Mardi dernier, se tenait le premier conseil d’arrondissement avec la nouvelle «jeune équipe» de conseillers, «cette belle jeunesse» pour reprendre l’expression d’un habitué des réunions du conseil d’arrondissement, Gilles Larocque, et de plusieurs intervenants qui se sont avancés au micro lors de la période de questions.
Maintenant que Projet Montréal (PM) est bien en selle à l’Hôtel de ville et dans la plupart des arrondissements, reste à savoir combien de temps durera la lune de miel entre les nouveaux élus municipaux et les citoyens de la grande ville.
Et surtout ce qui attend la population de Montréal d’ici quatre ans, durée du mandat confié par les électeurs à la formation politique, alors que le 5 novembre dernier, un vent de changement soufflait sur les quartiers centraux de Montréal et en périphérie, dont notre arrondissement, emportant l’administration sortante de l’ex-ministre fédéral et maire Denis Coderre.
Projet Montréal se retrouve majoritaire à l’Hôtel de ville et dans les arrondissements, dont celui d’Ahuntsic-Cartierville. D’ailleurs,
Plus de participation ici
Malgré un certain engouement pour la chose municipale, le taux de participation s’est situé à 42,47 %, au dernier scrutin, en légère diminution par rapport à l’élection précédente de 2013, où il a légèrement dépassé les 43%. Mais dans notre arrondissement, la participation a été plus grande, atteignant les 47,18 pour cent.
Quoi qu’il en soit, malgré le fait que la Ville soit l’administration publique la plus proche des citoyens, il y a moins d’un électeur sur deux qui a exercé son droit de vote; moins qu’au provincial ou qu’au fédéral.
L’un des principaux défis de la nouvelle administration : respecter les engagements pris par Valérie Plante et son équipe, bref, ne pas «décevoir» les électeurs.
Mais la liste des «promesses» est très longue, à commencer par la gestion des chantiers de construction ou la création d’une cinquième ligne de métro, en passant par les améliorations en termes de sécurité pour les piétons et les cyclistes. Mardi soir, plusieurs citoyens «pro-vélos» sont venus rappeler aux nouveaux élus l’importance d’avoir des pistes sécurisées alors qu’un autre accident avait lieu récemment sur la piste Christophe-Colomb.
Difficile de tout arrêter
Les experts s’accordent pour dire qu’il est primordial de respecter le plan de dix ans visant le remplacement des aqueducs (ça coule encore de partout, 30% du réseau) et des égouts, on ne peut plus vieillissants. Denis Coderre avait joué franc jeu depuis un an: on en a pour dix ans encore avec beaucoup de chantiers, à cause de décennies d’insouciances ou de retards. Mais est-ce que la création d’une brigade de chantiers (d’autres fonctionnaires) sera suffisante pour calmer les gens?
Sur le plan de la sécurité publique, des corrections devront être apportées rapidement pour baisser les limites de vitesse des automobilistes; et en transport, on veut ajouter 300 autobus hybrides, une facture qui n’est pas épongée par la Ville, dans ce dernier cas.
Dans Ahuntsic-Cartierville, la nouvelle mairesse Émilie Thuillier (Projet Montréal) avait insisté en campagne pour appliquer l’approche 40-30; mais comment faire respecter une limite de 40 km/h sur le boulevard Henri-Bourassa? L’administration devra multiplier les radars et radars-photos, et ajouter une forte et coûteuse présence policière pour faire respecter la réglementation que défieront bon nombre d’automobilistes.
Vitesse réduite sur grandes artères ?
Mardi, Mme Thuillier a confié qu’il va falloir attendre la consultation et l’analyse du Plan de déplacement 2018 pour agir, bien qu’il serait facile, dit-elle, d’implanter au moins la limite de vitesse des automobilistes à 30 km/heure sur les rues résidentielles.
Mais, en réponse au journaldesvoisins.com après la rencontre, elle a avoué que ce sera plus long pour implanter le 40km/h sur des artères comme Henri-Bourassa et Papineau.
«L’échéancier sera différent pour implanter le 40 km/h, a mentionné celle qui entame un troisième mandat politique. C’est qu’il y a plus d’acteurs, la Ville, l’arrondissement, le ministère des Transports, la STM avec les autobus, les feux de circulation. Mais, implanter le 40km/h pourrait aussi se faire au niveau de la ville entière» a-t-elle confié.
La question des logements sociaux va vite s’inviter sur la place publique montréalaise; la promesse de Projet Montréal est de réaliser 12 000 logis sociaux en quatre ans (3000 mille par année pour Montréal seulement) alors que l’on en a construit 1500 par année à Montréal ces dernières années et 3000 sont prévus pour tout le Québec en 2017-2018.
