immigrantes qui ont travaillé dans les usines textiles du secteur.

Les Femmes d’acier. Voici le nom donné à ces femmes immigrantes qui ont travaillé dans les usines textiles de Montréal, des années 1950 à nos jours. La murale des Femmes d’acier constitue le premier hommage à leur égard.

L’initiative revient à Me Margherita Morsella, avocate et fervente défenseuse des femmes. La murale constitue par ailleurs le quinzième projet de fresque dans l’arrondissement promu par Tandem Ahuntsic-Cartierville.

La murale des Femmes d’Acier est aussi chapeautée par le Centre des Femmes solidaires et engagées (CFSE) mais aussi par un comité mis en place pour l’occasion. La SDC du District Central et le Club de l’âge d’or Jean Cabot sont également partenaires.

L’œuvre d’art est réalisée par deux femmes artistes du Projet Tyxna, Nicole Boyce et LNK. Le Journal des voisins (JDV) vous en dit plus.

Femmes d’acier

Elles sont nos grand-mères, mères, sœurs, tantes, ou encore voisines. Les «Femmes d’acier» sont des immigrantes qui ont quitté leur pays natal pour subvenir aux besoins de leur famille et permettre à leurs enfants d’avoir une éducation. Venues d’Italie ou d’Amérique du Sud par exemple, elles se sont frottées aux réalités parfois terribles de l’immigration.

«Beaucoup de ces femmes ont désormais plus de 80 ans, d’autres sont décédées ou malades. La majorité d’entre elles ont fait de nombreux sacrifices et travaillé très fort. Elles étaient utilisées et abusées dans ces usines textiles», explique Pina di Pasquale, directrice du CFSE, au JDV.

La barrière de la langue, un retour au pays onéreux et rendu impossible, ou encore la discrimination rythmaient le quotidien des Femmes d’Acier. Résilientes, elles ont serré les dents sans se plaindre et participé à l’économie du pays malgré un salaire de misère.

Dans les années 1970, de nombreuses usines textiles affichaient en effet une maigre rémunération horaire de 4 $: un montant qui fluctuait selon la production de l’employé.

Les rares usines pourvues de syndicats de travailleurs offraient quant à elles une rémunération horaire de 9,50 $. Une possible augmentation pouvait suivre à partir de trois mois d’ancienneté dans l’usine.

Le collage, réalisé dans le cadre du projet des Femmes d’acier, comprend de nombreux artefacts du quotidien de ces femmes dans les usines textiles. (Photo: Camille Vanderschelden, JDV)

Un projet documentaire

Une vingtaine de ces femmes ont pu reconnaître leurs voisines d’atelier de confection, lors des ateliers menés par le CFSE dans le cadre du projet. En outre, elles ont échangé leur lot d’histoires avec la communauté et les artistes responsables de la murale.

Divers objets (dés à coudre, ciseaux, cartes de pointage ou encore patrons) ont fait l’objet d’une documentation photographique. Ces photographies, liées à des témoignages, ont permis la réalisation d’un collage au CFSE le 17 juin dernier.

Visible aux locaux du CFSE, situés au 1586, rue Fleury Est, ce collage monumental sert également d’inspiration aux artistes pour la réalisation de la murale.

Rendre hommage

La murale des Femmes d’acier au parc Saint-Simon-Apôtre est le premier chapitre d’une série hommage pour ces immigrantes. Me Margherita Morsella a en effet présenté le projet de murale lors d’une conférence, à l’Université de Calabre en Italie, le 29 juin dernier.

Une deuxième murale est en cours d’élaboration, centrée sur les immigrantes italiennes qui ont travaillé dans les usines textiles. Cette dernière s’invitera dans la Petite-Italie, au parc Mozart, ou sur la façade de la Casa d’Italia, rue Jean-Talon.

Me Margherita Morsella souhaite également saluer ces femmes en les faisant défiler lors d’un événement tapis rouge. Celui-ci se déroulerait au Centre Leonardo da Vinci dans l’arrondissement de Saint-Léonard, ou dans la Petite-Italie. Un documentaire sur les Femmes d’acier fait également l’objet d’une grande considération des acteurs du projet.



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