Rosalie Cadron-Jetté et Sophie Desmarets, toutes deux veuves et laïques, s’installent en mai 1845 dans une petite maison du faubourg Saint-Laurent à Montréal. Elles fondent l’Hospice de Sainte-Pélagie pour venir en aide aux femmes enceintes célibataires.
Cette maternité, la première en ville, comble un vide énorme. On nomme, à l’époque, «filles tombées» celles qui cherchent un refuge pour leur grossesse et leur accouchement.
À la suite de l’insistance d’Ignace Bourget, évêque de Montréal, elles prononcent, le 16 janvier 1848, des vœux simples. Rosalie prend le nom de Mère de la Nativité. Ayant pour but l’accueil des mères enceintes hors mariage et des enfants abandonnés, la Congrégation religieuse des Sœurs de Miséricorde est fondée avec l’appui du prélat.
Forte demande
Les besoins prennent rapidement de l’importance. Les Sœurs de Miséricorde se voient dans la nécessité de développer un service de crèche à partir de 1889.
En 1903, elles ouvrent une annexe de la crèche de la Maternité catholique de Montréal au Sault-au-Récollet. Elles se plient ainsi à la volonté de Monseigneur Bruchési, qui signe un bail de location de cinquante ans avec elles pour la Maison Saint-Janvier et demande aux Sœurs de la Providence de la quitter. Les nouvelles arrivantes acceptent de poursuivre, en plus de la mission de la crèche, celle de cette Maison: héberger et soigner des prêtres âgés ou malades.
Au cours des deux premières années, plus d’une centaine d’enfants provenant de la Maternité Catholique y sont admis. Une cinquantaine d’autres enfants y sont placés par leurs parents.
En 1909, la fabrique de La Visitation accepte de céder le terrain occupé par la congrégation. Les Sœurs font ériger un second bâtiment sur leur propriété afin d’offrir plus d’espace d’hébergement et de mieux séparer les clientèles en fonction de leur statut légitime ou illégitime, de leur âge, et de leur sexe. Ce nouvel édifice prend le nom de Crèche Saint-Paul.
Cartierville
La loi établissant le service de l’assistance publique est adoptée en 1921. Elle prévoit l’octroi de subventions statutaires de l’État provincial et des municipalités aux institutions privées et confessionnelles d’hébergement des indigents. Les Sœurs font l’acquisition cette même année d’une propriété de huit acres de superficie, favorablement située dans un milieu champêtre sur les bords de la rivière des Prairies à Cartierville et y déménagent leur maison mère.
Après la Seconde Guerre mondiale, on observe un changement majeur de paradigme. Le «devoir de charité» est remplacé par le «droit à l’assistance». Le rôle de l’État devient prépondérant. La Crèche Saint-Paul ferme en 1954. À partir des années 1970, les Sœurs se retirent progressivement du domaine hospitalier et des foyers d’accueil, pour ne garder que des centres de jour.
Depuis 2019, comme conséquence de la faillite d’un entrepreneur qui avait acquis l’Ensemble conventuel des Sœurs de la Miséricorde au 12 435, avenue de la Miséricorde, les bâtiments sont abandonnés.
La SHAC souhaite qu’ils soient retournés à la société civile et retrouvent une vocation digne de la mission des Sœurs de Miséricorde.
Pour en apprendre plus:
Valérie Nadon. La Maison St-Janvier du Sault-au-Récollet : deux institutions charitables et leurs relations avec l’Archevêché et l’État, 1877-1954. UQAM, 2014.
Valérie Nadon. Les Sœurs de Miséricorde à Ahuntsic-Cartierville, Au Fil d’Ahuntsic, Bordeaux et Cartierville, page 3 de la première édition, avril 2016.
Fiche de l’Ensemble conventuel des Sœurs de la Miséricorde sur Memento.
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