Mais Ottawa vient à la rescousse des villes avec son méga-plan sur dix ans (annoncé ce mercredi) et prévoyant des milliards de dollars d’aide pour aider les gens à avoir un logement décent, un droit, tonne Ottawa. Toutefois, rien ne se fera demain matin, car le fédéral devra négocier avec le gouvernement québécois…
Même si François Saillant n’est plus là, les groupes de pression en matière de logement social sont forts actifs et vont rapidement demander des comptes à l’administration Plante-Dorais mais encore une fois, l’argent se trouve ailleurs qu’à Montréal.
Réalité du pouvoir
Comme nous l’a dit récemment la candidate défaite dans Sault-au-Récollet, Lorraine Pagé, certains électeurs risquent de déchanter avec la «réalité du pouvoir» qu’aura à assumer la nouvelle administration montréalaise.
Danielle Pilette, professeure au Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’ESG UQAM, partage cet avis, mais note aussi que Projet Montréal a beaucoup changé depuis sa création il y a 13 ans.
« Il y a un Projet Montréal historique, avec ceux et celles qui étaient là au début de sa création (avec Luc Ferrandez entre autres). Certains dirigent des arrondissements et misent beaucoup sur les services de proximité. L’autre Projet Montréal, avec beaucoup de nouveaux, semble plus pragmatique, assez populiste aussi, et ont fait confiance, entre autres, à un Benoit Dorais (maire de l’arrondissement du Sud-ouest, qui a rejoint les rangs de Projet Montréal il y a quelques mois, après avoir été élu avec Coalition Montréal il y a quatre ans) », a-t-elle poursuivi.
Pour Mme Pilette, des escarmouches sont à prévoir.
« On risque d’avoir une fracture à quelque part, une gouvernance à deux vitesses. Car il est important de connaitre la réalité du centre-ville, la richesse est là avec les gros projets », a-t-elle averti, en entrevue avec le jdv .
Tout récemment encore, le fondateur de Projet Montréal, Richard Bergeron, qui est passé ans le camp Coderre mais qui rêve à un retour avec son équipe d’origine après avoir été battu, avait mentionné qu’il ne se ferait aucun développement au centre-ville si on appliquait à la lettre le programme de Projet Montréal.
Autre son de cloche de Nathalie Goulet
Nathalie Goulet , la conseillère du district d’Ahuntsic et membre du comité exécutif (Sécurité publique), n’est pas d’accord avec ces analyses.
« Je ne crois pas. Comme j’ai dit plus tôt en soirée (mardi), j’ai repris l’expression d’une militante dans le combat de la lutte anti-pauvreté qui parlait de “rêves logiques”. Nos idées sont claires, notre programme est certes très ambitieux, mais on sait où l’on s’en va quand on parle de mobilité ou d’habitation. On a vu les gouvernements (supérieurs) répondent rapidement aux demandes de la nouvelle mairesse Valérie Plante. Les gens se sont prononcés le 5 novembre et nous serons à leur écoute, quartier par quartier, rue par rue » a promis celle qui a aussi été tout récemment la présidente de Projet Montréal.
Pour l’ancien conseiller municipal du Rassemblement des citoyens de Montréal (RCM) Pierre Lachapelle, qui a représenté le district de Fleury de 1986 à 1994, il faut souhaiter bonne chance à la nouvelle équipe, des hommes et des femmes qui ne sont pas de la génération du RCM des années 1980 et 1990.
« Il faut admettre que c’est une génération neuve, l’approche des dossiers est faite de façon différente. Je souhaite qu’ils réalisent leurs engagements. C’est pour cela que les personnes se lancent en politique » dira celui qui continuera à suivre les dossiers qui l’intéressent et à participer aux activités municipales.
Pierre Lachapelle a de nouveau tenté sa chance en politique active aux élections du 5 novembre, en se présentant sous l’étiquette Coalition Montréal, dans le district d’Ahuntsic. Il a été battu, mais a tout de même récolté 5% des voix.
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Il s’est fait certes beaucoup de nouveaux aménagements au Centre-Ville et c’est bien de continuer ce travail entamé par l’Équipe Coderre au niveau des infrastructures (rues, parcs, pistes cyclables) mais au niveau local il nous manque un projet vraiment rassembleur, structurant et tourné vers l’avenir comme l’aménagement d’un marché public d’envergure hiver-été sur le site du Loblaw axé sur le bio et l’agriculture urbaine et une plus grande implication des citoyens dans le devenir de FLO et de la Promenade Fleury.