Après avoir embelli les espaces publics, les fleurs et autres plantes décoratives vivent le même rituel chaque année. Beaucoup de végétaux doivent être retirés à l’automne. Comment faire pour qu’une telle démarche demeure écologique et économique?
Sylvia Jean, fondatrice et présidente de l’entreprise du Vert au rouge, qui a ses bureaux à Ahuntsic, s’est retrouvée au milieu d’un gros malentendu.
«Je crois que ça venait d’une bonne volonté de part et d’autre», croit-elle.
Une citoyenne, littéralement scandalisée, avait alerté l’opinion publique sur les médias sociaux après avoir vu des employés de l’entreprise Du vert au rouge enlever des palmiers décoratifs sur la Promenade Fleury.
«Ils ont carrément arraché toutes les plantes des bacs devant le Virevent pour les garrocher dans des bacs verts voués aux vidanges», avait-elle écrit.
Une dizaine de palmiers avaient été «sauvés» ce jour-là.
Alors qu’on enjambe les pots et les bacs à fleurs que les employés de l’entreprise ont récupérés les jours précédents, Mme Jean reçoit le Journal des voisins dans un bureau encombré jusqu’au plafond de… palmiers.
«On en donne aux gens qui nous les demandent quand on fait les désinstallations», indique Mme Jean. Son contremaître avait tout simplement offert ces plantes.
Depuis 13 ans qu’elle existe, l’entreprise spécialisée en horticulture, en paysagement, en décors et illumination intervient essentiellement auprès de clients institutionnels. Elle offre les plantes qui étaient dans l’espace public et qui doivent être retirées à l’automne. Toutefois, elle communique peu à ce sujet.
«Nous sommes en contact avec des organismes. À partir du moment où on enlève une plante, elle a une durée de vie. Si je sais qu’un organisme la veut, je la mets dans un sac plastique afin qu’on puisse l’arroser», indique Mme Jean.
Planter durablement
La citoyenne qui relevait le cas des palmiers pose tout de même une question essentielle: faut-il chaque année avoir des budgets pour de nouvelles plantes décoratives?
«Le grand défi ici c’est la météo. Quand le printemps arrive, c’est comme l’automne, ça se passe en deux semaines. Les gens veulent des fleurs tout de suite, pas dans cinq mois», confie Paul Lemaire, directeur des opérations de l’entreprise.
Toutefois, Du Vert au rouge plante des vivaces, qui tiennent longtemps et résistent aux températures extrêmes et reviennent d’année en année, notamment près des placettes de la Promenade Fleury.
«Mais quand on veut de la couleur, tout de suite maintenant, on est obligé de prendre des fleurs annuelles qui ne résistent pas à l’hiver», souligne-t-il.
Ce sont essentiellement ces plantes qui sont données, dans la mesure du possible. Sinon, le reste va effectivement au compostage.
«Le compost est transformé en terre que nous rachetons au printemps pour faire d’autres plantations», relève M. Lemaire.
Cependant, la démarche de l’entreprise vise la récupération et la réutilisation du plus grand nombre de plantes, le plus longtemps possible.
«On a des bacs avec toujours des vivaces dedans. On essaie de combiner les deux, des vivaces indigènes du Québec avec des annuelles. Sur la Promenade Fleury, on avait aussi des vivaces dans les tours de fleurs», précise Mme Jean.
Ces tours sont stockées dans l’entrepôt de l’entreprise à l’abri avec une hygrométrie contrôle pour une réutilisation.
«On a commencé à les planter en vivace pour que ce soit plus résistant à la chaleur et moins demandant en eau. Ensuite on les entretient et ça recommence à pousser, à fleurir», note Mme Jean.
Local et beau
L’entreprise veut développer la réutilisation des végétaux locaux.
«C’est un peu compliqué, mais on y arrive. Sur le Réseau express vélo (REV) de la rue Saint-Denis, nous avons tout planté en indigène, depuis le métro Rosemont jusqu’à la rue de Rouen», fait observer M. Lemaire.
Ce projet a valu à l’entreprise une mention dans la catégorie Paysage du monde des affaires, dans le cadre du concours d’aménagement paysager de l’Association des paysagistes professionnels du Québec.
Les bulbes sont aussi récupérés et des sacs sont pleins pour plus tard. Mme Jean exhibe aussi des cannas. Ils sont replantés année après année.
«On commence par des bulbes au début du printemps, ensuite on a les salvia, les asclépiades et autres», énumère M. Lemaire.
Mme Jean vaut aussi favoriser une conscience horticole chez le public.
«Il y a beaucoup de gens qui nous disent “je ne veux pas de fleurs parce que j’ai peur d’avoir des abeilles”. Donc il faut dire aux gens, vous allez avoir des plantes indigènes qui ne vont pas avoir l’éclat des annuelles, mais en même temps ce sont des plantes qui attirent les pollinisateurs», plaisante-t-elle.
Elle observe tout de même une demande grandissante de plantations durables qui favorisent les végétaux indigènes.
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